Ce vendredi 10 janvier 2025, Santé publique France dévoile son point épidémiologique hebdomadaire à Mayotte. Ce dernier a été "réalisé dans des conditions opérationnelles compliquées et fragiles post cycloniques où les dispositifs habituels de surveillance sanitaire ont été très fortement impactés", écrit l'institution de santé. Il en ressort que les traumatismes sont le principal motif de consultation des centres médicaux de référence. Nous publions le communiqué ci-dessous. (Photo : AFP)
Cette surveillance continuera d’évoluer au fur et à mesure que les acteurs habituellement mobilisés pour la surveillance épidémiologique pourront reprendre leurs activités auprès des populations et contribuer à la collecte des données.
Contexte
Le passage du cyclone Chido à Mayotte, le 14 décembre 2024, a causé un lourd bilan humain, avec des milliers de blessés et plusieurs dizaines de décès signalés à ce jour.
Les destructions ont été également importantes, affectant à la fois les habitations et les infrastructures essentielles, notamment les hôpitaux, les écoles, ainsi que les réseaux électriques, hydrauliques, de transport et de communication.
Face à cette situation et à l'impact considérable sur les acteurs habituels de la surveillance (médecins, pharmaciens, biologistes, associations, etc.), une surveillance adaptée a été mise en place pour tenir compte des contraintes actuelles.
Ce point épidémiologique hebdomadaire présente une analyse des conséquences sanitaires de ce cyclone, basée sur les dispositifs de surveillance mis en place pour l’occasion, sur ceux encore opérationnels (comme le laboratoire du CHM) et sur ceux adaptés aux nouvelles conditions (tels que les urgences du CHM).
Cette surveillance continuera d’évoluer au fur et à mesure que les acteurs habituellement mobilisés pour la surveillance épidémiologique pourront reprendre leurs activités auprès des populations et contribuer à la collecte des données.
Cette situation exceptionnelle mobilise également une centaine de réservistes sanitaires actuellement présents à Mayotte.
Surveillance spécifique
Activités des urgences du centre hospitalier de Mayotte
Mis à part le nombre de passages aux urgences, les résultats présentés portent sur la période de présence de l’infirmier.e diplômé.e d’État (IDE) de la réserve sanitaire qui collige les données à l’entrée des urgences.
Les passages aux urgences ayant lieu en l’absence de l’IDE ne sont pas comptabilisés (cf note méthodologique en fin de document).
Du 30 décembre au 5 janvier (2025-S01), 1 047 passages aux urgences ont été enregistrés, soit une baisse de 21 % par rapport la semaine précédente (n = 1 331), cette diminution est principalement expliquée par la mise en place de l’hôpital de campagne Escrim le 24 décembre qui a absorbé une partie des recours aux urgences.
Parmi ces patients, 91 ont été hospitalisés, dont 14 en chirurgie orthopédique, 44 en pédiatrie, 15 en chirurgie générale et 18 en réanimation. Durant cette période, 4 décès sont survenus aux urgences ou en réanimation.
Les plaies et traumatismes étaient les principaux motifs de recours aux urgences du CHM, suivies des diarrhées et vomissements.
Parmi les patients ayant eu recours aux urgences du CHM, la classe d’âge la plus représentée est celle des 15 à 64 ans, suivie par celle des enfants de moins de 5 ans .
A date, il n’est pas observé d’augmentation des recours pour décompensation de maladies chroniques. Au CHM notamment, la prise en charge de complications de diabète conduit à des hospitalisations chaque jour.
Activités de l’hôpital Escrim
Depuis le 24 décembre 2024, l’hôpital de l’Escrim (élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale) est opérationnel.
Conçu pour prendre en charge 100 patients par jour, ce seuil a été dépassé dès le premier jour, il a accueilli 185 patients en moyenne par jour en semaine 2025-S01 et ce malgré l’ouverture le 28 décembre d’un dispensaire mis en place pour faire face au flux de patients arrivant à Cavani.
Comme pour les urgences du CHM, les plaies et traumatismes représentent une proportion importante des passages et constituent les principaux motifs de consultation à l’hôpital de l’ESCRIM, d’après les données des premiers jours.
Les passages codés comme étant en lien direct ou indirect avec le cyclone représentent environ 34 % des recours en fin de semaine 2025-S01 (vs 50 % en 2024-S52).
Au total, en semaine 2025-S01, 1 294 patients ont été pris en charge en ambulatoire par l’ESCRIM. Parmi ceux-ci, 42 ont été hospitalisés et 51 ont été transférés au CHM. Le dispensaire, quant à lui, a accueilli 773 patients sur la même période.
Activités des centres médicaux de référence (CMR) et des centres périphériques
Des données d’activité ont été remontées par trois CMR (Petite-Terre, Nord et Sud) et le dispensaire de Jacaranda. Ces données seront complétées au fur et à mesure des possibilités de remontées des différents centres.
Comme pour le site central du CHM, la classe d’âge la plus représentée dans les CMR est celle des 5-64 ans, suivie par les enfants de moins de 5 ans. Sur les journées des 4 et 5 janvier 2025, un seul centre a pu transmettre ses données, rendant l’interprétation difficile.
En semaine 2025-S01 (du 30 décembre 2024 au 5 janvier 2025), les traumatismes restaient le principal motif de consultation dans ces structures, suivis des troubles digestifs.
Les autres recours concernaient pour la plupart des pathologies respiratoires, des infections cutanées et la décompensation de maladies chroniques.