Déployés à Mayotte à la veille de l'arrivée du cyclone Chido, qui a touché l'île le 14 décembre 2024, 40 sapeurs-pompiers réunionnais sont rentrés dans leur île la semaine dernière. L'émotion était toujours aussi présente ce lundi, lors d'un temps d'échange entre eux et la direction, qui a souhaité les féliciter et échanger sur leur expérience sur place (Photo sly/www.imazpress.com)
Une réunion s'est tenue ce lundi dans les locaux de la caserne de Saint-Denis, à l'occasion de laquelle chacun des pompiers présents ont reçu un écusson en hommage à leur engagement à Mayotte.
"Nous avons tenu à prendre le temps d'échanger avec nos équipes, et honorer leur engagement", souligne Sophie Arzal, présidente du SDIS 974. Elle salut "l'efficacité opérationnelle" des équipes, et ce malgré "un environnement chaotique".
Si un blessé léger a été recensé parmi les Réunionnais déployés à Mayotte, Cyril Marimoutou, médecin commandant se félicite que "les équipes sont parties à 40, et sont revenues à 40".
Le cyclone, les pompiers l'ont vécu sur place. "En termes de vent, ça pouvait ressembler à ce qu'on a vécu à La Réunion. Mais en termes de dégâts, je n'avais jamais vu ça", souligne-t-il, interrogé par Imaz Press Réunion. "Les souvenirs sur place sont nombreux, mais je mettrai l'accent sur l'hyper-professionnalisme du détachement."
"Chaque personne vit le retour à sa façon, mais ce qui est difficile c'est de revenir dans cette période des fêtes, de retrouver nos familles, notre situation de confort, et revenir avec ces souvenirs. C'est assez complexe sur le plan humain, aujourd'hui on suit de très près l'ensemble du détachement sur le plan psychologique", assure Cyril Marimoutou.
Le lieutenant-colonel Elvis Chamand, chef du détachement de la mission, évoque de son côté "des sentiments qui vont dans tous les sens".
"C'est difficile de parler de ce qu'on vient de vivre : il y a eu la crise, le jour J, où le toit de la préfecture s'est envolé partiellement et qu'on a vécu avec beaucoup d'angoisse et beaucoup de stress. Et il y a eu l'après : le déploiement de tout le dispositif de secours, pour rétablir le réseau d'eau, d'électricité, rétablir les routes...Tout ça ne va jamais suffisamment vite", confie-t-il.
Il mentionne par ailleurs les étapes à venir : "Que sera Mayotte demain ? Qui restera à Mayotte ? Certains ne veulent peut-être plus rester, et si demain les Mahorais veulent se soigner, il faut des soignants, si les enfants mahorais doivent aller à l'école, il faut des enseignants."
Il rend par ailleurs hommage à ses collègues mahorais. "On a vécu cette mission aux côtés des pompiers de Mayotte, qui étaient avec nous sur le terrain alors que leurs familles étaient touchées, leurs logements étaient dévastés. On était que 40 pour les soutenir, et on a vu leur engagement complet et total."
- L'émotion toujours palpable à leur retour -
Hébergé à la préfecture lors du cyclone, située dans un quartier où les bâtiments sont "en dur", Elvis Chamand se rappelle "des toits arrachés dans le quartier". "Je n'ai jamais vu ça de ma vie, je me suis dit : c'est catastrophique".
Alors que Mayotte n'avait pas connu de cyclone aussi violent depuis 1934, il souligne le manque de préparation sur place. "Comment être prêt à gérer cette crise si elle n'est jamais arrivée ? Ils ne pouvait pas être prêts. Les infrastructures n'étaient pas prêtes, les hommes n'étaient pas prêts, les réseaux n'étaient pas prêts, et ça donne ce résultat catastrophique", souligne-t-il.
Très ému, il évoque "ces familles qui n'avaient rien à boire" au lendemain du cyclone. "Tous les services se sont activés, mais on avait plus de 300.000 personnes à assister. Il faut du temps, même avec toute la volonté du monde (...) On est passé de la catastrophe cyclonique à la catastrophe humanitaire."
Le sergent Quentin Ajorque, chef de l'unité cynotechnique, se rappelle "du dévouement des pompiers mahorais qui sont restés plusieurs journées sans nouvelle de leur famille, et qui sont restés sur le terrain". "Leur dévouement restera marqué dans mes pensées jusqu'à la fin".
Mobilisé pour rechercher des personnes sous les décombres et déblayer les voies, il a constaté "beaucoup de dégâts". Mais la chienne de l'équipe n'a pas pu travailler sur toutes les missions, en raison des conditions difficiles.
"On aurait envie de rester encore un peu pour aider la population. On est jamais prêt à voir ça. On a vu beaucoup de cyclones, mais comme ça, jamais. On est là pour sauver des gens, on a fait ce qu'on pouvait, mais on veut toujours faire plus en tant que pompier", conclut-il.
Les équipes de santé, aussi bien physique que mentale, sont mobilisées pour accompagner les 40 sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
Merci pour ces témoignages pudiques. Ce gouvernement méprisant et consort de la com auraient bien des leçons à prendre de vous, de vos mots qui sont exacts, humains et professionnels, à la hauteur du drame.
Merci pour Mayotte et ses habitants si patients devant l'incompétence d'état dans l'urgence. Votre témoignage est précis et précieux.
Courage à vous après le choc de ce chaos violent.
N'ayez pas peur les gras dites leur l'organisation de merde entre l'ARS et la préfecture. Qu'il n'y avait personne pour vous récupérer sur le tarmac !!!!
comment accueillir des réfugiés sur un territoire sur lequel 40.000 demandes de logements sociaux sont en attente ?" et "comment recevoir des élèves supplémentaires dans les écoles, collèges ou lycées qui connaissent déjà un sureffectif ?