Israël a intensifié lundi ses frappes sur la bande de Gaza où plus de 5.000 personnes ont été tuées selon le Hamas depuis le début de la guerre il y a 17 jours, et où la situation "catastrophique" pousse plusieurs pays à réclamer une trêve des combats.
L'armée israélienne, qui bombarde sans répit la bande de Gaza depuis le 7 octobre en riposte à l'attaque sanglante du mouvement palestinien sur son sol, a promis de l'"anéantir". Et pour ce faire, elle dit depuis plusieurs jours se préparer à une offensive terrestre.
Cette perspective inquiète la communauté internationale qui redoute un embrasement du conflit. L'Iran, allié du Hamas, a averti que la situation risquait de devenir "incontrôlable" au Moyen-Orient, transformé en une "poudrière".
Les Etats-Unis ont parallèlement renforcé leur présence militaire dans la région. Et à Téhéran, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a jugé que ce renforcement faisait courir le risque d'une "escalade" du conflit.
Dans la bande de Gaza, un petit territoire pauvre où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, l'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis samedi via l'Egypte. Lundi, un troisième convoi a franchi la frontière à Rafah, la seule issue du territoire qui ne soit pas contrôlée par Israël.
Au total, une cinquantaine de camions sont entrés dans la bande de Gaza en trois jours, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour pour répondre aux besoins de la population. L'ONU réclame aussi des livraisons de carburant, indispensable par exemple aux générateurs des hôpitaux.
- Divisions -
Les Etats-Unis, qui ont obtenu l'accord d'Israël et de l'Egypte pour laisser passer l'aide, ont annoncé dimanche "qu'il y aurait dorénavant un flux continu dans Gaza de cette assistance cruciale".
Mais le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, a réclamé "plus d'aide, plus rapidement" ainsi qu'une "pause humanitaire" pour permettre sa distribution. Les dirigeants des 27 pourraient soutenir un appel en ce sens, à l'occasion de leur sommet à la fin de la semaine, a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis sont plus circonspects. Ils rejettent, selon le département d'Etat, les appels à un "cessez-le-feu", jugeant qu'il profiterait d'abord au Hamas.
La France, en revanche, y est favorable. A la veille d'une visite mardi du président Emmanuel Macron à Tel-Aviv, elle a appelé à une "trêve humanitaire" qui "pourra mener à un cessez-le-feu".
Le président russe Vladimir Poutine a réclamé un accès "sans entrave" de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, et à un "cessez-le-feu rapide".
Et les chefs de diplomatie de Russie, de Turquie et d'Iran ont appelé à arrêter de "cibler des civils innocents", dans une déclaration commune également signée par l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
- 320 cibles -
Car loin de s'atténuer, les bombardements israéliens se sont intensifiés ces dernières 24 heures.
Lundi, l'armée israélienne a annoncé avoir frappé dans la nuit "plus de 320 cibles militaires", des infrastructures du Hamas et de son allié du Jihad islamique. Ces deux groupes sont classés organisations "terroristes" par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.
Les raids ont fait plus de 70 morts, selon le gouvernement du Hamas, dont 17 personnes tuées par une frappe sur une maison à Jabaliya (nord).
Le 7 octobre, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot, des centaines de combattants du Hamas ont infiltré Israël depuis Gaza, semant la terreur lors d'une attaque sans précédent depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés ou mutilés le jour de l'attaque, selon les autorités. Le Hamas a enlevé 222 otages, israéliens et étrangers, selon l'armée.
Lundi, le Hamas a affirmé que 5.087 Palestiniens, en majorité des civils dont 2.055 enfants, avaient été tués dans la bande de Gaza par des bombardements israéliens qui ont détruit des quartiers entiers.
Ces chiffres n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante par l'AFP.
- Situation "catastrophique" -
Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à fuir vers le sud.
Mais les frappes continuent aussi de toucher le sud, proche de la frontière égyptienne, où les déplacés sont massés par centaines de milliers.
Deux jours après l'attaque du Hamas, Israël a imposé un "siège complet" à Gaza -soumise déjà à un blocus israélien depuis plus de 16 ans-, en coupant l'approvisionnement en eau, électricité et nourriture.
La situation humanitaire est "catastrophique", a averti l'ONU, dans ce territoire de 362 kilomètres carrés où au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer.
A Rafah, des hommes remplissaient d'eau des bidons en plastique depuis des citernes, pendant que d'autres fouillaient les ruines d'un bâtiment détruit par une frappe, à la recherche de survivants.
A Khan Younès, toujours dans le sud, une famille s'apprêtait à enterrer des enfants tués dans un bombardement, leurs corps drapés de blanc portés jusqu'au cimetière par des proches.
- 19.000 déplacés au Liban -
Face au risque d'ouverture d'un second front, l'armée israélienne a massé des dizaines de milliers de soldats aux abords de la bande de Gaza et à sa frontière nord avec le Liban.
De petites unités ont déjà mené des incursions limitées dans le territoire palestinien, visant l'infrastructure du Hamas et cherchant à localiser les personnes disparues ou enlevées.
Depuis le 7 octobre, l'armée a fait évacuer les abords du territoire palestinien. Orit Cohen, 29 ans, originaire de la ville de Sdérot, raconte être venu chercher sa mère "qui jusqu'à présent refusait de partir". "Mais l'armée bombarde juste de l'autre côté. J'avais peur pour elle."
Au Liban, plus de 19.000 personnes ont été déplacées après une multiplication des affrontements entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié du Hamas, à la frontière entre les deux pays, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La zone frontalière du côté israélien a elle aussi été évacuée.
AFP