Madagascar

En descendant la Tsiribihina

  • Publié le 25 avril 2009 à 00:00

La Tsiribihina est un des grands fleuves de la côte ouest malgache. Il prend naissance à quelques kilomètres à l'Ouest de Miandrivazo nourrit par ses deux affluents majeurs : la Majahilo dont la source se situe à 400 kilomètres à l'Ouest d'Antananarivo et la Mania, située plus au Sud aux portes d'Ambositra. Il est possible de descendre ce fleuve pour le plaisir. Nicolas Villeneuve nous en fait le récit

La descente de ce fleuve est maintenant parfaitement rodée. De nombreux tours opérators la propose depuis Tana avec transferts en 4X4 et bateau à moteur. Si comme dans le cas présent vous rêvez de "l'aventure sans risque" vous pouvez tenter de partir de la capitale malgache en taxi brousse jusqu'à Miandrivazo point de départ obligé de toutes "expéditions" sur ce bras de fleuve tranquille. Si comme moi vous êtes de format non conventionnel, ayez la lucidité de louer deux places dans le taxi. Cela à deux avantages, vous partirez plus tôt (car les taxiteurs optimisent à fond le voyage) et vous pourrez vous mouvoir et éviter la greffe des genoux de retour à la maison après 10 bonnes heures de route.

Pas le premier

L'arrivée de nuit à Miandrivazo est assez terrifiante, après une bonne journée de route, vous arriverez fourbus à un carrefour où seul un bar glauque ouvert jour est nuit vous accueille de ses lumières. Là, dur constat: vous n'êtes pas le premier à avoir choisi l'aventure du taxi brousse. Les piroguiers par dizaines vous haranguent pour vous proposer une descente faite et refaite par un grand nombre de touristes.
Parmi les hôtels de cette petite bourgade, plusieurs (certains sont cités par des guides de renommée internationale) sont très habitués à rencontrer des spécimens tels que vous de "descendeur de Tsiribihina". Tant et si bien que même en arrivant par la route à 23 heures, le gardien visiblement prévenu, vous tendra les clés de votre chambre. Bien que sommaire, elle vous permet de passer de la position assise (dessins de la banquette gravée sur la peau) à une position allongée bien méritée. Au réveil rien n'est plus pareil et au petit-déjeuner vous déjà aurait signé le contrat pour une descente en bon et due forme. Le rêve de la recherche d'un piroguier à même le fleuve tombe à l'eau.

Nouveaux meilleurs amis

À peine deux heures se sont écoulées depuis la rencontre avec vos nouveaux meilleurs amis (oui meilleurs parce que pendant les 3 à 4 jours qui suivent, ils seront responsables de la stabilité de la pirogue, du coucher et de l'alimentation) que, ça y est, la grande aventure commence. Sur près de cent kilomètres, au fil de l'eau, oubliées les contrariétés liées à une exploitation grandissante de la descente, à la démarche personnelle réduite à payer et au taxi - brousse (contrariétés placées ici au bas du dos).
Au tour de ce fleuve, s'organise une vie de commerce, de pêche, de culture ... de vie.
L'absence de route conduisant aux nombreux villages au bord de la Tsiribihina donne au fleuve un caractère incontournable. Les trois jours de descente ne sont faits que de rencontres lointaines mais pourtant profondes et rassurantes. Constamment, un "Salama" lointain arrive jusqu'à votre embarcation venant d'une des rives ou d'une autre pirogue occupée à descendre, remonter ou traverser le fleuve.


Changement de paysage

Dès le début, à vos yeux apparaît un monde fait de laveuses de linge, d'enfants de tous âges se baignant nus dans le fleuve nourricier, de pêcheurs, de piroguiers, qui comme nos compagnons "descendent" des touristes en passe de devenir rouges (le soleil tape fort) ou remontent à vide. À cela il faut ajouter les passeurs, faisant traverser le fleuve en pirogues à des hommes et femmes pour 1 000 FMG (environ 0,15 euros), les petits commerçants installés sur la berge, les éleveurs et cultivateurs.
Au deuxième jour de voyage, alors que par une courbe le fleuve franchit la montagne de Bémaraha (grand accident tectonique défini), le paysage change brutalement, il devient plus sauvage et les villages se font plus rares. Quelquefois, ils ont l'élégance de nous prévenir plusieurs minutes en avance, on peut croiser des bateaux à moteurs, absents dans la première partie du trajet du fait du manque d'eau.

Faune dérangée

Ces embarcations sont soit à vocation touristique (appartenants aux tours opérators) ou à vocation commerciale : transport de marchandises (notamment du poisson séché) et taxi-boats. Ces grandes barques sont très facilement identifiables. Elles sont surchargées avec une ligne de flottaison se confondant avec le bord du bateau. Elles sont surmontées d'un panache de fumée de gaz d'échappement et préviennent de leur présence par un vacarme assourdissant. Il est par conséquent aisé de comprendre que la faune de la rivière disparaît pour de longues heures avant et après le passage d'un tel engin. Je serais curieux de savoir comment l'on peut appréhender la nature quand on vend un voyage dans une telle embarcation.
Mais une fois ladite embarcation disparue les myriades d'oiseaux et les lémuriens reviennent faire chanter la forêt bordière.

La fin de Cocotte

L'image du paradis nous est révélée au milieu du second jour lors de la visite d'une cascade salvatrice. C'est ici l'occasion de faire quelques photos, de se baigner après une journée et demie sous un soleil de plomb et d'oublier la nuit sous la tente avec une colonie de moustiques.
Le troisième jour passe très vite car les remords nous rongent. Lors du dîner de la veille a été mangée Cocotte, une poule avec qui nous avions fait la première partie du voyage.
De plus, dès le début de l'après-midi l'embarcation s'immobilise sur la berge où attend une charrette à b?ufs, navette officielle vers Andsiraraka où nous attend le 4X4 pour continuer le voyage vers les Tsingy.
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