Des files d'attente importantes se sont formées depuis tôt ce mercredi matin 15 décembre 2010 devant les services des impôts des particuliers (SIP) de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Sous peine de majoration, les contribuables ont en effet jusqu'à ce mercredi soir pour payer leur taxe d'habitation. Les deux centres ne peuvent faire face à l'afflux. "Les gens veulent tout payer et ils n'y arrivent pas. C'est un vrai scandale. Ce dysfonctionnement est une conséquence directe de la fusion, sans mise à disposition de personnels supplémentaires, entre les services des impôts et du trésor" remarque Jean-François Maillot de la CGTR - Finances publiques. "La tension est palpable tant au niveau des agents que des contribuables" note Pascal Valiamin de l'Union Snui-Sud Trésor public. Des délégations de syndicalistes sont présentes devant les deux SIP "pour dire le mécontentement des agents et soutenir le public"
Vers 9 heures près 200 personnes était déjà présentes devant le SIP de Saint-Paul. Une bâche "qui fait plus office de four que de protection" estime François Maillot, a été installée à l'extérieur pour tenter d'offrir un abri aux contribuables qui attendent. "Un système de filtrage a été mis en place, on ne laisse entrer les gens que par petits groupes et on leur donne un ticket" explique Éric Métro de l'Union Snui-Sud. "Le chef de centre nous a affirmé que les gens auraient finalement jusqu'au 20 décembre pour payer et qu'il n'y aura pas de pénalité. Mais dans le même temps, un représentant de la direction nous a précisé que seuls les contribuables munis d'un ticket retiré ce jour ne seront pas majorés. Il faudrait qu'ils se mettent d'accord" lance François Maillot. "Beaucoup de personnes sont reparties sans prendre de ticket, il ne faudrait pas qu'elles soient pénalisées" prévient le syndicaliste.À Saint-Pierre en milieu de matinée, il y avait moins de monde à l'extérieur "parce que l'accueil du SIP est plus grand que celui de Saint-Paul" indique Pascal Valiamin. "Depuis ce matin, les collègues ont reçu plus de 500 personnes. Comment voulez-vous ne pas avoir de tension entre les agents et le public qui a attendu pendant plusieurs heures? Le personnel n'a pas les moyens d'offrir un véritable service public" commente-t-il.
C'est également cette notion de service public non respectée qui soulève l'indignation de Jean-François Maillot. "Ces contribuables ont déjà attendu pendant 2 heures à la Poste pour retirer l'argent de leur impôt et lorsqu'elles arrivent ici pour payer, elles ne peuvent pas le faire. Ce n'est pas ce qu'elles sont en droit d'attendre du service public" s'insurge le représentant de la CGTR - Finances publiques. "52% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et n'a pas de chéquier. Ces personnes n'ont donc pas la possibilité de régler leurs impôts par chèque, ni par virement d'ailleurs puisque cela est une opération compliquée pour les personnes âgées ou celles qui ont des difficultés à lire et à écrire" commente-t-il.
C'est une nouvelle fois la fusion entre les services des impôts et du trésor qui est désignée comme la responsable de tous les maux. Les syndicalistes jugent "mauvaise" la nouvelle organisation de la réception du public. Une seule caisse est à la disposition du public et l'agent affecté aux encaissements ne peut évidemment que recevoir une personne à la fois. "C'est lamentable. Le fait de ne pas mettre en place les effectifs suffisants est la preuve qu'il n'y aucune volonté de correctement accueillir le public, il n'y a que du mépris" tempête Jean-François Maillot. "Les collègues vivent très mal cette situation. Les tensions sont inévitables et surtout ils estiment qu'ils ne sont pas là pour traiter les gens comme des numéros" ajoute-t-il.
"Sincèrement les Réunionnais sont patients, je dirai presque trop patients. Il n'est pas acceptable qu'ils soient traités de la sorte" termine Pascal Valiamin.
Mahdia Benhamla pour