Une prime annuelle d'environ 9 000 euros attribuée par la sécurité sociale aux médecins généralistes s'ils atteignent un certain nombre d'objectifs. C'est en substance la teneur du protocole signé entre l'Assurance maladie et trois syndicats de médecins. Le dispositif existait déjà, il sera étendu à tous les médecins généralistes, et à terme à tous les spécialistes, une fois que toutes les instances syndicales et le gouvernement auront donné leur aval.
"C'est une très bonne nouvelle", se réjouit Patrice Humbert, vice-président du syndicat des Médecins Généralistes de La Réunion (MG Réunion) à l'annonce de cette signature. Pourtant, son syndicat n'a pas toujours été favorable à cette mesure qui existe en réalité depuis 2009 sous la dénomination de CAPI (Contrat d'amélioration des pratiques individuelles". L'adhésion au CAPI se faisait sur la base du volontariat. Le médecin généraliste devait atteindre un certain nombre d'objectifs pour obtenir une prime."A l'époque, nous avons refusé de mettre en ?uvre la mesure", se souvient Patrice Humbert. Et pour cause, "le CAPI suivait surtout une logique économique plutôt que médicale. C'est comme si on nous disait "soigne de la même façon mais dépense moins"", commente-t-il. Selon MG Réunion, environ 12 médecins généralistes (sur un total de 820) avaient adhéré au CAPI à La Réunion.
La Sécu semble avoir revu sa copie dans ce nouveau projet de convention qui étend la prime à tous les médecins généralistes. Il prévoit que les praticiens pourront toucher jusqu'à 9100 euros par an de prime "s'ils respectent un certain nombre d'objectifs". "Parmi eux figurent par exemple l'atteinte d'un taux défini de patientes de plus de 50 ans participant au dépistage du cancer du sein, l'envoi d'un nombre minimum de feuilles de maladie électroniques ou encore la prescription d'une certaine proportion de médicaments génériques", détaille le Figaro. Au total, une trentaine d'objectifs a été établie. Pour être éligibles à la prime, les médecins devront atteindre au moins la moitié des objectifs.
Le syndicat MG France jusque là hostile à ce principe a cette fois signé le protocole. "On privilégie enfin une logique médicale au lieu de la logique économique", justifie Patrice Humbert. "On ne compte plus les boîtes que les médecins vont prescrire mais de quelle manière ils vont soigner le patient au meilleur coût", détaille le président de MG Réunion.
Reste que les objectifs fixés ne vont pas au delà des fonctions liées au métier même de médecin généraliste. Pourquoi alors leur attribuer cette prime ? Patrice Humbert justifie la création de cette prime par l'absence de revalorisation des salaires des médecins généralistes sur ces 10 dernières années. "En 10 ans, les salaires des spécialistes ont augmenté. Ceux des généralistes n'ont pas bougé. C'est donc un juste rattrapage des choses", argue le vice-président de MG Réunion.
A noter que le projet de nouvelle convention médicale comprend par ailleurs de nouvelles mesures. Il est notamment question de mesures pour inciter les médecins à exercer dans les "déserts médicaux" et la création de nouveaux types de consultations (dépistage de mélanome, sortie de maternité, patients atteints d'Alzheimer).
Enfin, un point reste en suspens, celui de l'encadrement des dépassements d'honoraires. Cette question devrait faire l'objet de négociations à la rentrée mais UFC Que Choisir a déjà fait part de son opposition sur ce sujet, parlant de projet "désastreux" et d' "aubaine" pour les médecins.
Mounice Najafaly pour
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