Une dizaine de personne du collectif "Sauv nout téat grand marché", était réunies ce vendredi 22 avril 2016, aux portes du théâtre pour défendre ce lieu culturel. Le collectif, qui s'est constitué le 11 avril, rassemble déjà près d'une centaine de spectateurs ou professionnels, inquiets de voir la politique culturelle de la Ville de Saint-Denis changer. Le 31 mars 2016, la municipalité a en effet fait part au préfet de sa volonté de transférer le label de "Centre dramatique de l'océan Indien", dont jouit actuellement le Théâtre du Grand Marché, à La Fabrik. Dès 2017, le Théâtre du Grand Marché deviendrait un "théâtre municipal".
C'est surtout le procédé et les termes employés qui choquent les membres du collectif. "Nous avons apris le projet de la Ville par une lettre à la préfecture ou par voie de presse", s'indignent-ils.
En effet, le collectif s'est procuré la lettre envoyée par la direction du développement culturel de la Ville de Saint-Denis au préfet, en date du 31 mars 2016. Dans cette dernière, la collectivité écrit que le contrat qui la lie au Théâtre arrivant à expiration au 31 décembre 2016, "la municipalité de Saint-Denis ne souhaite plus positionner le label actualisé de Centre dramatique national (CDN) au Théâtre "du Grand Marché", pour "le localiser dans un lieu moins vétuste et sans doute plus adapté(...) et a formulé la proposition de transférer le CDN à "La Fabrik", qui "semble être une bonne option", notamment parce qu'il bénéficierait du "rayonnement régional de la Cité des Arts voisine".
Un lieu "populaire"
Pour les membres du collectif, c'est un coup de couteau dans le dos. "La ville prend part à des comités de pilotages réguliers, le dernier était en novembre 2015, et jamais aucun reproche n'a été fait au Théâtre. Et là, d'un coup, on découvre qu'il ne convient plus, qu'il est trop vétuste, trop élitiste, pas assez populaire", s'indigne Nicolas Laurent, salarié et membre du collectif.
"Quand la ville prétend qu'elle veut en faire un théâtre municipal plus populaire, on ne comprend pas ce qu'elle veut dire. Le taux de remplissage est de 90%, 5000 scolaires sont reçus chaque année, que reproche-t-on au théâtre?", s'indigne Jean-Louis Levasseur, professeur de théâtre et membre du collectif. 10.000 spectateurs sont ainsi venus voir un spectacle dans la grande salle en 2015 et 3.000 en décentralisation.
Calendrier, financements, programmation, devenir des personnels, beaucoup de questions sont soulevées par le collectif, et pour l'instant, elles restent sans réponse. "Que va devenir le personnel du Grand Marché, mais aussi les 12 personnes qui travaillent à La Fabrik?", questionne Claude Lermène, directeur du Séchoir et membre du collectif. D'autres s'interrogent sur la capacité de La Fabrik à devenir CDOI, estimant que "ce lieu n'est pas équipé pour cela". Le Collectif critique vivement la volonté de la Ville de tout regrouper aux alentours de la toute nouvelle Cité des Arts.
"Une transgression des règles démocratiques"
Au passage, pour le théâtre, la perte du statut de CDOI signifierait la perte des financements liés au label, provenant "à 50% de l'Etat", souligne le collectif. "On ne comprend pas que seul l'un des partenaires, la Ville de Saint-Denis, puisse prendre une telle décision. C'est une transgression des règles démocratiques. La Ville est certes propriétaire des locaux, mais l'Etat, la Région et le Département apportent également leurs financements. Cette décision doit se faire dans la concertation, et pas de manière unilatérale, insiste Nicolas Laurent. Ce que nous demandons, c'est une discussion, pour décider ensemble de l'avenir de ce lieu".
Une entrevue est prévue mardi 26 avril entre des membres du collectis et les services de la Ville de Saint-Denis. Dans un communiqué, adressé hier aux rédactions, la Ville de Saint-Denis, disait vouloir "éclairer au mieux les administrés" en expliquant sa position, et assurait ne pas vouloir la mort du Théâtre du Grand Marché.
En attendant l'entrevue avec la municipalité, le collectif est mobilisé. Constitué le le 11 avril dernier, il rassemble déjà près de 100 personnes, professionnels du spectacle, acteurs culturels, artistes, enseignants, étudiants ou tout simplement spectateurs. Le collectif est également présent en ligne, avec une page Facebook qui compte 680 fans, et une pétition sur Avaaz.org a déjà recueilli plus d'un millier de signatures.
La Cerise, café culturel de Saint-Paul, se "délocalisera" au Grand Marché demain, pour apporter son soutien au collectif, ce samedi.
C'est quoi, un centre dramatique national ?
Les centres dramatiques sont au nombre de 38 en France, et celui de la Réunion est le seul hors de l'Hexagone. Ils ont pour particularité d'être dirigés par des artistiques et leur mission principale est la création artistique.
www.ipreunion.com
la mairie de Saint-Denis veut fermer ce théâtre soi-disant parce-qu'il n'est pas assez populaire ! mais c'est quoi être populaire ? alors qu'il y a eu dans ce théâtre toutes sortes de prestations en créole, en français , du classique au plus moderne, de toute façon il y a une volonté délibérée de détruire la culture à la Réunion, il n'y a plus non plus de prix littéraire réunionnais à part le prix métis qui est international et la prix en langue créole, c'est le nivellement par le bas, alors que la culture en général aide à remonter et à relever le niveau de tous, quand la culture est aux mains des élus qui décident de tout, c'est fini pour la créativité ainsi que pour l'élévation de l'individu d'un point de vue spirituel autant que temporel
Question : un rapport aurait été remis à la ville comme quoi le théâtre est "vétuste" (sic). Qui sont les auteurs de ce rapport ? peut-être que la réponse donnerait une indication sur le collectif.