Grèves et mouvements de protestation se multiplient depuis un mois

La Réunion assise sur un volcan social

  • Publié le 12 juin 2013 à 05:00

Vie chère, hausse du chômage, disparition du RSTA, grèves longue durée à répétition... La Réunion vit dans climat social très tendu depuis plusieurs semaines. Une tension qui ne semble pas près de retomber, avec la grève des stations services ce jeudi 13 juin et les menaces des transporteurs routiers.

Rarement l’île intense n’aura aussi bien porté son nom. Non pas que le Piton de la Fournaise se soit subitement réveillé, mais c’est le secteur social qui est en ébullition depuis plusieurs semaines.

Les salariés de Carrefour Sainte-Suzanne et les dockers de la Sermat avaient allumé les premières mèches au milieu du mois de mai. La grogne a ensuite gagné la Cilam, puis le secteur automobile (Renault, Citroën...), avant la SHLMR  (société d’habitations à loyer modéré de La Réunion) ce lundi, les stations services ce jeudi et peut-être bientôt les transporteurs routiers...  Des mouvements marquants, perturbants, qui ont tendance à s’ancrer dans le temps entraînant des conflits de plusieurs jours, avec des grévistes de plus en plus déterminés à ne rien lâcher.

Un sentiment de défiance – pour ne pas dire de colère - vis-à-vis des patrons et des classes dirigeantes en général se répand dans beaucoup d’entreprises de l’île. Comme si le fossé ne cessait de se creuser entre " nantis " et travailleurs, à l’image du conflit à la Cilam où les salariés réclamaient leur part des 7 millions de bénéfices réalisés par l’entreprise.

Sans compter que tous ces conflits se déroulent sur fond de disparition du RSTA (revenu supplémentaire temporaire d’activité) le 31 mai dernier, une aide dont bénéficiaient encore près de 40 000 Réunionnais.

" On sent que la situation se dégrade de jours en jours. On va être rapidement confronté à de nombreux problèmes sociaux, au-delà du simple cas du RSTA ", prévenait le 30 mai dernier Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR. Signe que les temps sont durs, les syndicats en oublieraient d’ailleurs presque leurs divisions pour faire front commun. Dans la tempête, on se serre les coudes.

C’est que tous ces mouvements épidermiques à répétition font échos à un sentiment  touchant une grande partie de la population de l’île : la crainte face à un avenir de plus en plus incertain. Touchée par près de 30 % de chômage – plus de 50 % chez les jeunes –, La Réunion est une île en crise. Et la crise véhicule avec elle toute une pléiade d’angoisses et de réflexes d’autoprotection.

Alors refleurissent les revendications salariales, les mouvements de préférence locale à l’emploi, les manifestations de défense du pouvoir d’achat ou les initiatives solidaires à l’instar de la coopérative de Jean-Alain Cadet. Si les récents conflits ont fini par s’achever sur des accords forcés entre grévistes et direction, la poudrière sociale n’en demeure pas moins incandescante.

www.ipreunion.com

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1 Commentaires
Run
Run
11 ans

Quelles responsabilités les syndicats cherchent -ils à assumer ? Il y a près de 30 % de chômeurs, les prix de ventes sont trop élevés et il faudrait augmenter les salaires 3 fois plus ou 5 fois plus que l'inflation. La production locale n'est pas compétitive elle perd des volumes chaque année sauf ceux qui sont en situation de monopole, et la grande distribution fait semblant de les aimer. Alors finalement que faut - il faire aider les chômeurs en aidant les entreprises locales a créer des emplois moins chers ou aider les salariés pour qu'ils aient des salaires plus élevés ? Car faire les deux il faudrait que la CGTR nous explique ....