Il avait 15 ans

Suicide à Poissy : l'adolescent, d'origine réunionnaise, avait signalé "des faits de harcèlement"

  • Publié le 7 septembre 2023 à 10:35
  • Actualisé le 7 septembre 2023 à 14:55

Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement lors de l'année scolaire précédente, s'est suicidé mardi à son domicile de Poissy (Yvelines), mais la justice appelle à la prudence sur les causes du passage à l'acte tandis que l'Education nationale a lancé une enquête interne. La victime était d'origine réunionnaise, son père a témoigné sur les ondes de Freedom ce jeudi matin

Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement lors de l'année scolaire précédente, s'est suicidé mardi à son domicile de Poissy (Yvelines), mais la justice appelle à la prudence sur les causes du passage à l'acte tandis que l'Education nationale a lancé une enquête interne.

"Il en avait tellement marre. Il a eu peur que ça se reproduise" a témoigné son père sur Freedom. "Ca fait plus de deux ans que ça durait, mais il ne disait rien" a-t-il expliqué, confiant que son fils avait déjà tenté de se suicider en février dernier.

- Une enquête administrative ouverte -

"Le suicide d'un jeune garçon est toujours un drame difficile à expliquer. Il y a évidemment divers facteurs", a déclaré le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal lors d'une allocution dans la cour du ministère.

Mais "chaque drame est un drame de trop, qui nous rappelle que nous ne sommes toujours pas à la hauteur", a complété le ministre, qui doit annoncer un plan interministériel de lutte contre le harcèlement d'ici la fin septembre.

M. Attal a décidé de lancer une enquête administrative pour faire la "lumière" sur les faits de harcèlement scolaire dont a été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l'Education nationale.

"Ce ne sont pas des personnes évidemment que je veux mettre en cause, c'est la réponse de l'institution Éducation nationale face à l'urgence du harcèlement scolaire qu'il nous faut continuer à profondément changer", a-t-il expliqué.

La justice a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort, survenue mardi. "Il faut rester à ce stade très prudent", a déclaré à l'AFP le parquet de Versailles.

Mardi en début de soirée, les secours sont intervenus à Poissy pour un garçon de 15 ans retrouvé pendu à son domicile. Après des tentatives de réanimation, sans succès, l'adolescent a été déclaré décédé, selon une source policière.

Selon le récit de Gabriel Attal, cet adolescent était scolarisé l'an dernier en troisième prépa métiers au lycée professionnel des métiers Adrienne-Bolland à Poissy.

"En décembre 2022, le harcèlement du jeune garçon avait été signalé. Un rendez-vous avait été organisé dans l'établissement. Il était fait état de brimades et d'injures répétées de la part de plusieurs élèves nommément désignés", a-t-il retracé.

"En mars 2023, les parents ont été reçus par l'établissement. Les élèves mis en cause ont eux aussi été reçus, et leurs parents ont été contactés.

Un échange de courriers a par ailleurs eu lieu courant avril entre la famille et l'institution scolaire sur la situation du jeune garçon, la famille dénonçant, dans ce courrier, l'absence de mesures suffisantes prises face à cette situation", a-t-il ajouté.

- "Tolérance zéro" -

Le père avait déposé une main courante pour harcèlement en avril au commissariat de Poissy, mais n'avait pas souhaité déposer plainte, a-t-on appris de source policière.

Le ministre a précisé que selon l'établissement, l'adolescent avait "bénéficié d'un suivi régulier par la CPE, et ce jusqu'à la fin de l'année scolaire" et qu'"un point a été fait avec le père de ce jeune garçon" en fin d'année scolaire.

L'adolescent était scolarisé depuis cette rentrée dans un autre établissement à Paris.

Le harcèlement à l'école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais.

Déjà engagée par l'ancien ministre de l'Education Pap Ndiaye, la lutte contre le harcèlement scolaire s'est intensifiée après la mort de Lindsay, qui a mis en lumière ce phénomène.

Selon un décret publié mi-août, un élève responsable de harcèlement scolaire pourra désormais être transféré dans une autre école, évitant d'imposer ce changement à celui qui en est victime. Il est également prévu de pouvoir sanctionner un auteur de cyberharcèlement contre un élève d'un autre établissement.

Gabriel Attal a déjà assuré vouloir une "tolérance zéro contre toutes les formes de harcèlement".

Dès cette rentrée, un référent sur le harcèlement "dans chaque établissement" doit être créé. Les établissements scolaires devront également signaler "systématiquement" aux procureurs les cas de harcèlement.

Le programme Phare de lutte contre le harcèlement, mis en place en 2019 et expérimenté pendant deux ans dans six académies, a été généralisé à la rentrée 2022 dans toutes les écoles et collèges. Selon le ministère de l'Education, 91% des collèges et 64% des écoles sont aujourd'hui inscrits dans ce dispositif.

AFP

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1 Commentaires
Galak974
Galak974
3 semaines

A part une pseudo réunion de médiation, un courrier, un semblant de "suivi", quelles autres mesures radicales ont été prises envers les auteurs des harcèlements? Car pendant que l'administration jouait à cache Nicolas, ces petits morveux continuèrent à semer le trouble sans inquiétude? C'est bien beau d'expliquer "on a fait ci...on a fait ça..suivi..écoute", mais pour quel résultat??