Au lendemain de la découverte d'une femme de 53 ans se disant séquestrée en Moselle depuis 2011, le procureur de Sarreguemines a pris la parole pour délivrer les derniers éléments de l'enquête. Pour rappel, un Allemand de 55 ans vivant à Forbach avait été placé en garde à vue lundi matin pour séquestration, viol aggravé et acte de torture et de barbarie. Suspecté d'avoir séquestré sa femme depuis 2011. Sa garde à vue va être levée en "fin d'après-midi ou dans la soirée" car aucun élément" n'a été trouvé pour permettre des poursuites, selon le procureur. Le procureur de Sarreguemines a annoncé que "la situation de séquestration est une réalité inexistante" au vu des premières auditions, même si la femme a maintenu ses accusations.
"Une situation de séquestration inexistante": le parquet a balayé mardi les derniers doutes dans l’affaire d’une femme de 53 ans qui accusait son mari de la séquestrer depuis 2011 à Forbach (Moselle), un dossier qui s’inscrit plutôt dans un grand "désarroi social".
Femme retrouvée à Forbach: "La situation de séquestration dont elle ne cesse de se plaindre est une réalité inexistante", affirme le procureur pic.twitter.com/cXCi7RAOaf
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Des interrogations étaient déjà apparues lundi après-midi, quelques heures seulement après l’interpellation à son domicile d’un Allemand de 55 ans, dont l’épouse avait appelé les secours pour dénoncer une séquestration et de mauvais traitements, des allégations qui laissaient envisager une affaire potentiellement effroyable.
Une enquête en flagrance avait aussitôt été ouverte pour "séquestration", "actes de torture et barbarie" et "viol aggravé". Mais les constatations matérielles opérées au domicile conjugal et les rapports médicaux ont rapidement permis d’écarter des faits d’une telle gravité.
Les dénonciations de l’épouse "ne sont corroborées par aucune constatation policière", a indiqué le procureur de la République Olivier Glady lors d’une conférence de presse mardi en fin d’après-midi.
En conséquence, "la garde à vue (de l’homme)", qui a toujours nié les faits, "sera levée en fin d’après-midi ou dans la soirée", a-t-il précisé.
"Aucune fracture" n’a été décelée par le médecin légiste lors de son examen de la femme. Seuls "deux bleus" ont été aperçus par le spécialiste, qui estime toutefois qu’ils sont "susceptibles d’être le produit de maladresses ou de mauvais gestes" de la femme.
Il n’y a en tout cas "aucune blessure en rapport avec les dénonciations" formulées, a encore insisté le procureur.
- "Désarroi social" -
Le légiste, qui a examiné l’épouse mardi, "n’exclut pas la possibilité pour cette femme d’être affectée par des pathologies inflammatoires de type rhumatologiques", ce qu’a indiqué aux enquêteurs son mari, actuellement sans emploi depuis plusieurs années après avoir travaillé dans l’industrie outre-Rhin.
Selon lui, son épouse, de nationalités espagnole et allemande, souffre de "rhumatismes de nature auto-immune" qui se seraient aggravés ces derniers mois, engendrant une "invalidité" de l’épouse qui ne pouvait plus se déplacer, rapporte le magistrat.
Ils auraient également causé des "allergies" et un "mécanisme d’alopécie", expliquant l’absence de chevelure de l’épouse, retrouvée "le crâne rasé".
Femme retrouvée à Forbach: "C'est l'alopécie qui a malheureusement dépouillé madame d'une partie de sa chevelure" et non un cancer, affirme le procureur pic.twitter.com/ZrklGdf5nQ
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Il ressort de l’audition que le mari s’occupe de sa femme au quotidien. Mais selon les premières constatations, "elle (le) rendait responsable" de son état de santé, ce qui expliquerait son "acrimonie" à son encontre et les accusations.
Le couple, marié depuis 2001, "tourne autour de la situation de maladie de madame", selon le procureur. Une maladie qui n’était pas prise en charge : le couple n’est pas inscrit à la Caisse primaire d’assurance maladie (Cpam) française.
L’époux a justifié cette absence de suivi médical par une crainte "du coût engendré", la barrière de la langue, le couple n’étant pas francophone, et des "embarras administratifs".
Après "l’effroi pénal", cette affaire tourne au "désarroi social", a estimé le procureur. Le parquet va se rapprocher du conseil départemental et de "son service social pour favoriser enfin une prise en charge et une assistance".
Des voisins rencontrés par l’AFP lundi à Forbach décrivaient un homme "discret" et une femme qu’ils ne voyaient jamais. Les deux membres du couple ont de la famille en Allemagne pour le mari et en Espagne pour l’épouse, mais leurs relations avec leurs proches étaient "interrompues", selon Olivier Glady.
- Démentis -
La femme avait été découverte lundi matin par la police, amaigrie et à moitié nue, dans un appartement du centre de Forbach qu’elle occupait avec son mari. Elle avait appelé la veille au soir "une association allemande de protection de victimes qui a appelé la police à Wiesbaden", avait indiqué à l’AFP cette dernière qui a ensuite contacté la police française.
Lundi, de premiers éléments de sources policières laissaient penser à un scénario de séquestration avec violence mais lors d’un point presse, Olivier Glady s’était montré très prudent, évoquant déjà "des conditions de prise en charge d’une maladie insatisfaisantes".
Il avait également démenti plusieurs éléments, comme l’existence dans l’appartement d’un banc de torture ou d’un carnet de sévices.
Même chose en ce qui concerne la chambre grillagée où elle a été retrouvée : selon le procureur, le grillage servait manifestement "à empêcher" la dizaine de chats qui vivaient dans l’appartement du couple de s’échapper.
www.imazpress.com avec AFP