Pour éviter une "faillite" de la France, le Premier ministre François Fillon a annoncé ce lundi 7 novembre 2011 un nouveau plan de rigueur de 7 milliards d'euros, note l'agence France presse (AFP). Parmi les mesures phares de ce plan se trouvent une accélération de la réforme des retraites, une contribution temporaire des grandes entreprises et un énième coup de rabot sur les niches fiscales. Ces mesures ont déclenché la colère du parti communiste réunionnais. Il affirme que "Nicolas Sarkozy et l'UMP se moquent du monde". Gilbert Annette pour la fédération locale du PS souligne, en substance, que "une fois de plus, les couches les plus défavorisées de la population vont payer". Même réaction pour la CGTR, qui par la voix de Jacques Bhugon, secrétaire confédéral pour la région nord, souligne "une fois de plus ce sont les travailleurs, et même les plus pauvres d'entre eux, qui vont massivement faire les frais de ce plan de rigueur".
Parmi ces mesures phare figure une hausse ciblée du taux réduit de la TVA porté de 5,5% à 7%, à l'exclusion de l'alimentation, de l'énergie et des services destinés aux handicapés. Cette mesure concernera en particulier le taux réduit dans la restauration, ramené de 19,6% à 5,5% le 1er juillet 2009 et érigé en symbole du quinquennat de Nicolas Sarkozy et les travaux de rénovation dans le bâtiment." La hausse de la TVA va directement être répercutée sur les consommateurs. Ce gouvernement est fidèle à lui-même, ce sont une fois de plus les plus pauvres qui vont le plus payer" commente Jacques Bhugon.François Fillon a aussi annoncé que le calendrier de la réforme des retraites de 2010 sera resserré. L'âge légal de départ à la retraite interviendra en 2017 et non en 2018 comme le prévoyait initialement la réforme. Cette mesure représentera une économie de quelque 200 millions en 2012, selon le Premier ministre, et un peu plus de 4,4 milliards d'ici à 2016.
"Le mot de faillite n'est plus un mot abstrait", a averti le Premier ministre. Pour lui il est désormais urgent de "sortir de la spirale dangereuse" de "la stagnation, de l'endettement et de la sous-compétitivité" cite l'AFP. L'effort supplémentaire prévu par ce deuxième plan de rigueur en moins de trois mois représentera 7 milliards d'euros dès 2012 et 17,4 milliards sur la période 2012-2016.
"Une majoration temporaire de 5% de l'impôt sur les sociétés frappera en 2012 et 2013 les grandes entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse 250 millions d'euros" a aussi été annoncée, souligne l'AFP. En 2010, un plan "d'extrême rigueur" prévoyant "une réduction des dépenses publiques de 100 milliards sur la période 2010-2013" avait déjà été mis en place, le parti communiste réunionnais. Le déficit a continué à s'aggraver et "le gouvernement est obligé de voter de nouvelles mesures" remarque le PCR. "Les propositions annoncées ce jour, interviennent donc à peine deux mois après le vote de ce plan. La population va encore souffrir. À La Réunion, où l'économie est en récession et où 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, aucun espoir de redressement n'est permis" affirme-t-il.
Les niches fiscales seront de nouveau rabotées avec la suppression du dispositif Scellier, mis en place en 2009 pour relancer la construction de logements neufs. Il devait initialement cesser à la fin de 2012, mais avait été prolongé.
À noter que le budget 2012 est profondément remanié avant même d'avoir été adopté définitivement par le Parlement, "un fait rarissime" souligne l'agence France presse. Le gouvernement, selon le Premier ministre, a retenu trois principes: une programmation sur trois années, "ne pas casser les moteurs de la reprise économique", et un dispositif qui se veut "équitable" et faisant porter "l'essentiel" de l'effort sur les Français les plus aisés et les grandes entreprises.
Pierre Moscovici, proche de François Hollande, le candidat socialiste à la présidentielle, a déjà dénoncé à ce propos une "aberration".
Quelques mesures symboliques ont été également annoncées, comme le gel du salaire du président de la République et des ministres jusqu'au retour à "l'équilibre strict" des finances publiques ou un appel aux dirigeants des grandes entreprises, en particulier du Cac 40, à faire de même. Au total, les dépenses de l'Etat seront réduites de 500 millions d'euros supplémentaires en 2012. Ce qui pour le PCR atteint "le sommet du ridicule quand on sait que le chef de l'État a fait plus que doubler son salaire dès son arrivée au pouvoir" et que le gouvernement va " ponctionner plus de 7 milliards supplémentaires dans la poche des Français".
Le porte-parole du PS national, Benoît Hamon, a pour sa part dénoncé "une immense opération de mystification" du Premier ministre, qui, a-t-il dit, "n'assume pas son propre bilan et le bilan de Nicolas Sarkozy".