Logement indécents

"Douches mal réalisées", "défaut d'exécution", le directeur de la SIDR charge les entreprises

  • Publié le 7 mars 2016 à 16:17

Après la publication d'une charte intitulée "Infiltrations, malfaçons, retards de livraison, plus jamais ça", la SIDR, par la voix de son directeur, Bernard Fontaine, estime que "83% des problèmes rencontrés dans les logements par les locataires sont des problèmes d'étanchéité à l'eau". Il pointe du doigt la "perte de savoir faire, de technicité de la part des entreprises" qui construisent en particulier les salles de bains et qui, en raison de la conjoncture économique et des nombreux licenciements, "n'arrivent pas à suivre".

Depuis quelques temps, on voit régulièrement des personnes vivant dans des logements sociaux notamment, mais pas uniquement, se plaindre d’infiltrations, de malfaçons, de problèmes d’étanchéité ou autre, que se passe-t-il?

Tout d'abord, vous avez raison de dire que ce problème ne concerne pas uniquement les logements sociaux, c’est un problème général qui s’exprime de façon extrèmement simple. On livre des logements neufs à la SIDR, qui les achètent surtout auprès des promoteurs privés. Ces logement présentent toutes les garanties apparentes de fonctionnalité, ils ont l’air d'être parfaitement conçus, exécutés, ils sont beaux.

Trois ou quatre mois après leur mise en service, je pense particulièrement à 4 épices à Saint-Denis, les locataires constatent des infiltrations abondantes provenant pour l’essentiel de salles de bains dotées de douche à l’italienne, c’est-à-dire de douches carrelées qui sont posées à même le sol et qui sont mal réalisées.

Ce problème est dramatique. Les locataires n’admettent pas que des logements neufs soit si peu adaptés à l’usage pour lequel ils ont été conçus et financés avec l’argent du contribuable.

A qui la faute?

Le problème est double. Il vient dabord du fait que la SIDR a beaucoup acheté en vente en état futur d’achèvement (Vefa - la vente est signée alors que la construction n'a pas démarré). La SIDR est beaucoup intervenue pour aider les promoteurs privés à recycler en logements sociaux leurs projets immobiliers qu’ils n’arrivaient pas à commercialiser, à cause de la crise financière etc et, ce faisant, nous constatons aujourd'hui que beaucoup de promoteurs ne possèdent pas les compétences requises pour le faire.

Ce problème ne concerne pas uniquement la SIDR. Nous avons un organisme officiel, qui analyse les sinistres constatés dans le monde du batiment, et il montre que, pour la Réunion, 83% des problèmes rencontré dans les logements par les locataires sont des problèmes d'étanchéité à l’eau. Pourquoi cette concentration? Pour 90%, cette difficulté résulte de défauts d’exécution. Cela veut dire qu’il y a une perte de savoir-faire, de technicité de la part des entreprises. Les bailleurs et locataires souffrent aujourd'hui de cette difficulté qu’ont les entreprises locales, qui ont perdu beaucoup d’emplois, qui ont subi beaucoup de liquidations... Ces entreprises n’arrivent pas à suivre. L’outil de production est terriblement affaibli aujourd'hui.

Comment expliquer ensuite que les délais d'intervention soient si longs?

Comme il s’agit de promotion, nous ne sommes pas maître d’ouvrage. Nous achetons ces logements à des promoteurs, intervenir suppose donc de les relancer. La plupart du temps ils ne sont pas à la Réunion, mais à Paris, au Canada etc. Ils missionnent alors leurs assureurs, il faut que les assureurs missionnent des experts et, après avoir établi exactement l’origine du sinistre, les experts missionnent un prestataire pour intervenir.

Cela prend des mois. Si l’on suit les délais réglementaires, cela prend au minimum 6 mois. Je comprend que, dans ces conditions, les locataire soient excédés, et les associations de locataires jouent leur rôle lorsqu’elles nous signalent ces difficultés. Après, il faut bien identifier les causes, il n’y a pas de la part des bailleurs de laisser-aller, de désinvolture, il y a, au contraire, un sentiment d’inquiétude qui devient vraiment un sentiment d’angoisse mais nous avons pris la mesure du problème, nous allons faire le necessaire pour, très rapidement, venir à bout de ces difficultés.

Vous avez publié une charte intitulée ‘plus jamais ça’, qu'est-ce que vous entendez par là?

Nous avons plusieurs ordres de priorité. La première, nous attaquer aux logements neufs qui sont sinitrés. Nous avons recruté la semaine dernière un expert du bâtiment qui va être notre contrôleur technique qui se concentre exclusivement sur l’évaluation de ces dommages et qui aura pour rôle, une fois qu’il aura passé au peigne fin la totalité des immeubles neufs, de stimuler les réactions des assureurs, des experts pour que les choses aillent plus vite.

Deuxièmement, nous allons intervenir sur l’en-cours de production. Nous avons livré un peu moins de 1 000 logements l’année dernière, dont certains sont gravement sinistrés, et nous avons dans les tuyaux plus de 1500 qui seront livrés cette année. La priorité pour nous est de faire du préventif, pas du curatif. Nous allons intervenir pendant la phase de réalisation de ces équipements litigieux - de salle de bain en particulier - pour prendre toutes les mesures permettant de garantir la conformité de nos logements à l’usage que le locataire est en droit d’en attendre.

www.ipreunion.com

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