Transport en commun

Le Trans Eco Express trace sa voie

  • Publié le 12 juillet 2011 à 06:00

La Région, l'Etat, la Cirest, la Cinor la Civis et la CASud ont signé ce lundi 11 juillet 2011 la convention cadre pour le programme Trans Eco Express. Cet acte fondateur prévoit le subventionnement par la Région d'achats de bus écologiques et de travaux d'aménagements de voies qui leur seraient dédiées sous certaines conditions. Fait notable, cette signature s'est faite en l'absence du conseil général.

"Un moment historique", ce sont les termes utilisés par Michel Lalande, préfet de La Réunion, pour qualifier la signature de cette convention cadre. "Il est rare de voir autant d'acteurs tomber d'accord sur un projet", se félicite le représentant de l'Etat. En effet, 9 mois après la signature des nouveaux accords de Matignon, la Région est parvenue à convaincre les intercommunalités de l'île (Cirest, Cinor, Civis, CASud) d'adhérer au programme Trans Eco Express.

Deux acteurs étaient absents autour de cette table. D'une part, le TCO qui, selon les services de la Région, "avait prévenu de son absence et s'en est excusé". D'autre part, le Département, un des principaux acteurs du transport en commun à La Réunion via son réseau Car Jaune. Pourtant, le 23 mai dernier, Pierre Vergès, vice-président au conseil général en charge du transport, avait affirmé que le Département était prêt à "jouer le jeu" dans le cadre du programme Trans Eco Express.

Pourquoi alors cette absence remarquée lors de la signature de la convention cadre ? Pierre Vergès justifie cette absence par une "volonté de la Région de mettre les collectivités sous tutelle". Il évoque notamment "l'obligation pour les signataires d'apposer sur les nouveaux bus financés par la Région d'une charte graphique présentant les grands projets du conseil régional". "Habituellement, on appose le logo de l'organisme financeur. On ne fait pas sa publicité. Il est hors de question de signer cette convention tant que la Région ne reverra pas sa position sur ce point", explique Pierre Vergès.

Avec ou sans le Département, le Trans Eco Express va désormais tracer sa voie. Ce programme financé par l'Etat, l'Europe et la Région prévoit le déblocage de 250 millions d'euros pour l'aménagement de voies dédiées à la circulation de bus "propres" (écologiques ou hybrides). 40 projets d'aménagements ont déjà été actés par les services de la collectivité. Ces projets concernent les 4 coins de l'île et certains "ont déjà démarré", signale-t-on du côté du conseil régional.

Parmi les 40 projets, un concerne l'entrée ouest de la ville de Saint-Denis, en attendant la mise en place de la nouvelle route du littoral, prévue pour 2017. Ce projet prévoit l'utilisation des bandes d'arrêt d'urgence comme une voie de circulation pour les bus tout le long de la route du littoral. Une fois le tunnel passé, le bus emprunterait un pont ou un radier pour traverser la Rivière Saint-Denis. Une voie dédiée lui permettrait ensuite de rejoindre la gare routière. Selon laRégion, ce système devrait permettre aux bus de faire la liaison Ouest-Nord en 30 minutes au lieu de 54 minutes actuellement. Le début des travaux est prévu pour le début de l'année 2012. Son coût est estimé à environ 8 millions d'euros.

La Région se propose également de subventionner les projets d'achats de bus "propres" qui lui seront présentés par les intercommunalités. La collectivité propose de participer à hauteur de 60 à 80% dans le cadre d'une création ou d'une extension de ligne, et à hauteur de 30 à 40% en cas de renouvellement du parc de bus.

Les premières commandes de bus viennent d'être lancées. Selon Fabienne Couapel-Sauret, vice-présidente au conseil régional en charge du programme, environ 115 bus ont déjà été commandés par les communautés de communes. La plus grosse demande est à mettre sur le compte de la Civis qui prévoit l'achat de 42 bus électriques et hybrides "dans un premier temps". "Les premiers véhicules devraient être mis en service à la fin de l'année 2011 ou au début de l'année 2012", assure Fabienne Couapel-Sauret

115 bus vont donc circuler sur les routes réunionnaises après plus d'un an et demi de mandature de Didier Robert. A quantité annuelle fixe, il devrait donc y avoir moins de 500 bus mis en circulation d'ici la fin de la mandature de Didier Robert, en 2014. On est bien loin des 2 000 bus promis par le président de Région lors de la campagne des régionales de mars 2010.

Interrogé sur ce sujet, l'élu reconnaît qu'il n'y aura pas 2 000 bus sur les routes d'ici 2014 et se défend d'avoir fait une telle promesse. "Je disais qu'un vrai maillage de transport en commun nécessite 2 000 bus au total. C'est un objectif à atteindre", affirme-t-il. Le programme de la liste de Didier Robert aux régionales semble pourtant clair : "investissement de 650 millions d'euros pour la mise en place du "Trans Eco Express" consistant à mettre en service 2 000 bus roulant au GPL et circulant sur des voies réservées dans l'ensemble des 24 communes pour couvrir toutes les villes, les quartiers et les écarts, peut-on y lire. "Je me suis mal exprimé à l'époque", rétorque le président de Région.

A noter que la Région et les autres collectivités vont désormais se pencher sur le Schéma régional des infrastructures et des transports (SRIT). L'objectif étant la mise en place d'une nouvelle gouvernance des transports, en lien avec l'ensemble des Autorités organisatrices de transport (AOT). Cette structure devrait notamment permettre la mise en place d'un tarif unique sur l'ensemble des réseaux de transport. Sur ce point, le Département a réaffirmé sa volonté de poursuivre sa collaboration avec la Région et les communautés de communes.

Mounice Najafaly pour
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