Ibrahim Dindar (UCL) retire sa proposition sur les tests ADN

"Je vous demande pardon"

  • Publié le 27 septembre 2005 à 00:00

Ibrahim David Dindar, président de l'UCL (union centriste et libérale) et vice-président du conseil général de La Réunion, a été pris à partie ce mardi matin 27 septembre 2005 dans le hall du conseil général à Saint-Denis par des manifestants. Pour arrêter les trafics supposés de paternité, il avait proposé que des tests ADN soient pratiqués sur les enfants nés de mère comorienne et de père Réunionnais ou Mahorais. Ibrahim Dindar a publiquement demandé pardon à ceux que ses propos auraient "heurtés" ou "blessés"

"Jamais, je le jure, je n'ai voulu blesser ou offenser qui que soit. Je n'ai fait qu'émettre une proposition. Elle devait être mauvaise puisqu'elle vous a choqué. Je vous présente publiquement mes excuses. Je vous demande pardon". Debout sur une chaise dans le hall du conseil général Ibrahim Dindar fait face à quelque 200 manifestants. "C'est bon" lui répondent ces derniers. "Il a fallu lutter pour que ces excuses sortent de sa bouche, mais il a fini par les formuler" ajoute l'un des manifestants. C'est la fin d'une matinée de tension générée par les propos tenus par Ibrahim Dindar en fin de semaine dernière. Il avait proposé que des tests ADN soient pratiqués sur les enfants nés de mère comorienne à Mayotte ou à La Réunion afin de prouver leur paternité française et d'endiguer "les flux d'immigration clandestine". Ibrahim Dindar affirme en effet qu'il existe en effet un trafic de paternité à La Réunion ou à Mayotte. Selon lui, des mères de famille comorienne viennent accoucher dans l'une de ces deux îles et demandent à des pères fictifs, Réunionnais ou Mahorais de reconnaître leurs enfants qui sont ainsi Français par droit du sol et droit du sang.

Vif émoi

À la Réunion, terre de métissage et d'accueil, ces déclarations ont immédiatement soulevé un très vif émoi. Au sein des communautés mahoraise et comorienne bien sûr mais également chez bon nombre de Réunionnais. D'où l'appel à manifester lancé pour ce mardi matin par
plusieurs associations comoriennes, mahoraises, de défense des droits de l'Homme et de lutte contre le racisme et la xénophobie. 200 personnes, de toutes origines, y ont répondu. Il y avait des personnalités et des anonymes, certains avec des gants et des seringues. "Nous allons dire à M. Dindar que nous sommes d'accord pour qu'on nous fasse de tests ADN, mais nous voulons lui en faire un à lui aussi pour savoir s'il a du sang de Le Pen dans les veines" ironisait le danseur Ismael Aboudou.

Démission

Aux cris de "Dindar démission", "Dindar raciste", les manifestants se sont dirigés du jardin de l'État au conseil général. Ils ont demandé à rencontrer Ibrahim Dindar. Ce dernier était absent, mais il faisait prevenir qu'il arrivait. "Nous attendrons jusqu'à minuit s'il le faut" lançait un manifestant. Puis la foule se mettait à réciter des versets du coran. "Ce sont des prières que l'on dit dans les veillées portuaires, car ce qu'à dit Ibrahim Dindar c'est la mort de la démocratie" expliquait un jeune homme.
Le vice-président du conseil général arrivait quelques instants plus tard. La bousculade était immédiate. Les invectives "Raciste" ou encore "Le Pen" fusaient dans la foule. Ibrahim Dindar disait à Saïd Larifou et Samuel Mouen, deux des organisateurs, qu'il était prêt à rencontrer une délégation. "Non, vous vous êtes adressé à tout le monde lorsque vous avez demandé les tests ADN, c'est devant tout le monde que vous devez vous expliquer" répliquaient les manifestants. "Je ne peux pas discuter dans ces conditions, c'est un lynchage" lâchait alors Ibrahim Dindar visiblement énervé avant de tenter de forcer le barrage de la foule.

Bousculade

Une brève bousculade s'en suivra. Protégé par les organisateurs l'élu finira par sortir de la foule, la chemise déchirée par des manifestants qui voulaient le retenir dans le hall.
Les esprits se sont ensuite calmés et une délégation a finalement rencontré Ibrahim Dindar dans une salle de réunion. Après plus d'une heure de discussion, Ibrahim Dindar a finalement accepté de faire des excuses publiques à la communauté comorienne et mahoraise.
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