Droits humains

Mondial 2022 : les fans de football souhaitent une indemnisation des ouvriers au Qatar

  • Publié le 15 septembre 2022 à 11:32
  • Actualisé le 15 septembre 2022 à 18:02

Selon un sondage publié ce jeudi 15 septembre, une grande majorité supporters de football sont favorables à ce que la Fifa indemnise les ouvriers dont les droits ont été violés lors de préparation de cette Coupe du monde au Qatar.

Le riche émirat gazier est régulièrement dénoncé par les ONG internationales pour le traitement réservé aux centaines de milliers de travailleurs venus notamment d’Asie sur les grands chantiers de la Coupe du monde. Doha insiste de son côté sur le fait qu’il a fait de gros progrès sur ce dossier.

- 73 % sont favorables à une indemnisation -

Le sondage YouGov a été mené pour le compte de l’ONG Amnesty International auprès de 17 000 adultes dans 15 pays, en Europe, aux États-Unis, au Mexique, en Argentine, au Maroc et au Kenya.

Soixante-treize pour cent des sondés disent « soutenir fortement » ou « tendre à soutenir » le fait que la Fifa devrait utiliser une partie de ses revenus pour offrir des compensations aux ouvriers dont les droits ont été bafoués. Et sur les personnes interrogées affirmant qu’ils regarderont au moins un match de la compétition, 84 % se disent en faveur de cette proposition.

Dix pour cent des personnes interrogées « tendent à s’opposer » ou « s’opposent fortement » à toute compensation, tandis que 17 % se disent indécis.

Le sondage montre également que plus des deux tiers des sondés souhaitent que les associations de football de leurs pays « s’expriment publiquement sur les affaires relatives aux droits humains » dans le cadre du Mondial 2022, rapporte Amnesty.

- « La Fifa a encore le temps de faire ce qu’il faut » -

« La Fifa a encore le temps de faire ce qu’il faut, a indiqué dans un communiqué Steve Cockburn, responsable du programme Justice sociale et économique chez Amnesty. Les fans ne veulent pas d’une Coupe du monde entachée […] par des violations des droits humains », a-t-il ajouté.

Des ONG ont accusé le Qatar de ne pas divulguer le vrai bilan des ouvriers morts ou blessés sur les chantiers de la Coupe du monde et ne pas avoir fait assez pour améliorer leurs conditions de travail. Le problème de salaires impayés a aussi été évoqué. Doha se défend en soulignant avoir pris des mesures pour améliorer leurs conditions de travail, en imposant un salaire minimum et en interdisant la toute-puissance de certains employeurs qui empêchaient leurs employés de quitter le pays ou de changer de travail.

Plusieurs organisations de défense des droits humains, ainsi que des fans et des syndicats, ont lancé une campagne en mai pour demander à la Fifa de consacrer une partie de ses revenus du Mondial 2022 à la compensation des ouvriers dont les droits ont été violés. « La Fifa a assuré à Amnesty International qu’elle allait réfléchir à ces propositions, mais aucune annonce publique n’a encore été faite à cet égard », a indiqué le groupe de défense des droits humains basé à Londres.

- L’instance dirigeante du foot mondial affirme qu’elle « continuera (ses) effort » -

Dans un communiqué transmis à l’AFP, la Fifa « prend note » de ce sondage et insiste sur « les mesures mises en place ces dernières années par (elle) et ses partenaires au Qatar pour protéger les ouvriers ». « Les travailleurs ont été indemnisés sous diverses formes lorsque les entreprises n’ont pas respecté les normes de bien-être » du Comité suprême d’organisation du Mondial-2022, assure la Fifa. Ces mesures ont été complétées par celles prises par le ministère du Travail pour faire appliquer la législation du travail du Qatar et permettre l’accès à des recours.»

Dans une interview à l’hebdomadaire français Le Point dévoilée mercredi soir (sa troisième interview formelle seulement depuis son accession au pouvoir en 2013), l’émir du Qatar s’est également exprimé sur ce sujet. « Nous avons compris que nous avions un problème avec le travail sur les chantiers, et nous avons pris des mesures fortes en un temps record. Nous avons modifié la loi et nous punissons quiconque maltraite un employé ; nous avons ouvert nos portes aux ONG et nous coopérons avec elles. Nous en sommes fiers », clame cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani.

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