Etats-Unis

Baseball et cookies: Biden se démène pour sauver sa présidence du naufrage parlementaire

  • Publié le 30 septembre 2021 à 18:21
  • Actualisé le 30 septembre 2021 à 19:14

Il lui faut réussir le "home run", le coup gagnant des joueurs de baseball, ou sa présidence fera naufrage: Joe Biden se démène pour sauver ses grandes réformes économiques et sociales, et la solvabilité des Etats-Unis, menacées par une guerre fratricide entre démocrates.

Nous sommes le 29 septembre 2021, les Etats-Unis sont à moins de quarante-huit heures d'un "shutdown", une asphyxie financière des services fédéraux. Et le président américain est... dans un stade de baseball.

Joe Biden a sorti son plus grand sourire et sa casquette pour un match de gala entre parlementaires démocrates et républicains. Derrière l'affrontement sportif, la joute politique. Le démocrate de 78 ans serre des mains, il distribue des bâtonnets de crème glacée marqués du sceau présidentiel, il va du camp démocrate au banc républicain. On le voit aussi pendu à son téléphone, tout comme la cheffe démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, la mine grave.

Le moment est critique. Le Congrès américain doit démêler trois pelotes plus embrouillées les unes que les autres. Le plus facile -c'est dire- est d'éviter le "shutdown", ce qui pourrait être fait lors d'un vote jeudi matin.

Mais les parlementaires doivent aussi écarter le risque d'un défaut de paiement des Etats-Unis, qui menace dès le 18 octobre, ce qui implique un autre vote. Et faire passer deux monumentales réformes de Joe Biden, avec une très mince majorité pour le camp démocrate.

L'une, classique, consiste à construire des ponts, rénover des routes, développer des stations de recharge pour voitures électriques... L'autre volet est plus ambitieux. Dans un pays où, historiquement, affronter les aléas de la vie est une affaire individuelle et un souci de philanthrope, le président veut engager des milliers de milliards de dollars pour refonder le système de prestations sociales.

L'opposition républicaine, en ordre de bataille pour les législatives de 2022, et qui se transforme en machine de guerre pour une candidature de Donald Trump à la présidentielle de 2024, ne lâche rien.

- "Home run" -

Quelques élus conservateurs veulent bien payer pour les infrastructures. Mais que les démocrates, écartelés entre progressistes et centristes, se débrouillent pour voter sur les limites à l'endettement américain - la fameuse échéance du 18 octobre - et sur les projets présidentiels.

Joe Biden, face à cette guerre fratricide entre partisans d'une révolution du système social américain, et tenants de la précaution budgétaire, est enfin descendu dans l'arène, lui à qui certains parlementaires reprochaient de ne pas s'impliquer assez.

Il reçoit des élus démocrates dans le Bureau ovale, leur offre des cookies - frappés aussi du sceau présidentiel, car la Maison Blanche elle-même n'échappe pas à la passion américaine du produit dérivé.

Ce président à la bonhomie affichée a été sénateur pendant des décennies et peu connaissent aussi bien que lui le jeu parlementaire. Mais la politique telle que Joe Biden l'a pratiquée existe-t-elle encore, quand Donald Trump a creusé les clivages? Quand les parlementaires ont compris quelle chambre de résonance leur offrent les réseaux sociaux?

Mercredi, en pleines réjouissances sportives, le sénateur démocrate Joe Manchin, très hostile aux grands projets d'Etat-providence du président, a diffusé sur Twitter un communiqué assassin parlant "d'inconscience budgétaire".

La porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki tente comme elle peut de détendre l'atmosphère lors de conférences de presse quotidiennes de plus en plus tendues.

Mercredi, elle a comparé les soubresauts parlementaires à "une série télévisée". Jen Psaki a ainsi espéré que tout finisse bien comme dans la célèbre production "A la Maison Blanche" ("The West Wing" en version originale), mettant en scène un président charismatique entouré d'un staff dévoué.

La porte-parole a toutefois blagué sur le fait que tout pourrait mal tourner comme dans une autre série politique encensée par la critique, "Veep". Cette création, autour d'une vice-présidente aussi arriviste que grossière, est une satire féroce.

Et le match de baseball? Les républicains ont gagné, grâce entre autres à un spectaculaire "home run", un coup presque parfait, de Greg Steube, représentant de l'Etat de Floride. Il était coiffé d'une casquette rouge "Save America", portant la signature de Donald Trump.

AFP

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