Le mouvement continue

Retraites: 23e jour de mobilisation avant un nouveau week-end compliqué

  • Publié le 27 décembre 2019 à 16:22
  • Actualisé le 27 décembre 2019 à 20:41

Désormais plus long que les grèves de 1995, le mouvement contre la réforme des retraites en est à son 23e jour, avec des syndicats déterminés et des voyageurs qui se préparent à un nouveau week-end compliqué dans les transports.

Le trafic SNCF demeure "très perturbé" avec en moyenne 6 TGV sur 10, 1 Transilien (RER SNCF et trains de banlieue parisienne) sur 5, et 4 circulations de TER sur 10, dont une grande partie assurée par des cars de substitution. A la RATP, cinq lignes du métro parisien restent fermées mais les RER A et RER B circulent une grande partie de la journée, une première depuis le début du mouvement.

Tôt vendredi matin, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, s'est rendu auprès de grévistes dans un dépôt de bus RATP à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Réclamant le retrait du projet de l'exécutif de remplacer les 42 régimes de retraites existants par un "système universel" par points, et à instaurer un âge pivot à 64 ans, assorti d'un bonus-malus, il a dénoncé "la fébrilité du gouvernement". "C'est un mouvement fort, qui est toujours soutenu par l'opinion publique", a-t-il lancé.

- Garanties pour les navigants -

Aucune trêve n'est intervenue, malgré les appels d'Emmanuel Macron et de membres du gouvernement, mais aussi du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui soutient le principe d'un système universel de retraite, tout comme la CFTC et l'Unsa.

Dans un communiqué, Force ouvrière a salué vendredi les premiers fruits de la grève et des manifestations, citant le décalage de l'application de la réforme aux personnes nées après 1975, voire au-delà.

En outre, "des décisions semblent indiquer que certains régimes ou dispositions spécifiques puissent demeurer (militaires et gendarmes, navigants du transport aérien, police, marins, professions libérales...)", s'est félicitée FO pour qui toutefois "l'heure est encore et toujours à la mobilisation".

Car si Laurent Pietraszewski, le "M. Retraites" du gouvernement, a prévenu qu'il n'était pas question de revenir sur la "suppression des régimes spéciaux", des brèches s'ouvrent et le gouvernement a déjà prévu des exceptions.

Ainsi, quatre syndicats d'hôtesses et stewards ont suspendu leur appel à faire grève à partir du 3 janvier après avoir obtenu des garanties de l'exécutif. Et côté pilotes, le SNPL France Alpa, syndicat majoritaire, a obtenu le maintien de la possibilité de partir à la retraite à taux plein à 60 ans, entre autres. Une levée du préavis interviendra une fois reçus les engagements par écrit, selon le syndicat.

- "Dogmatisme du gouvernement" -

Après une semaine jalonnée d'initiatives, des rassemblements locaux sont attendus un peu partout en France samedi, à l'appel de la CGT-Cheminots et de SUD-Rail. Les actions vont se poursuivre la semaine prochaine, à un rythme ralenti vacances oblige, FO annonçant notamment des opérations de distribution de tracts sur les marchés, dans les centres commerciaux, aux péages d'autoroute...

A partir du 3 janvier, les initiatives devraient reprendre en intensité. Le collectif SOS Retraites, qui regroupe 16 professions libérales disposant de régimes autonomes, appelle à la grève à partir de cette date. Dans leurs rangs: les infirmiers libéraux, orthophonistes, avocats, kinésithérapeutes, experts-comptables...

Il dénonce un "dogmatisme du gouvernement" et un "simulacre de concertation". La réforme reviendrait à "faire un hold-up d'État" sur les réserves, voire à "doubler les cotisations" versées par certaines professions, sans garantie sur le maintien des pensions, estime le collectif. Le conflit, désormais aussi long que celui de 1995 dans les transports (22 jours), semble bien parti pour dépasser le record de 28 jours atteint en 1986/87 à la SNCF, également sans trêve de Noël, pour les salaires et les conditions de travail.

Le 9 janvier est prévue une quatrième journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles à l'appel de la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires, et des organisations de jeunesse.

Deux jours plus tôt, le 7, des concertations auront repris entre le gouvernement et les organisations syndicales et patronales, avant la présentation du projet de loi en Conseil des ministres le 22 janvier.

AFP

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