Les RĂ©unionnais raffolent des bichiques. Mais ces prĂ©cieux petits alevins gris, dont le kilo dĂ©passe rĂ©guliĂšrement les 30 euros, sont victimes de leur succĂšs. Les autoritĂ©s tentent aujourd'hui de mettre un peu d'ordre notamment pour lutter notamment contre la pĂȘche intensive en mer
"Bichiques la montĂ©". Cette expression que l'on entend rĂ©guliĂšrement Ă l'approche des fĂȘtes de fin d'annĂ©es provoque une vĂ©ritable ruĂ©e des RĂ©unionnais sur les Ă©tals installĂ©s au bord des routes. Il est vrai que les bichiques font partie du patrimoine culinaire de l'Ăźle. VĂ©ritable caviar crĂ©ole, les prĂ©cieux alevins sont pĂȘchĂ©s aux embouchures des riviĂšres et se nĂ©gociant entre 30 et 45 euros le kilo.En dĂ©pit de leur coĂ»t particuliĂšrement Ă©levĂ©, les bichiques ne restent pas longtemps sur les Ă©tals. Il faut dire qu'ils sont assez rares et ne "montent" que trois Ă quatre fois par an. Ils se mijotent en cari avec une bonne dose d'ail, de tomates, de safran, de thym, de piment, le tout accompagnĂ© du traditionnel riz blanc et de l'incontournable rougail mangues (accompagnement pimentĂ© Ă base de mangue verte).
Mais avant d'arriver sur les tables, les bichiques font l'objet de bien des convoitises. Traditionnellement, ils sont pĂȘchĂ©s aux embouchures des riviĂšres dans des canaux amĂ©nagĂ©s et soigneusement entretenus par leurs propriĂ©taires.
Prisonniers des vouves
Et pour cause. Les cabots (les "parents" des bichiques) vivent et se reproduisent en riviĂšre mais, au moment de la ponte, ils gagnent la mer oĂč les ?ufs Ă©closent. Les alevins se mettent alors Ă remonter l'embouchure pour essayer d'arriver dans les riviĂšres. La plupart n'y arriveront pas et finiront leur route dans les "vouves" (du malgache "vovo", signifiant piĂšge. Il s'agit de nasses de cocotier ou de raphia tressĂ©es artistiquement).
Cette mĂ©thode de pĂȘche est aujourd'hui concurrencĂ©e par des pratiques plus radicales, l'utilisation de moustiquaires par exemple. Ăvidemment, cela n'est pas sans consĂ©quence. Au fil des annĂ©es, les bichiques se font de plus en plus rares. Pour enrayer cet inquiĂ©tant phĂ©nomĂšne, les autoritĂ©s tentent de mettre un peu d'ordre dans cette activitĂ©. Il faut savoir qu'il y a encore quelques annĂ©es, certaines pĂȘches se terminaient par des affrontements au couteau ou au fusil. Pour prĂ©server cette ressource, une FĂ©dĂ©ration des pĂȘcheurs de bichiques de La RĂ©union a vu le jour. Avec les autoritĂ©s, elle travaille Ă l'Ă©laboration qui permettra de rĂ©glementer cette pĂȘche traditionnelle. Ou comment allier protection de la faune et plaisir des gourmets.










