Océan Indien - Tourisme

Rodrigues, l'éden retrouvé des tortues

  • Publié le 2 octobre 2011 à 07:00

Concilier la restauration des milieux naturels et le développement du tourisme n'est pas impossible. Les quatre réserves naturelles de Rodrigues et le parc des tortues géantes François Leguat en sont la preuve. Sur 19 hectares, ce parc ouvert en 2006 abrite déjà plus d'un millier de tortues géantes Aldabra et Radiata et fait le bonheur des touristes.

Quelques dizaines d'années ont suffi aux hommes dans le courant du 18e siècle pour anéantir les colonies de tortues géantes de Rodrigues, fortes de plusieurs milliers de spécimens. Impossible de réparer totalement les dommages causé à l'environnement de cette île de 108 kilomètres carrés, la plus petite de l'archipel des Mascareignes, située à 650 kilomètres au Nord-Est de l'île Maurice. La trace de la dernière tortue géante endémique de Rodrigues s'est perdue depuis 1795. Trois siècles plus tard, cette île est pourtant en passe de redevenir l'éden des tortues dans l'Océan Indien.

Une réserve naturelle privée tente de reconstituer un écosystème aujourd'hui disparu en redonnant leur place aux tortues et aux plantes endémiques. "Notre objectif c'est de retrouver le visage de l'île d'il y a 300 ans, comme François Legat et ses compagnon le voyaient en 1691 quand ils ont été les premiers hommes à mettre pied sur l'île Rodrigues", explique Aurèle André, le responsable de la réserve François Legat. "Le témoignage de ce navigateur français est très précieux, dans son récit de voyage publié à Londres en 1711, il dit qu'il était possible de faire cent pas sans toucher terre, tellement les tortues étaient alors nombreuses", poursuit Aurèle André. Le parc dont il a la responsabilité s'étend sur 19 hectares à quelques pas de l'aéroport Sir Gaëtan Duval et abrite également de magnifiques grottes naturelles.

* Déambuler au milieu des tortues géantes

Ouvert au public tous les jours, le site abrite déjà plus d'un millier de tortues dont cent cinquante spécimens nés sur place depuis 2006. Pour reconstituer un écosystème disparu, il a été fait appel à des tortues Aldabra et Radiata, originaires respectivement des Seychelles et du Sud de Madagascar. La visite du site est un moment inoubliable. Elle offre le plaisir rare de déambuler au milieu de tortues géantes, vielles pour certaines de 80 ans pour un poids dépassant les deux cents kilos.

Elles vivent là dans un canyon en totale liberté et surtout en symbiose avec la nature. Une symbiose qui devient une réalité depuis que les responsables de la réserve ont réintroduit des espèces végétales endémiques à grande échelle avec pas moins de 150 000 plants. "Il ne nous reste plus qu'à laisser faire la nature maintenant", assure Aurèle André.

À quelques dizaines de kilomètres de là, à la limite ouest de l'immense lagon rodriguais, l'île aux Cocos est un autre exemple de ce mariage réussi entre la préservation de la nature et le développement touristique. Sur moins de deux kilomètres de long pour quelques centaines de mètres de large, le site ouvert au public est l'une des quatre réserves naturelles de Rodrigues. Ce petit îlot abrite quatre espèces d'oiseaux marins. Une heure de bateau depuis le littoral de Rodrigue suffit pour découvrir ce sanctuaire naturel où ont été plantées des variétés d'arbres indigènes beaucoup plus adaptées aux oiseaux marins. C'est d'ailleurs à eux et surtout à leurs ?ufs qui tapissent le sol que l'île doit son nom...

Ces deux réserves naturelles montrent bien qu'à Rodrigues, après avoir longtemps malmené l'écosystème l'action de l'homme peut désormais contribuer à réparer les erreurs du passé. Un pari sur le long terme pour cette île qui veut placer son essor touristique sous le signe du développement durable.

P.L. pour
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