Familles d'accueil en métropole

Trait d'union pour jeune expatrié

  • Publié le 3 janvier 2009 à 00:00

Depuis fin octobre, Christophe Orus, originaire de Fleurimont à Saint-Gilles les hauts, est en formation d'agent de sûreté en région parisienne. Marie-France Murcy l'a accueilli dans son foyer à Bobigny. Mère de quatre enfants, elle fait partie du réseau de familles d'accueil du conseil général. En quelques semaines à peine, les deux Réunionnais ont lié une relation chaleureuse presque familiale.

Mère et fils. Si on ne connaissait pas le lien entre Marie-France et Christophe c'est sans doute ainsi qu'on les qualifierait tellement ces deux-là ont l'air complices. Christophe vit chez Marie-France à Bobigny depuis le 24 octobre 2008. Il l'a rencontrée par le biais du conseil général. La collectivité dispose en fait depuis février 2007 d'un réseau de trente-trois familles d'accueil dans l'hexagone. Réseau qui permet d'héberger de jeunes Réunionnais en insertion professionnelle et qui répond surtout à la pénurie de logement et à la difficulté d'en trouver dans l'urgence. Mais "c'est aussi notre moyen d'humaniser la mobilité", indique Annick Paros, agent au conseil général à Paris.

Toutes ces familles ont été recrutées pour le biais des associations réunionnaises. Les autres ont postulé sur le site internet des Réunionnais du Monde via la rubrique "Devenez familles d'accueil". Et, le réseau est "incontestablement" plus important en région parisienne, "elles sont douze familles exactement en île de France", signale Annick Paros.
Marie-France, elle, ouvre son foyer à des jeunes réunionnais pour la seconde fois. "C'est la première année que je fais ça mais Christophe est le deuxième jeune que je reçois chez moi". Le conseil général lui verse pour cela 15? de défraiement par jour pour une moyenne de 450? par mois. En échange, Christophe a droit au gîte, au couvert deux fois par jour dont un petit-déjeuner et bien sûr à sa propre chambre. "Pour les règles de vie, il y a une charte et pour les à-côtés et l'organisation des week-ends, chaque famille gère comme elle le souhaite. Elle peut demander une participation du jeune", note l'employée du conseil général. Cet hébergement "familial" a permis à Christophe de suivre ses formations à Villepinte puis à Creil pour devenir agent de sûreté.

Et autant dire qu'à Bobigny, le jeune Saint-Paulois de 24 ans n'est pas complètement dépaysé. L'appartement de Marie-France est rempli de souvenirs de La Réunion. Sur les étagères du salon et de la chambre, des poupées créoles, des vieilles cassettes de l'humoriste Thierry Jardinot, mais aussi des livres et des cartes de l'île s'entassent. Il y a également cet épicier installé dans le grand centre commercial de Bobigny à deux pas chez lui. Une vraie caverne d'Ali baba pour qui veut cuisiner créole. On y trouve entre autres Safran, nems, massalé, et même des letchis. Il arrive aussi parfois que la fille de Marie-France ramène des kilos de morue. Alors forcément, à côté des autres pâtes, tartiflettes, quiches, il y a bien sûr des caris chez Marie-France. La marmite à riz est d'ailleurs en bonne place dans sa cuisine.
Toujours à portée de main.

Le jeune saint-paulois est donc parfaitement conscient d'être un peu privilégié par rapport aux autres "collègues" de sa formation. "Ils sont dans un foyer au fin fond de la campagne, c'est à Senlis dans l'Oise !" Et, " le midi, en général, Christophe ramène son déjeuner et quand ce sont des caris, il fait des jaloux", raconte avec le sourire Marie-France sous le regard approbateur de Christophe.

Les deux complices ont un autre point commun que la Réunion. Marie-France a elle aussi connu la mobilité. "Je suis arrivée par le Bumidom en 76, raconte la mère de famille âgée de cinquante ans. Le Bumidom c'était l'équivalent de l'ANT à l'époque. Il a été créé par Michel Debré. J'habitais Bellepierre à Saint-Denis et j'ai été accueilli dans un centre d'adaptation pour Réunionnais, Antillais, Guadeloupéen en 76 basé à Crouy-sur-Ourcq en Seine et Marne. On devait être une centaine. Il y avait des bus qui venaient nous chercher à l'aéroport. C'était un 14 décembre et j'avais 19 ans".

Marie-France n'est jamais repartie vivre à La Réunion depuis. Elle a d'abord commencé à travailler en tant que cuisinière chez le préfet de Seine Saint-Denis. "C'était chez Vieillecase, un ancien préfet de la Réunion", précise-t-elle. Aujourd'hui, après plusieurs formations, elle est comptable au conseil général de Bobigny. "Je n'ai jamais galéré et je n'ai pas connu le chômage", note t-elle rétrospectivement. Et c'est précisément le chômage que Christophe a fui en quittant La Réunion. "J'étais intérimaire avant de venir ici, confie le jeune Réunionnais. Puis, j'ai déposé des candidatures un peu partout et en général j'attendais deux mois pour obtenir une réponse .... Du moins quand il y en avait une. Je suis venu à Paris parce qu'il y avait une proposition d'embauche derrière !"

Titulaire d'un diplôme de maintenance et après un premier séjour en métropole en 2003, Christophe espère bien travailler un jour à l'aéroport de Roissy ou d'Orly. Il n'a d'ailleurs pas l'intention de repartir à La Réunion "maintenant". Il projette plutôt de faire venir sa copine en métropole et espère surtout décrocher un job. En attendant il poursuit sa formation et se prépare à un stage. Tout son parcours métropolitain est suivi de près par le Cnarm. Car, tout comme le conseil général, le comité national d'accueil et d'actions pour les Réunionnais en mobilité mise sur une mobilité réussie qu'elle soit de courte durée ou définitive.
guest
0 Commentaires