Observatoire des tortues marines

Kélonia, le royaume de Marinette

  • Publié le 13 janvier 2008 à 00:00

La ferme Corail n'est plus, vive Kélonia (le nom vient de chelonia - tortue en latin), le centre d'étude et de découvertes des tortues marines. La structure est gérée par le conseil régional. Grâce à Thierry Lauret, médiateur scientifique, Marinette Chelonia Mydas (tortue verte en latin), la doyenne des lieux nous a accordé une interview

Confortablement installé entre la plage et la route nationale 1 à l'entrée Nord de Saint-Leu, Kélonia, l'observatoire des tortues marines, fait face aux surfeurs du légendaire spot saint-leusien. Antoinette Chelonia Mydas (tortue verte en latin) Doyenne des lieux à 27 ans, elle règne paisiblement sur une population de 62 tortues (63 avec elle) représentant 3 espèces, les tortues vertes (chelonia mydas), les Caouannes (caretta caretta) et les tortues caret (eretmochelys imbricata).

100 à 200 ?ufs

Dans son bassin, elle cohabite en bonne intelligence avec une dizaine de ses sujets. Les autres sont hébergés dans d'autres bassins. Elle semble voler entre deux eaux tout en racontant que les tortues marines et notamment la tortue verte, ont bien failli disparaître de la surface du globe. Cela malgré tous leurs efforts pour s'accrocher à la vie. À chaque cycle de reproduction, les femelles pondent entre 100 et 200 ?ufs.
La ponte est laborieuse, épuisante parfois mortelle.

1 sur 1 000

Les mères sortent de l'eau, creusent un trou de 70 à 80 centimètres de profondeur, pondent et rebouchent le trou. À bout de forces, elles doivent ensuite rejoindre l'océan. Perturbées par une lumière ou un obstacle, certaines mères n'y arriveront jamais. Après avoir donné la vie, elles mourront sur le sable des plages des îles éparses, de Mayotte ou d'ailleurs.
Après 45 à 90 jours d'incubation, les petites tortues sortiront des coquilles, se rassembleront et entameront leur montée à l'air libre. Pesant à peine 25 grammes et mesurant 4,5 centimètres, les bébés vont tenter de se mettre à l'eau. Les quelques mètres de parcours leur seront souvent fatals. Les oiseaux prédateurs le guettent. Les bébés sont 1 sur 1 000 à suivre au parcours. Une fois dans l'eau, ils ne sont pas sauvés pour autant. Les requins, les murènes, les carangues et les barracudas adorent ce type d'encas.

Sort funeste

"Pourtant ce ne sont pas ces prédateurs naturels, mais les hommes qui ont menacé notre espèce. En détruisant notre habitat naturel, nos lieux de ponte, en nous dévorant en soupe ou en rôti, brisant nos carapaces pour en faire des bijoux, ils nous ont presque exterminés" relate Marinette. Sans haine ni amertume, elle laisse ces sentiments aux humains.
Pourtant elle-même a failli connaître un sort funeste. Toute jeune, elle a été capturée au large des îles éparses à la fin des années 70. Conduite à La Réunion, elle a été placée à la ferme Corail, l'ancêtre de Kélonia. Son sort s'est joué sur le fil du rasoir. À l'époque la ferme élevait des tortues à des fins commerciales en l'occurrence de l'artisanat et de la gastronomie. Autant dire que Marinette n'est pas passée loin de la casserole. Fort heureusement pour elle, son espèce à été répertoriée dans la Convention de Washington portant sur la protection des animaux en voie de disparition.

Marinette est sauvée

La France a ratifié cette convention. Marinette était sauvée. En 1989, le conseil régional devient propriétaire du site. Au milieu des années 90 la ferme Corail est reconvertie en centre d'étude de découvertes des tortues marines
Depuis, Marinette vit paisiblement.

o Kélonia pratique

Kélonia est ouvert 7 jours sur 7 de 9 heures à 18 heures. Des visites guidées ont lieu tous les jours à 10 heures, 11 heures 30, 14 heures, 15 heures 15 et 16 heures 30
Le tarif d'entrée est fixé à 7 euros et 5 euros
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