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Benghalem et une filière jihadiste vers la Syrie jugés à Paris

  • Publié le 1 décembre 2015 à 23:03

Le procès d'une filière d'acheminement de jihadistes vers la Syrie s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Paris, en l'absence du principal prévenu, Salim Benghalem, en fuite.


L'audience s'est ouverte vers 16H30, avec trois heures de retard en raison d'un problème d'extraction de prison de l'un des prévenus.
Il s'agit du premier procès de jihadistes présumés depuis les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Paris. Contexte qui risque de peser sur la "sérénité" des débats, a estimé avant l'audience l'un des avocats de la défense, Xavier Nogueras.
Inscrit sur la liste des jihadistes recherchés par les Etats-Unis, Salim Benghalem 35 ans, sous le coup d'un mandat d'arrêt international, est considéré comme l'un des bourreaux de l'organisation Etat islamique (EI).
Il a fréquenté le groupe des Buttes-Chaumont, et y a rencontré les futurs assassins de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher, les frères Kouachi et Amédy Coulibaly.
Il a été avec Mehdi Nemmouche, le tireur présumé du Musée juif de Bruxelles, un des geôliers des quatre journalistes français libérés en avril 2014 après avoir passé dix mois comme otages en Syrie. Selon le journal Le Monde, il a été ciblé le 8 octobre par un bombardement de l'armée française à Raqqa, le fief de l'EI en Syrie.
Installé en Syrie depuis le printemps 2013, Benghalem est poursuivi pour son rôle central dans l'acheminement de jihadistes depuis la France.
Déjà condamné à cinq reprises, dans des affaires de stupéfiants, de violences, mais aussi à onze ans de prison pour tentative de meurtre, il se trouve en état de récidive légale et encourt 20 ans de prison, le double des six autres prévenus.
- Mourir en martyr ou faire un attentat -
Tous sont poursuivis pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. L'un n'a jamais mis les pieds en Syrie. Accusé d'être un recruteur, il s'est défendu d'avoir convaincu qui que ce soit de faire le voyage que lui-même n'entendait pas faire.
Il avait des liens avec Mohamed Achamlane, chef du groupe islamiste Forsane Alizza, condamné en juillet à neuf ans de prison.
Ceux qui y sont allés ont connu des fortunes diverses. L'un y serait resté environ un an et demi, période durant laquelle, avec le Front Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda), puis l'EIIL (Etat islamique en Irak et au Levant, devenu par la suite l'EI), il est accusé d'avoir combattu et recruté des jihadistes, dont quatre de ses coprévenus, ce dont il se défend.
Au téléphone, il s'était plaint que les "frères" qui l'ont rejoint soient partis "sans rien faire", "c'est pas le Club Med ici!". Si l'accusation lui prête un rôle central, lui refuse d'endosser celui de recruteur.
Comme d'autres dans cette affaire, ce prévenu a affirmé être parti pour aider, faire de l'humanitaire et non prendre les armes, explication fréquente dans ce type de dossiers.
Les autres membres présumés de cette filière du Val-de-Marne sont restés entre dix jours et deux mois en Syrie.
L'un, qui a combattu, soutient qu'il l'a fait contre son gré. Sans expérience, il dit avoir fait en sorte de ne pas se retrouver en première ligne et s'être caché dans une maison. Effrayé par les bombardements, il n'avait jusqu'alors pas mesuré le danger.
Certains des prévenus ont expliqué leur départ pour la Syrie par des difficultés personnelles et professionnelles en France. L'un a également invoqué les discriminations religieuses que lui et son épouse ressentaient. Mais ce qu'il a trouvé sur place ne correspondait pas aux promesses qui lui avaient été faites.
Le plupart des mis en cause se sont explicitement défendus de représenter un danger pour la France.
En revanche, Salim Benghalem, lui, voulait mourir en martyr et ne voulait pas revenir dans l'Hexagone, selon des propos qui lui ont été prêtés dans son entourage. Ou alors, pour commettre un attentat.
Le procès se tient jusqu'au 7 décembre.

Par Emmanuel DUPARCQ - © 2015 AFP
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