Issu d'un vignoble de montagne, le vin de Cilaos se bonifie. La dénomination "Vin de pays" lui a été décerné par l'Office National des Vins. Cette jeune filière entend se moderniser et véhiculer l'image positive d'un terroir et de ses hommes
Petit vin deviendra grand... À Cilaos, l'expérience de la vigne a été concluante. Le potentiel viticole existe bel et bien dans ce vignoble implanté entre 800 et 1 000 mètres d'altitude. "Nous sommes passés de l'étape expérimentale à l'étape de reconnaissance. De plus, le vin de Cilaos est le seul vin européen de l'hémisphère Sud", indique non sans un brin de fierté Bruno Rangé, maître Chai ?nologue. Mais le chemin vers le succès aura été long et difficile.Si le vin est apparu à La Réunion en 1665, dès le début de la colonisation, ce n'est que dans la seconde moitié du XIXe siècle que la vigne va se développer, avec le peuplement des cirques de Cilaos, de Mafate et de Salazie. L'introduction en 1860 du cépage "Vitis labrusca", l'isabelle (qui vient d'Amérique) va aussi y contribuer. Ce cépage présente plusieurs atouts : il s'adapte parfaitement au climat de Cilaos, résiste aux maladies et présente une bonne productivité. Mais, il y a hic majeur : le vin est de qualité médiocre.
Avec la sévère attaque du phylloxera qui détruit les variétés nobles de plants de vigne en France en 1868, la colonie se voit interdite d'introduire dans l'île, de nouveaux cépages plus nobles. Pendant, les années qui vont suivre, l'île ne pourra donc pas développer son vignoble.
45 000 bouteilles
C'est en 1975 que la filière va enfin évoluer. L'État confie à l'IRFA/CIRAD, la sélection des cépages nobles. Le chenin, le malbec et le pinot noir, cépages agréés par le ministère de l'Agriculture sont introduits à La Réunion. Les producteurs cilaosiens développent alors un vignoble sur 11 hectares de terres. Ils se regroupent en coopérative en 1992, assistent à des stages de formation et investissent dans des équipements : pressoir pneumatique, système de contrôle des températures, cuveries inox et laboratoire d'analyse des vins. Autant d'efforts qui leur permettent d'améliorer la qualité de leur vin.
En 1998, la production du vin de Cilaos se chiffre à10 000 bouteilles. Ce nombre est passé à 45 000 en 2005. "L'objectif, d'ici 2010, est de mettre 20 hectares de terre sous culture de vigne, ce qui correspond au quota octroyé par l'Europe. La production passerait ainsi de 45 000 bouteilles à 100 000", précise Bruno Rangé.
Le vin réunionnais devient une filière reconnue. En 2004, la dénomination "Vin de pays" lui a été décerné par l'Office National des Vins. Pour Bruno Rangé, "il est temps de songer au développement de la filière à Cilaos, mais également dans d'autres régions de l'île". L'idée est aussi de commercialiser le vin de Cilaos en lui construisant une image de terroir en lien avec le tourisme. Pour l'heure, la commercialisation du produit se fait essentiellement à la Maison des Vins à Cilaos, dans les restaurants du cirque et chez quelques cavistes de l'île. Pas facile donc de le trouver. Mais, ce qui est bon est rare, dit-on...
0 Commentaires