Conflit israélo-palestinien

Blinken en Israël pour discuter d'une trêve à Gaza

  • Publié le 7 février 2024 à 07:25
  • Actualisé le 7 février 2024 à 07:46

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontre mercredi les dirigeants israéliens pour favoriser un nouvel accord de trêve, incluant la libération d'otages, à l'heure où la guerre Israël-Hamas entre dans son cinquième mois.

Cinquième mois et déjà une cinquième tournée au Moyen-Orient pour le secrétaire d'Etat américain, qui s'est rendu mardi en Egypte et au Qatar, deux pays au coeur des efforts de médiation, avant d'atterrir tard en soirée à Tel-Aviv.

Or le Hamas a confirmé mardi avoir remis sa réponse, sans la détailler, aux médiateurs égyptiens et qataris à une proposition de trêve formulée fin janvier à Paris par des responsables américains, qataris et égyptiens.

Selon un responsable américain requérant l'anonymat, Antony Blinken a été informé mardi de la réponse du Hamas par l'émir du Qatar au tout début de leur entretien à Doha.

Une source du mouvement palestinien a affirmé que le projet en trois phases prévoyait notamment une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus par le Hamas, et de plus d'aide humanitaire à Gaza.

Le Premier ministre qatari Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani s'est dit "optimiste" d'en arriver à une trêve, en qualifiant de "globalement positive" la réponse du Hamas qui contient "quelques commentaires".

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé que la réponse du Hamas avait bien été "transmise par le médiateur qatari au Mossad", les services de renseignement extérieurs israéliens.

"Les détails sont examinés attentivement par les responsables impliqués dans les négociations", ont ajouté les services de M. Netanyahu, qui doit s'entretenir avec M. Blinken quatre mois jour pour jour après le début de la guerre.

Celle-ci a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent en Israël de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israélienne.

En riposte, Israël a juré de "détruire" ce mouvement islamiste au pouvoir à Gaza et a lancé une offensive qui a fait 27.585 morts dans le territoire palestinien, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

- Craintes pour Rafah -

Alors que l'avion du Secrétaire d'Etat américain se posait à Tel-Aviv, des bombardements et les combats se poursivaient à moins d'une centaine de kilomètres au sud, dans les villes gazaouies de Khan Younès et Rafah, selon des témoins.

Depuis le début de la guerre, des quartiers entiers ont été détruits par les bombardements israéliens et 1,7 million de personnes ont été déplacées sur les quelque 2,4 millions d'habitants du petit territoire.

Plus de 1,3 million de déplacés s'entassent désormais dans des conditions désespérées à Rafah, cinq fois la population initiale de cette ville adossée à la frontière fermée avec l'Egypte, selon l'ONU.

Or cette ville pourrait être le prochain objectif d'Israël. Lundi, le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui doit aussi s'entretenir mercredi avec M. Blinken, a averti que l'armée "atteindrait des lieux où elle n'a pas encore combattu (...) jusqu'au dernier bastion du Hamas, à savoir Rafah".

"Netanyahu menace d'envahir Rafah et utilise pour excuse la présence du Hamas (...) Israël ne s'arrêtera que quand il aura anéanti le peuple de Gaza", craint Raed al-Bardani, un déplacé de 32 ans.

"Une intensification des hostilités à Rafah pourrait entraîner des pertes de vies civiles à grande échelle. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'éviter", a déclaré à Genève Jens Laerke, un porte-parole du bureau de la coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha).

- "Beaucoup de travail" -

Fin novembre, une première trêve d'une semaine avait permis l'entrée accrue d'aide et la libération d'une centaine d'otages, sur les quelque 250 emmenés à Gaza le 7 octobre, et de prisonniers palestiniens.

"Il y a encore beaucoup de travail à faire (pour arriver à une nouvelle trêve, NDLR). Mais nous continuons à croire qu'un accord est possible et même essentiel, et nous continuerons à travailler sans relâche pour y parvenir", a dit mardi M. Blinken.

Selon lui, le nouveau projet d'accord, élaboré fin janvier à Paris, "offre la perspective d'un calme prolongé, d'une libération des otages et d'une augmentation de l'aide" à Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure. "Cela serait clairement bénéfique pour tout le monde", a-t-il asséné.

Or jusque-là, le Hamas exige un cessez-le-feu total. Israël s'y refuse en soutenant que son offensive à Gaza ne terminera qu'une fois le Hamas éliminé et les otages libérés.

"Nous sommes sur la voie de la victoire totale et nous ne nous arrêterons pas. Cette position est celle de l'écrasante majorité de la population", a d'ailleurs répété mardi M. Netanyahu.

Hors de Gaza, les tensions restent vives dans la région entre d'un côté Israël et ses alliés et de l'autre l'Iran et son "axe de la résistance", incluant, outre le Hamas, le Hezbollah libanais, des milices en Irak et les rebelles Houthis au Yémen.

Mardi soir, l'armée israélienne a soutenu avoir mis la main sur des documents "prouvant" des transferts de 154 millions de dollars américains de l'Iran au Hamas de 2014 à 2020.

Dans la nuit, des frappes israéliennes sur la région de Homs, en Syrie, ont fait cinq morts dont trois civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

AFP

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