Les Electropicales font leur retour au Barachois ces vendredi, samedi et dimanche. L'occasion pour le festival de célébrer ses 15 ans d'existence, avec une programmation toujours aussi éclectique - et surtout de qualité. 40 artistes programmés sur deux jours, un dimanche - gratuit - consacré à la légende de la disco Cerrone...Le Barachois va de nouveau trembler (Photo d'archive)
"D’une pelouse d'un terrain de rugby où tout a commencé, nous voilà désormais au Barachois" débute Thomas Bordese, directeur des Electropicales, lors de la traditionnelle conférence de presse de lancement du festival. "Il y a 15 ans, qui aurait prédit un tel avenir ?"
"L'idée a toujours été de créer un événement propre à l’identité réunionnaise, d'où notre engagement à ce que la moitié de programmation soit locale. La musique électronique était un pari, alors qua La Réunion est une terre de maloya, mais nous avons su démontrer qu'elle a toute sa place dans l'île" souligne Thomas Bordese.
Ce week-end, entre 3000 a 4000 personnes sont attendues chaque soir. Le dimanche, un concert gratuit de Cerrone - pillier français du disco et précurseur de la French Touche. "C'est un cadeau que nous avons souhaité faire aux festivaliers."
Le député Frédéric Maillot était convié à cette conférence de presse, lui-même étant musicien. "On dit souvent que pour qu'un festival arrive à maturation, il faut entre 7 et 10 ans. On peut dire que c’est le cas pour les Electropicales" déclare-t-il. "Vous avez su donner un festival de qualité et quantitatif. Il est clair que La Réunion à sa place dans la musique électronique" ajoute-t-il, s'adressant aux organisateurs.
Les Electropicales "participent au rayonnement de La Réunion, c'est le plus gros festival d'électro de l'océan Indien et il attire des médias internationaux" note le député. "Cela créé une dynamique de territoire, et participe à la cohésion sociale. C’est tout l’apport de la musique" estime-t-il.
- Des artistes de renom -
Techno, House, Rap, Jazz Electro ou Sound system reggae, les styles sont toujours aussi éclectiques avec des artistes réunionnais, internationaux et de l’océan Indien avec cette année "une mixité entre Mozambique, Ile Maurice, Kenya, Afrique du Sud et La Réunion", dixit Thomas Bordese.
Les festivaliers pourront notamment retrouver Nans, Labelle, Aurélie Zémire, Agnesca B2B Cyrilman, Eat my butterfly, So Watts, Théo Muller...côté artistes locaux.
L'occasion de (re)découvrir les talents péi, à l'image de Labelle qui présentera son nouvel album qui sortira ce vendredi, "Noir Anima". Mélange d'électro et maloya, sa musique s'est exportée au-delà de La Réunion. "J'ai la chance d'avoir pu apporter ma petite pierre à l'édifice des artistes ayant popularisé le maloya en-dehors de l'île" sourit-il. "Faire rentrer un peu de maloya dans les scènes internationales, c'est une grande fierté."
"Demain, je présenterai mon nouvel album qui mélange la techno et le maloya, donc quelque chose de très dansant" explique-t-il. "J'adore la techno depuis gamin, et j'ai trouvé des liens assez subtils entre les deux. Pour moi ce sont des musiques de transe, ce sont des musiques qui ont un lien avec l'Afrique, la techno est née à Détroit, dans les ghettos américains" rappelle Labelle. "A la base, ces musiques ont vraiment les mêmes graines". Ecoutez :
Fidèle à son habitude, le festival accueillera des artistes venus de l'Hexagone mais aussi de l'étranger, dont Paula Temple et Manu le Malin, deux légendes de la techno.
"C'est la première fois que je viens à La Réunion, cela fait des mois que j'attendais ce moment" s'enthousiasme Paula Temple, interrogée par Imaz Press Réunion. Véritable monument de la techno, cette artiste d'origine anglaise et basée à Berlin, est dans le métier depuis plus de vingt ans. "On m'a demandée de jouer ici il y a plus de six mois, et j'ai immédiatement dit oui" sourit-elle. "Le public français est l'un des meilleurs, je suis très curieuse de voir ce que ça donne ici."
Pilier de la techno industrielle, elle n'hésite pas à mélanger les sous-genres. "Je célèbre la liberté à travers la techno : mon son est donc puissant, fort et explosif. J'adore explorer tous les styles de techno, que ce soit de la trance, du hardcore, de la techno classique...C'est ce que vous entendrez demain soir" dit-elle.
Forte de 20 ans d'expérience, Paula Temple a usé de sa voix au fil des ans pour combattre la mysoginie au sein de la scène musicale. Elle a fondé son propre label Noise Manifesto, en 2015, sur lequel elle veille à ce que 50 % des artistes représentés soient des femmes ou des personnes transgenres.
"Il y a eu des améliorations ces dernières années, mais on peut toujours faire mieux. Il y a encore du chemin à faire, mais je n'aurais pas pu imaginer il y a dix ans les programmations que l'on voit aujourd'hui. Maintenant, c'est parfaitement normal de voir des femmes dans les line-up. Malheureusement, il existe toujours une pression pour se sexualiser, d'être jeune, de rentrer dans la norme...Cela met de la pression sur les personnes qui n'entrent pas dans les normes de genre, qui ne sont pas hétéronormatives" analyse-t-elle.
"Je suis complètement obsédée par la techno, j'en écoute au moins 8 heures par jour. C'est ma vie, c'est une obsession, je suis extrêmement chanceuse d'en avoir fait mon métier" confie Paula Temple. "Je vais profiter de la journée pour découvrir tous les artistes réunionnais qui sont programmés au festival" conclut-elle.
Pour les retardataires, il est encore possible de se procurer des préventes jusqu'à minuit ce jeudi. Rendez-vous vendredi à 18h pour l'ouverture des portes.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com