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A Rome, les sculptures de Henry Moore dialoguent avec des pierres millénaires

  • Publié le 29 septembre 2015 à 10:24

La Rome antique fait une place à la sculpture contemporaine en accueillant, jusqu'au 10 janvier, des ?uvres du sculpteur britannique Henry Moore dans les immenses salles des anciens Thermes de Dioclétien.


Près de 1.700 ans séparent en effet les 77 ?uvres épurées, presque organiques, de Henry Moore (1898-1986) et les murs qui les entourent. Un bronze monumental repose ainsi en partie sur une mosaïque vieille de plusieurs siècles.
En collaboration avec la Tate Gallery de Londres, cette scénographie a été pensée par les deux commissaires de l'exposition, l'Italien Davide Colombo et son homologue britannique, Chris Stephens. Elle est à l'image de l'ambigüité de l??uvre de Henry Moore, ont expliqué les deux hommes en présentant l'exposition.
"Les Thermes de Dioclétien sont un lieu idéal pour exposer les ?uvres de Henry Moore, lui qui a toujours été fasciné par la sculpture grecque et romaine et par Michel-Ange", a souligné Chris Stephens.
A travers un parcours chronologique et thématique, cinq chapitres de la carrière de l'artiste sont présentés. "Cette mise en scène permet de comprendre la complexité de l'?uvre d'Henry Moore" a ajouté le commissaire britannique.
Fils d'un ingénieur des mines, Henry Moore est né et a grandi dans le Yorkshire avec ses sept frères et s?urs. Il a commencé à étudier l'art et à réaliser ses premières sculptures pendant ses études secondaires.
Mobilisé en 1917, il a été grièvement intoxiqué au gaz moutarde pendant la bataille de Cambrai, dans le nord de la France. Un épisode traumatique, dont il n'a jamais parlé mais qui l'a profondément influencé.
C'est peu après la "Grande Guerre", en 1925, qu'il a découvert Rome. Il s'intéressait alors surtout aux arts non occidentaux, mais la beauté de la Ville éternelle et sa richesse artistique ont su le convaincre et l'influencer durablement, lui qui considérait Michel-Ange comme l'un des 10 plus grands artistes de tous les temps.

- Entre guerre et paix -

La Seconde guerre mondiale a ensuite "profondément transformé Henry Moore, le poussant un temps à arrêter la sculpture pour se consacrer uniquement au dessin et à l'aquarelle", a expliqué M. Stephens.
En 1940-1941, Henry Moore a ainsi réalisé une série de dessins sur le quotidien des Londoniens pendant le Blitz, qui deviennent images de propagande.
Après la guerre, Henry Moore s'est tourné vers la figure rassurante de la mère et a produit une longue série de dessins et de sculptures autour du thème de la mère et du fils.
Cette série témoigne aussi de l'optimisme de Moore qui voulait croire en l'avènement "d'une nouvelle société établie et confiante dans l'avenir", a souligné le commissaire.
Mais la violence est toujours présente: l'une des sculptures représente ainsi une mère qui tente désespérément de repousser un enfant prêt à lui dévorer le sein. Plus loin, un bronze, à mi-chemin entre un champignon nucléaire et un crâne humain, ponctue la visite.
Pour Henry Moore, c'est l'heure des premiers succès internationaux. En 1948, il a exposé à la Biennale de Venise, où il a remporté le Grand prix de sculpture.
Toujours attaché à l'Italie, il a acheté une maison à Forte dei Marmi, à deux pas des grandes carrières de marbre de la Toscane.
L'artiste y a travaillé en particulier sur l'une de ses plus grandes ?uvres, la "silhouette au repos", sculpture monumentale en marbre travertin, désormais devant le siège de l'Unesco à Paris et dont une étude en bronze est exposée aux Thermes de Dioclétien.
L'exposition se termine par une section dédiée aux ?uvres en extérieur de Henry Moore. "La sculpture est un art pour les espaces ouverts car la lumière du jour lui est indispensable", avait coutume de dire le sculpteur.


Par Anne-Laure MONDESERT - © 2015 AFP
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