De Tuléar à Tananarive (Madagascar)

En passant par la route nationale 7

  • Publié le 18 avril 2009 à 08:00

La RN7 (route nationale 7) entre Tuléar et la capitale Tananarive (Nord de l'île). Un périple riche en rencontres attachantes et fort en émotions comme cette tranche de vie partagée avec Johary le vendeur de zébus

Une farandole de poussière rouge tournoie dans le ciel et retombe sur la savane en une pluie fine. Voilà bien deux bonnes heures que le tacot bringuebalant rempli de zébus se faufile entre les bosses d'une interminable piste de terre écarlate. À perte de vue, le grand Sud malgache déploie ses steppes grillées par le soleil brûlant.
Sur les 929 kilomètres de cette route reliant Tuléar (Sud) à la capitale Tananarive (Nord), seulement une quarantaine n'est pas bitumée.
Johary déteste cette portion chaotique de la Nationale 7. Il doit se rendre à Antsirabe au Sud de Tananarive, pour vendre ses zébus au grand marché. Il en a avalé du bitume sur la RN7 ! À chaque voyage pourtant il se laisse séduire. Entre sa province du Sud aride et les Hauts Plateaux verdoyants qui mènent à la capitale, les paysages étalent leur beauté unique.

Villes champignons

Délaissant la torpeur de Tuléar, sa ville aux reflets turquoises du lagon peuplé de pêcheurs Vezo, Johary est impatient de retrouver le massif ruiniforme de l'Isalo. Ce "Colorado malgache" au relief érodé de grès jurassiques, présente de profonds canyons entaillant des plateaux dénudés. La survie dans ce monde hostile a donné des adaptations biologiques étonnantes, comme le pachypodium, arbre-bouteille nain gorgé d'humidité.
Avant d'atteindre le massif rocailleux, Johary traverse précipitamment les villes champignons qui ont poussé le long de la rivière Ilakaka, entre Sakaraha et Ranohira. Depuis quelques années, des gisements de saphir sont exploités par de riches particuliers étrangers, la ruée vers "la fièvre bleue" a donné naissance à des abris de fortune et engendré une certaine insécurité. L'arme au poing, les milices protègent leur trésor...
Prudence encore lors du passage de la zone des Bara, pasteurs semi-nomades entichés du fier titre de "grand voleur de zébus de Madagascar". Enfin le tacot relâche la cadence, la vallée d'Ambalavao se dessine, lumineuse devant les contreforts sombres du massif de l'Andringitra.

Rizières étagées

Ambalavao marque la transition entre le Sud et les Hautes Terres. Climat et paysages se modifient avec l'altitude. Les habitations ne ressemblent en rien aux minuscules paillotes de la côte Sud. De hautes bâtisses en terre et briques rouges dominent les rizières étagées. En pays Betsileo, on produit de la soie sauvage, du tabac à chiquer, et on fabrique manuellement le célèbre papier antemoro.
Johary se détend. La moitié du voyage est achevée. Des troupeaux de zébus s'égrènent le long de la Nationale, les enfants s'éclaboussent dans les rivières sous le regard distrait des lavandières, un taxi-brousse toussote. Le soleil tire sa révérence, maquillant les collines d'une lumière lilas. La nuit va être fraîche. Dormir dans le tacot est loin d'être une réjouissance...

Pousse-pousse

Le moteur vrombit aux aurores et les kilomètres s'enchaînent. Aux abords de la ville cosmopolite de Fianarantsoa, vignes et plantations de thé se gorgent de rosée. La vie grouille déjà dans les quartiers populaires. Enroulés dans d'épais tissus colorés, chapeau enfoncé, les paysans s'agitent sur les marchés. Les journaux sont accrochés dans les gargotes, le cordonnier prépare ses clous.
Changement de décor: la route traverse une large forêt endémique, une rare survivante de la déforestation de l'île. Les vallées fertiles se succèdent. Les casseurs de briques entassent leurs pyramides de gravas le long des rizières. Enfin apparaît Antsirabe. Terminus.
Des milliers de pousse-pousse encombrent les rues, les mendiants s'accrochent au tacot. Johary a hâte de retrouver le Sud bien paisible. Il revoit le sourire de son fils quand il lui a donné cette petite pirogue pour jouer dans le lagon.
Loin de l'agitation de la RN7.

* Air Madagascar propose un tarif promotionnel en vol direct La Réunion - Tuléar de 377 euros hors taxes en basse saison, sur la classe économique.
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