Tribune libre du PLR

Reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur les Chagos : une victoire historique mais le compte n’y est toujours pas

  • Publié le 8 octobre 2024 à 11:39

Le PLR exprime sa profonde satisfaction à la suite de l’adoption de l’accord entre le Royaume-Uni et Maurice, qui reconnaît enfin, après plus de 55 ans de lutte acharnée, la souveraineté de Maurice sur l’archipel des Chagos. Cet accord représente un moment décisif dans l’histoire du droit international et marque une avancée significative dans la quête de justice du peuple chagossien, longtemps privé de son droit fondamental à l’autodétermination et à la souveraineté sur ses terres.

L’histoire des Chagos est indissociable des luttes anticolonialistes du XXe siècle. En 1965, trois ans avant l'indépendance de Maurice, le Royaume-Uni a illégalement détaché l’archipel des Chagos du territoire mauricien afin de créer ce qui allait devenir le Territoire britannique de l'océan Indien (BIOT). Ce démembrement a été dénoncé par l'Assemblée générale des Nations Unies à travers la résolution 2066 (XX) en 1965. Il a conduit à l'expulsion forcée des Chagossiens entre 1968 et 1973, dans ce qui reste l'un des exemples les plus honteux du colonialisme de la deuxième moitié du XXe siècle.

Nous félicitons chaleureusement les nombreux militants et défenseurs de cette cause, notamment notre cher camarade Olivier Bancoult, leader historique du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), et une pensée émue pour Lisette Talate, qui n’ont jamais relâché leurs efforts pour obtenir justice. Leur persévérance contre ce qui fut l’un des derniers bastions du colonialisme britannique est un modèle de courage et d’engagement. Ce combat, initié par une poignée de réfugiés chagossiens, a trouvé écho dans les plus hautes juridictions internationales, notamment la Cour internationale de justice (CIJ) qui, dans son avis consultatif de 2019, a fermement déclaré que la décolonisation de Maurice n’avait pas été complétée tant que l’archipel des Chagos n’avait pas été restitué.

Cependant, nous dénonçons avec fermeté le fait que cet accord ne couvre pas la question centrale de l’île de Diego Garcia, où la présence continue de la base militaire américaine constitue une violation flagrante du droit international, un point souligné à plusieurs reprises par les résolutions des Nations Unies. Le maintien de cette installation militaire symbolise une militarisation inacceptable de l’océan Indien, en contradiction directe avec la volonté internationale exprimée dans la Déclaration de l’océan Indien comme zone de paix, adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 16 décembre 1971 (résolution 2832 (XXVI)).

Alors que ce pas vers la reconnaissance de la souveraineté mauricienne doit être salué, nous réaffirmons que la pleine justice ne sera atteinte que lorsque toutes les parties de l’archipel, y compris Diego Garcia, seront rendues à Maurice et que le peuple chagossien pourra librement retourner sur ses terres ancestrales. Nous appelons la communauté internationale à continuer de soutenir ce processus et à œuvrer pour la démilitarisation complète de la région, afin que l’océan Indien puisse devenir, comme le stipule la déclaration de 1971, une véritable zone de paix, à l’abri des rivalités géopolitiques.

Le PLR reste résolument engagé dans cette lutte pour la justice et la paix, en soutien au peuple chagossien et aux idéaux de liberté et de souveraineté pour toutes les nations.

Pour La Réunion

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