"Cette affaire risque de nous péter dans les mains, si on n'arrive pas à l'arrêter..." Cette réflexion effrayée de l'un des 22 membres de la Chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR) réunis en assemblée plénière ce jeudi 13 novembre 2008 donne la dimension de l'exemple d'un "dossier pipé", comme s'est plu à le dire Paul Caro, 1er vice-président.
Ce "dossier pipé", c'est la gestion hasardeuse d'Infoport, une société par actions simplifiée (SAS) au capital initial de 145 000 euros créée en mars 2007 par la CCIR et l'ensemble des branches professionnelles portuaires, soit une bonne trentaine d'actionnaires et une coopérative. Infoport, c'est à l'origine un outil indispensable pour le Port de la Pointe des Galets permettant de concurrencer l'île Maurice mais surtout d'accélérer les temps de passage des marchandises ; d'améliorer la productivité ; de fiabiliser et de sécuriser des échanges ; enfin d'effectuer des contrôles plus ciblés.Mais voilà, ce système d'échange d'informations par voie électronique visant une plus grande transparence de l'activité portuaire vient de connaître ses premiers bugs : alors que les statuts de la SAS prévoyaient une action par actionnaire, et pas plus (en dehors de la CCIR qui s'est octroyée 8 actions, soit 12,5% du capital), éric Magamootoo, président d'Infoport, évoquait ce jeudi devant l'assemblée une "suspicion légitime" sur cette société en activité depuis un an. Motif de son courroux : l'un des actionnaires, Jean Brac de la Perrière, important acteur sur le Port, posséderait déjà 5 actions par la voie de sociétés écrans.
Et comme si cette information ne suffisait pas à déclencher les foudres des membres les plus turbulents de la Chambre, Paul Caro et Théophane Narayanin, une seconde révélation était faite au cours des débats. Elle révélait que la société mise à l'index frôlait l'état de cessation de paiements si la chambre consulaire ne mettait pas la main au portefeuille en allouant à Infoport une avance en comptes courants d'associés de 300 000 euros. C'est-à-dire une somme en pure perte pour la CCIR en cas de faillite.
Les dirigeants de la société qui a, semble-t-il, déjà digéré son capital, souhaiteraient faire supporter ces 300 000 euros à l'un des trente actionnaires de la SAS, en l'occurrence la chambre consulaire et ses adhérents.
Il n'en fallait pas plus pour renvoyer le "dossier pipé" à la prochaine assemblée plénière de la CCIR fixée au 4 décembre prochain, avec une option privilégiée, celle d'une augmentation de capital. Quant à l'option de la récupération de cet outil informatique par la chambre de commerce souhaitée par nombre des membres présents jeudi, il se révèle que la vocation "communautaire" d'Infoport ne permettrait pas un tel contrôle par un seul actionnaire, fut-il majoritaire, indique le membre de la commission Transports et opérateur sur le Port Riaz Mall).
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