Nous, citoyens de Mayotte, prenons la liberté de vous adresser cette correspondance pour dénoncer l’insuffisance criante des mesures engagées dans la gestion post-cyclonique suite au passage du cyclone Chido. Cette catastrophe a plongé notre territoire, déjà fragilisé par des vulnérabilités structurelles, dans une situation d’urgence absolue qui exige une intervention rapide, proportionnelle et stratégique de l’État (Photo : AFP)
Depuis plusieurs années, notre territoire traverse une crise multidimensionnelle qui ne cesse de s’intensifier jour après jour. En dépit de nos alertes répétées, la réponse de l’État demeure largement insuffisante face à des réalités qui mettent en péril la cohésion sociale, la sécurité des habitants et les fondements mêmes de la République Française à Mayotte.
Ces crises qui s’ajoute au cyclone Chido ne peut plus être ignorée ni reléguée au second plan national. Nous regrettons votre non venue à la suite de votre nomination à Matignon alors que nos compatriotes vivent dans des conditions déplorables et inacceptable de la 7ème puissance mondiale et la 2ème puissance mondiale maritime.
Le cyclone Chido, par son intensité et ses conséquences, a mis en lumière les failles systémiques de la gestion des crises dans les Outre-mer, et plus particulièrement à Mayotte. Cependant, au-delà du drame naturel, ce sont les défaillances humaines et organisationnelles que nous tenons à dénoncer.
Toutefois, il n’est pas trop tard pour agir, nous appelons d’or et déjà à une réponse immédiate, ambitieuse et à la hauteur des enjeux.
L’arrivée des secouristes – techniciens, ingénieurs et personnels spécialisés – a été marquée par une lenteur inacceptable, et leur nombre reste dramatiquement en dessous des besoins réels. Cette inadéquation, face à l’ampleur des dégâts, constitue une atteinte aux principes d’égalité et de solidarité territoriale qui fondent la République.
Les denrées de première nécessité peinent à nous parvenir. Nous réclamons l’organisation immédiate d’un acheminement massif par fret aérien et maritime, afin de garantir l’accès à ces biens essentiels et prévenir une crise humanitaire imminente, en lien notamment avec les services consulaires de la zone océan indien (Kenya, Tanzanie, Madagascar, Mozambique) pour plus de rapidité et d’efficacité dans la gestion de la crise alimentaire provoqué par le cyclone Chido.
L’absence de main-d’œuvre suffisante pour restaurer l’électricité est un enjeu critique. Ce manquement expose les familles à des risques sanitaires majeurs : impossibilité de conserver des médicaments vitaux tels que l’insuline ou les suppositoires pour nourrissons, engorgement des pharmacies et saturation des hôpitaux. Cette situation viole le droit fondamental à la santé et met en danger les vies les plus vulnérables, auquel pourrait s’ajouter aux chiffres des drames humains que connaît notre département.
Avec 40 % des infrastructures scolaires gravement touchées, l’éducation de nos enfants est compromise. Nous demandons l’envoi immédiat du génie civil pour sécuriser et réhabiliter les établissements les moins endommagés, permettant une reprise progressive et ordonnée des cours.
De nombreuses familles, contraintes de quitter Mayotte pour des raisons sécuritaires ou logistiques, risquent de retrouver leurs biens squattés ou pillés à leur retour. Nous exigeons leur rapatriement prioritaire, dans des conditions similaires à celles appliquées pour nos compatriotes déplacés à La Réunion mais aussi une durcissement de la lutte contre le squat, les bidonvilles à Mayotte.
Outre ces mesures immédiates, nous insistons sur la nécessité de réformes profondes pour répondre aux défis structurels exacerbés par cette crise :
Le cyclone Chido a mis en évidence la précarité des propriétaires face à un système assurantiel inadapté. Les exigences des compagnies d’assurance, souvent inaccessibles du fait de la situation de l’île, dissuadent les habitants d’assurer leurs biens car les assureurs refusent de rembourser comme nous l’avions vu lors des violences sur notre territoire.
Nous réclamons la création d’un fonds solidaire exceptionnel, garantissant une indemnisation équitable des sinistrés, notamment pour les propriétaires non assurés.
Compte tenu de l’état de catastrophe naturelle et calamité déclaré, nous sollicitons la suppression des impôts fonciers pour l’année en cours, en reconnaissance des pertes subies.
Les collectivités locales, quant à elles, doivent bénéficier de dotations spécifiques pour compenser l’effondrement de leurs recettes fiscales.
Le retour des constructions illégales dans les hauteurs, notamment des bangas*, constitue une menace grave en période de pluies : risques d’éboulements, prolifération d’épidémies et surmortalité.
Nous appelons à une application rigoureuse des règlements d’urbanisme pour prévenir ces drames prévisibles.
Monsieur le Premier Ministre, la situation que traverse Mayotte ne saurait être réduite à une simple calamité naturelle et à une médiatisation de "on fait" avec des chiffres erronés et déconnectés de la réalité. si l’État n’agis pas assez suffisamment pour Mayotte, cela révèlera encore une fois, une inégalité criante dans la prise en charge des territoires ultramarins, en contradiction flagrante avec les principes républicains de fraternité et d’équité territoriale.
Nous demandons à l’État de reconnaître l’urgence de la situation par des mesures extraordinaires :
- Un plan de reconstruction rapide et structuré, mobilisant toutes les ressources disponibles, y compris militaires.
- Une revalorisation des moyens humains et logistiques dédiés à Mayotte pour répondre aux besoins fondamentaux.
- Une réforme structurelle garantissant la résilience future de notre territoire face aux risques climatiques.
En tant que citoyens, nous vous rappelons que l’inaction ou les réponses insuffisantes engageraient la responsabilité politique, morale et juridique de l’État vis-à-vis de nos concitoyens.
Dans l’attente de votre mobilisation, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre haute considération.
Les Collectifs citoyens de Mayotte
Qui est responsable?
Mais que fait l'État?!
C'est vrai !
Mais que font les élus locaux? Que faisaient les élus locaux avant ce terrible cyclone?
La majorité des dégâts ont eu lieu dans les habitations précaires formant les bidonvilles installés dans les abords de Mamoudzou et en petite terre. Les élus ont laissé ces bidonvilles se construire depuis des décennies.
On peut se poser la question sur la responsabilité des élus (maires, présidents du conseil départemental, conseillers départementaux, préfets) actuels et précédents, qui laissent les personnes en situation irrégulière construire leurs petites cases en tôle sans autorisation sur des terrains appartenant en grosse majorité à la commune, au département ou à l'État et aussi à des particuliers qui se font voler leurs biens.
Les élus sont ils responsables de la mort de toutes ces personnes installées illégalement sur ces zones dont ils ont la responsabilité ?