Long de près de 200 mètres et composé de plusieurs cylindres d'acier, le Pelamis, en référence au monstre marin de la mythologie grecque, devrait commencer à produire de l'énergie au large des côtes saint-pierroises en 2012. Patrice Galbois, président de la société Seawatt, initiatrice du projet, décrypte cette technologie nouvelle qui capte l'énergie des vagues pour produire de l'électricité. Entretien (Voir aussi par ailleurs l'article présentant le projet).
* Le projet de construction de 5 Pelamis coûtera 25 millions d'euros. Un investissement de taille pour quelles retombées ?- Certes ce projet représente beaucoup d'argent, mais nous misons sur une baisse du coût énergétique dans les années à venir, une fois que la technologie sera rôdée. À La Réunion, une étude a calculé que le temps de production d'électricité pourrait atteindre 2 000 à 3 000 heures par an avec la houle, soit près du double de celui d'une centrale photovoltaïque de même puissance. À terme, c'est une ferme houlo-motrice de 30 mégawatt qui devrait être construite d'ici 2015. Elle pourrait alimenter en électricité 20 000 foyers chaque année.
* Ce complexe de production énergétique aura un impact sur l'environnement. Ne présente-t-il pas plus d'inconvénients que d'avantages ?
- Les avantages sont nombreux, Nous les avons identifiés. Les fronts de houle sont prévisibles à 3 jours, le système ne nécessite aucune emprise foncière et les Pelamis sont conçus d'abord pour résister aux houles cycloniques et à l'environnement marin.
* Reste à savoir quel sera l'accueil du public à cette énergie du futur. Ne craignez vous pas que les pêcheurs notamment voient d'un mauvais ?il ce projet ?
- Au contraire. L'installation des Pelamis va accompagner l'activité de pêche. L'un des avantages est que le site d'implantation va fonctionner comme des DCP, dispositifs concentrateurs de poissons. Les DCP attirent et maintiennent le poisson dans une zone parfois importante. Il nous faut présenter le projet aux pêcheurs, nous nous y attèlerons dans les mois à venir.
* Et pour les baleines qui viennent dans les eaux réunionnaises en hiver austral pour donner naissance à leurs petits, ne risquent-elles pas d'être perturbées par les Pelamis ?
- Les cétacés qui transiteront par le projet pourront naviguer autour des Pelamis, de leurs structures d'amarrage, des câbles électriques. Des études sur l'impact du projet sur la faune et la flore sont en cours depuis 4 mois et se termineront en juin 2010. Nous étudions aussi l'ancrage dans les fonds marins, pour les préserver au mieux. C'est un paramètre essentiel du projet, nous sommes très vigilants sur ces points.
* Les risques de collision avec les bateaux ont également été pris en compte ?
- Il y aura une zone d'exclusion de navigation clairement marquée par des bouées cardinales sur le site, et également indiquée sur les cartes de navigation. De nuit, l'installation Seawatt sera illuminée pour la sécurité des bateaux. Et pour les plaisanciers, de jour, le site sera peu visible du rivage, il est à 2 km des côtes.
* Avec la technologie Pelamis, La Réunion peut-elle véritablement prétendre à un statut de laboratoire des énergies vertes ou ce n'est que de la poudre aux yeux ?
- Nous pouvons dire que le projet est résolument durable. Le Pelamis utilise les courants de surface pour créer de l'énergie. Il n'y a aucune utilisation, ni apport d'énergies fossiles. Il a un fonctionnement totalement autonome et il peut même stocker de l'énergie. Il exige seulement une maintenance qui va créer localement une valeur ajoutée et générer des emplois. C'est un projet qui incarne vraiment le développement durable et permet à l'île d'être un site privilégié d'incarnation des énergies renouvelables et propres.
Annabelle Ovré pour
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