Société

Les poppers interdits à la vente

  • Publié le 13 juillet 2011 à 06:00

Les poppers, substances inhalées pour leur effet euphorisant, sont totalement interdits à la vente depuis le 7 juillet 2011 sur le territoire français par les autorités sanitaires en vertu d'une réglementation sur les stupéfiants. Ce produit ne pourra désormais être fourni que sur ordonnance. Pourtant, à La Réunion, on trouve toujours des poppers dans les sex shops.

La décision d'interdiction de vente des poppers fait suite aux données parues dans le Baromètre Santé 2010, réalisé par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes). Selon cette étude, l'utilisation du nitrite d'alkyle (composante du poppers) a augmenté considérablement depuis 2007, année de sa réintroduction sur le marché. En 2005, seuls, 3,9 % des 18-64 ans en avaient consommé au cours de leur vie. En 2010, ils étaient plus de 5,3 % (chiffres nationaux).

Pourtant, "la consommation de poppers est très nocive pour la santé", a affirmé Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de Lutte contre les Drogues et Toxicomanies lors de la présentation du Baromètre Santé 2010. Ce que confirme le docteur Dafreville, spécialiste en addictologie. Les poppers provoquent d'une part une addiction sexuelle, mais peuvent aussi provoquer des problèmes cardiaques "pouvant entrainer la mort".

C'est pour limiter ces risques qu'un décret a été publié au Journal Officiel le 29 juin dernier. "L'offre et la cession au public des produits, à l'exception des médicaments, contenant des nitrites d'alkyle aliphatiques, cycliques ou hétérocycliques et leurs isomères sont interdites", peut-on lire dans le décret. Les poppers ne sont théoriquement plus accessibles au public si ce n'est suite à une prescription.

Ce n'est pas le cas dans les sex shops de l'île, où sont vendus la plupart du temps les poppers. On y trouve encore des capsules dans certaines boutiques. Dans un des magasins, le propriétaire se défend d'être dans l'illégalité. "Il n'y a aucune interdiction. La vente des poppers est libre", affirme-t-il. Dans un autre magasin, le vendeur affirme "écouler les derniers stocks". "Ensuite, je n'en commanderai plus tant que sa vente sera interdite", assure-t-il.

Cette interdiction ne constitue pas un important manque à gagner pour ces entreprises, à en croire les professionnels du secteur. "La demande n'est pas très forte", indique une des personnes interrogées. Ce que confirme un autre vendeur : "Nous en vendons moins d'une trentaine par mois. Les consommateurs doivent essentiellement commander via internet", commente-t-il. Une tendance qui devrait, selon lui, s'accentuer avec cette nouvelle mesure.

Le docteur Dafreville se réjouit quant à lui de l'annonce de cette mesure mais avoue "douter" de son efficacité. "Trop de produits addictifs dangereux sont en vente libre dans les commerces", regrette-t-il. C'est notamment le cas du Gamma-Butyrolactone, un décapant pour les jantes de voitures, ou encore de "l'Ice", un produit à base de méthamphétamine. Ces deux substances auraient des effets euphorisants. "Tant que les pouvoirs publics ne prendront pas de mesure draconienne contre tous ces produits, il y aura toujours des comportements à risque", prévient le médecin spécialiste.

Mounice Najafaly pour
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