L'équipe de France a réussi son pari en montant sur le podium des championnats du monde de para surf qui se sont achevés la nuit dernière à Pismo Beach, en Californie. Les Français terminent à moins de 200 points des Etats-Unis, vainqueurs à domicile. Thomas Da Silva (visuel 1) et Guillaume Colin (sit) remportent l'argent dans leur catégorie, Philippe Naud (stand 2), Eric Dargent (stand 3) et Emmanuelle Blanchet (kneel) sont en bronze. Bravo les Bleus ! Voici le communiqué de la ligue.
La France a assumé son ambition jusqu'au bout des championnats du monde : monter sur le podium du classement des nations. Après ses 5es places en 2018 et 2020, elle est parvenue à briser le plafond de verre. Mieux, elle est vice-championne du monde à 195 points seulement des Etats-Unis, qui avaient l'avantage de surfer à domicile. Un exploit rendu possible par l'intégration de nouveaux talents comme Valentine Moskoteoc (12 ans) et déjà vice-championne du monde (visuel 1), ou encore Laurie Phipps (stand 2), médaille de bronze de sa catégorie. Sans oublier les "vieux briscards" Eric Dargent (stand 3) et Philippe Naud (stand 2), médailles de bronze eux aussi. Et l'expérience de certains athlètes venus au para surf telle la championne paralympique de snowboard Cécile Hernandez (5e place en stand 2).
On rembobine le magnéto de la dernière journée pour dérouler les 5 finales françaises de ce samedi marqué par la pluie et le vent. On savait que les conditions allaient rapidement se dégrader, les prévisions n'ont pas menti. Après les trois finalistes de la veille (Moskoteoc en argent, Phipps en bronze et Rouillard en cuivre), le premier à jouer le titre mondial était Thomas Da Silva. Le Basque aura mis longtemps avant de prendre sa première vague, mais quelle vague ! Une bombe sur laquelle il a manoeuvré jusqu'à finir sous le pier et la planche dans un pilone : 8.90 pts. De loin, la meilleure note de cette finale. Il restait alors 8 minutes à Da Silva pour aller chercher une seconde vague pour cueillir le titre. Un 4.14 pts largement à sa portée. Las, il chutait sur sa troisième et dernière vague (2.60 pts) pour échouer de très peu dans sa quête.
A peine le temps de sécher les larmes de Da Silva qu'Emmanuelle Blanchet s'élançait pour sa finale (kneel dames). La Vendéenne commettait une interférence de rame d'entrée de jeu sur la Chilienne Noemi Alvarez. La pénalité logique lui ôtait dès lors tout espoir de titre. Mais pas de podium. Blanchet se battait jusqu'au bout pour aller trouver une grosse vague de série sur laquelle elle réussissait un départ sous la lèvre pour ensuite surfer en droite et changer de direction vers la gauche (5.03 pts). Mission accomplie malgré tout pour la surfeuse de St Gilles Croix de Vie qui s'adjuge le bronze alors que la Canadienne Victoria Feige conserve son titre mondial devant Alvarez.
C'était ensuite à Guillaume Colin (sit Open) d'aller batailler dans un océan qui n'avait plus rien de Pacifique. En mode brouillon, façon tempête printanière en Méditerranée. Une aubaine pour le Montpelliérain à l'aise dans ce type de conditions. A la lutte avec le tenant du titre brésilien Fellipe Kizu Lima, Colin recollait au score avec la même meilleure note (7.10 pts). Le temps s'égrenait rapidement et le Français, qui avait perdu juste avant la priorité, patientait sur son wave ski pour décrocher un 5.41 pts largement à portée de pagaie. Il voyait pourtant partir Lima sur une vague apparemment moyenne que le Brésilien transformait pour surfer magnifiquement jusqu'au bord (9.43 pts). Colin est donc vice-champion du monde mais à suffisamment fait trembler l'Auriverde pour lancer un message haut et fort : il faudra compter sur lui pour les prochains Mondiaux !
La France qui avait placé 9 finalistes attendait toujours son champion du monde. Elle allait s'en remettre à ses deux surfeurs les plus expérimentés : Philippe Naud et Eric Dargent. Impérial en qualification, solide en demis, Naud passait à côté de sa finale. Le stress, l'enjeu, l'émotion, le plan d'eau. Un maelström qui lui mettait la tête sous l'eau alors que les conditions n'étaient pas sans rappeler celle de son Île d'Yeu. A contre temps, le Vendéen assistait impuissant à la lutte pour le titre entre Rafael Lueders (Brésil)et Jean-Paul Veaudry (Afrique du Sud), finalement remporté par le Sud-Américain. Ses deux bouts de vagues lui permettant d'assurer malgré tout le podium devant le Japonais Kenjiro Ito.
Trois fois vice-champion du monde dans sa carrière (2016, 2017 et 2020), Eric Dargent était le dernier à se mettre à l'eau pour la dernière chance tricolore d'arracher une médaille d'or et de faire résonner la Marseillais à Pismo Beach. Impressionnant en matinée lors de sa demie avec une vague à 7 pts, le Martégal débutait très bien la finale en partant sur une belle gauche (6.00 pts). Puis plus rien ou presque ne lui passait sous la planche. A la recherche d'un second score pour jouer le titre, Dargent voyait le Brésilien Alcino "Pirata" Neto le dépassait puis s'envoler au tableau d'affichage (12.00 pts). Une fois encore en argent, le Méditerranéen (10.00 pts) était malheureusement doubler dans les derniers instants par le Costa Ricien Dariel Melendez (10.67 pts). La vie d'Eric Dargent bascule le 19 février 2011. Alors qu’il surfe à St Gilles les bains, il est attaqué par un requin qui lui sectionne la jambe gauche. Il s’en sort mais il est amputé à hauteur de la cuisse.
L'équipe de France boucle donc la 7e édition des championnats du monde de para surf avec 9 médailles individuelles (voir tableau ci-dessous) mais repart surtout de Pismo Beach avec le titre de vice-champion du monde des nations. Une grande première pour le para surf français qui arrive au meilleur des moments. Désormais reconnu par le Ministère des Sports comme sport de haut niveau, il va pouvoir s'appuyer sur ce formidable résultat, qui est celui des athlètes et du staff, mais aussi de tous les moniteurs des clubs de la Fédération Française de Surf, pour préparer les prochaines échéances. La plus importante est à venir dans les toutes prochaines semaines. En janvier, le Comité International Paralympique (CIP) annoncera les sports additionnels des Jeux Paralympiques de Los Angeles 2028. Après le surf aux Jeux Olympiques depuis 2020 et confirmé pour Paris 2024, LA 2028 et Brisbane 2032, le para surf pourrait faire son entrée dans la grande famille de l'Olympisme. L'International Surfing Association, qui organise ces championnats du monde de 2015 et qui milite auprès du CIP depuis des années, y croit dur comme fer.