Tourisme

Après le SRAS, Singapour respire

  • Publié le 26 décembre 2003 à 00:00

En début d'année, Singapour, comme plusieurs pays du Sud-Est asiatique, a subi les effets du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). Désertion des hommes d'affaires, de touristes et la suspension de vols par plusieurs compagnies aériennes ont mis son économie a mal. L'épidémie est maintenant terminée et la ville - État a très vite réagi pour sortir de la crise

Que l'on se souvienne, en début d'année le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère - plus connu sous le nom de pneumonie atypique) se déclarait et faisait craindre au monde une pandémie aussi dévastatrice que le SIDA. Le Sud - Est asiatique a été la région la plus touchée. Victimes de cette maladie sans remède, plusieurs personnes sont mortes en Chine et au Vietnam notamment. D'autres pays, le Canada, et certains États européens ont également été touchés, mais dans une moindre mesure.
Devant l'ampleur du phénomène et surtout devant l'impuissance thérapeutique, l'OMS (organisation mondiale de la santé) parlait en mars 2003 de "menace planétaire". Par crainte d'une propagation rapide de la maladie, elle publiait peu de temps après une liste de pays où elle déconseillait fortement aux étrangers de se rendre.

Désertion

La réaction à cette mise en garde, évidemment logique et légitime, ne tardait pas à produire ses effets. Le départ des hommes d'affaires étrangers quittant ces pays par peur de la contamination et la désertion des touristes décidaient de nombreuses compagnies aériennes à suspendre leurs rotations en directions des États concernés. La ville - État de Singapour ne faisait pas partie des pays déconseillés à la visite, mais se trouvait sur celle recensant les pays touchés par la maladie. Une différence médicale et administrative de taille, mais une nuance à peine perceptible pour le commun des mortels. Air Mauritius qui dessert la destination en a fait l'expérience. Le manque de voyageurs et l'obligation de prudence lui faisaient arrêter ses rotations Maurice - Singapour - Kuala Lumpur (Malaisie).

4 millions d'euros

La suspension allait durer 16 semaines et la compagnie aérienne mauricienne perdre 4 millions d'euros. Une somme importante mais pourtant minime par rapport aux pertes enregistrées par l'économie singapourienne qui, comme celles de tous les pays de sa région, a subi de plein fouet les effets du SRAS.
Nous n'en sommes plus là. L'épidémie a pu être jugulée. L'OMS a officiellement déclaré la fin de l'épidémie et plus aucun pays n'est déconseillé à la visite. Le 2 août 2003, Air Mauritius a repris ses vols Maurice - Kuala Lumpur - Singapour et retour à raison de deux rotations par semaine à bord d'un Airbus 340 et d'un Boeing 767. Du coup, les passagers au départ de La Réunion peuvent de nouveau se rendre à Singapour. Ils s'en sont d'autant moins privés que pour marquer la reprise des vols Air Mauritius a pratiqué des tarifs promotionnels à 450 euros aller-retour.

PIB en baisse

Quant à la ville - État (648 km2), elle n'a pas tardé à réagir pour sortir de la crise. Et il fallait faire vite. En effet, Singapour attendait au moins 7 millions de visiteurs en 2003. Ils ne seront vraisemblement que 6 millions. "La chute la plus brutale s'est produite en mai où la fréquentation touristique a baissé de 70%" indique Paul Tan Kim Liang de l'office du tourisme de Singapour. À cela s'est ajouté le ralentissement des affaires. Une conséquence de la défection des businessmen étrangers et de la frilosité des places boursières asiatiques qui comme leurs homologues du monde entier ont toujours tendance à se replier sur elles-mêmes en cas de crise.Aflie Yee Howe Mun de l'office du tourisme ne se fait d'ailleurs guère d'illusion "ces deux dernières années notre PIB (produit intérieur brut - ndlr) a connu une croissance de 5 à 7%. En 2003 il devrait baisser de 1 à 4%" dit-il.

Singapour rugit toujours

Mais Singapour, la ville du lion en sanskrit, en a vu d'autres. Dès que l'OMS a retiré le pays de la liste des zones affectées à la fin du premier semestre 2003, la ville - État a immédiatement déclenché une gigantesque opération de communication intitulée "le rugissement de Singapour". Une enveloppe de 200 millions de dollars singapouriens (100 millions d'euros) a été débloquée par le gouvernement et ses partenaires du secteur privé pour retrouver une fréquentation touristique au moins égale à celle d'avant le SRAS.
Une campagne internationale de publicité avec des encarts presse, spots télé et radio, organisation de voyages pour les journalistes et les tours opérateurs a été lancée. Une large place a été faite à la promotion des nombreux événements culturels et cultuels du pays - Singapour compte 4 religions (bouddhiste, hindouiste, musulmane et chrétienne) et plusieurs ethnies. Enfin, les touristes, étrangers et locaux, ont droit à de nombreuses réductions dans les bars, les restaurants, les magasins et sur plusieurs activités de loisirs. Dans le même temps, les commerces - Singapour est l'un des paradis du shopping -, ont prolongé leurs horaires d'ouverture.
Les premiers résultats de cette mobilisation sont probants? Les chiffres de la fréquentation touristique remontent. La ville du Lion est en passe de gagner son pari.
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