EnquĂȘte sur l'habitat insalubre Ă  la RĂ©union

"L'enfant, victime collatérale du mal-logement"

  • PubliĂ© le 25 mai 2010 Ă  04:00
Logement précaire à la Réunion

La Fondation AbbĂ© Pierre prĂ©sente ce mardi 25 mai 2010 son rapport sur le mal logement Ă  la RĂ©union. Une enquĂȘte de terrain a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par le cabinet NEO. Il ressort de ces Ă©tudes que "l'enfant est la victime collatĂ©rale du mal-logement" explique Christian Ballet, directeur rĂ©gional de la Fondation AbbĂ© Pierre. Dans ce rapport 2010, la Fondation fait part de ses propositions pour lutter contre l'habitat insalubre.

En 2007/2008, l'ßle comptait 16 235 logements insalubres recensés. Une baisse de 28 % de l'insalubrité était constatée entre 1999-2008. Un logement sur 2 était en trÚs mauvais état. Une insalubrité essentiellement diffuse. 75 % des logements insalubres étaient situés dans des espaces urbains de faible densité.

Le parc locatif social est de 53 778 logements, au 1er janvier 2010 et correspond Ă  environ 20% des mĂ©nages rĂ©unionnais. Une Ă©tude rĂ©cente (novembre 2009) de l'IEDOM indique que 2/3 des mĂ©nages pourraient prĂ©tendre Ă  un logement social et qu'il serait nĂ©cessaire de construire 10 Ă  11 000 logements par an d'ici 2015. A cela il faut ajouter une trĂšs forte progression du prix des logements constatĂ©e depuis 5 ans (appartement ou maison, neuf ou ancien) avec une hausse de 80 % pour les maisons et de 65 % pour les appartements (alors que l'indice du coĂ»t de la vie a progressĂ© de 10 % de 2000 Ă  2005). Le problĂšme du foncier est considĂ©rĂ© comme trĂšs aĂŻgu Ă  la RĂ©union oĂč les espaces urbanisables sont rĂ©duits (1/3 du territoire), dĂ©taille la Fondation AbbĂ© Pierre.

Le mal logement n'est "pas une vue de l'esprit à la Réunion et si nous ajoutons aux personnes qui vivent dans des logements insalubres, celles qui n'ont pas de toit, celles hébergées dans des conditions peu satisfaisantes et les situations de "surpeuplement accentué" le chiffre de 100 à 120 000 ne paraßt pas farfelu, soit 12 à 15% de la population. Ce sont donc plus de 20 000 enfants qui sont touchés par cette situation" annonce Christian Ballet.

Cette investigation permet de souligner que "les conflits et la tension conjugale sont souvent préexistants à l'installation dans le logement, que la situation de mal logement envenime ceux-ci la plupart du temps et que des disputes peuvent naßtre à partir des conditions de mal logement en particulier celles liées à la surpopulation : bagarres entre enfants et conflits familiaux" analyse la Fondation.

Le mal logement et la santé physique des enfants seraient liés selon cette étude. "Les familles évoquent les problÚmes de santé à répétition et la fragilité de leurs enfants dans le contexte du mal logement. Pour eux, l'humidité, la moisissure, le manque d'isolation, l'eau froide sont responsables des difficultés rencontrées par les enfants et des conséquences sur l'état de santé et parfois la "mauvaise scolarisation"" indique le rapport 2010.

Les parents des enfants sondĂ©s "se montrent trĂšs prĂ©sents Ă  leur maniĂšre sur le plan du suivi scolaire ; si beaucoup rencontrent des difficultĂ©s pour aider les enfants dans leurs devoirs, ils font le maximum pour vĂ©rifier si le travail est rĂ©alisĂ© et considĂšrent l'Ă©cole comme essentiellement un lieu d'apprentissage de connaissances et d'obtention de diplĂŽmes si possible. Par contre, ils ont tendance Ă  se replier sur eux-mĂȘmes pour ne pas montrer l'Ă©tat de leur logement" nuance le directeur rĂ©gional.

Dans l'Ă©tat actuel de cette enquĂȘte, il apparaĂźt que les 6-12 ans sont particuliĂšrement vulnĂ©rables au mal logement, surtout dans le cadre de l'acquisition des apprentissages scolaires et de la socialisation. Ils seraient de 3000 Ă  5000 dans cette situation Ă  la RĂ©union.

La Fondation prĂ©conise d' "accroĂźtre la production de logements locatifs sociaux pour rĂ©pondre aux besoins des RĂ©unionnais en mettant en place un plan de construction de 5 000 logements sociaux par an pendant 5 ans", de "reconsidĂ©rer les crĂ©dits mobilisĂ©s dans la loi de finances 2010 qui demeurent largement insuffisants au regard des besoins" et d'"accĂ©lĂ©rer et finaliser les projets de maisons-relais Ă  la RĂ©union qui constituent une rĂ©ponse de logements adaptĂ©s et durables pour des personnes fragiles et isolĂ©es". Une stratĂ©gie mobilisant l'Ă©tat et les communes Ă  travers les PCRHI (plan commun de rĂ©sorption de l'habitat insalubre) doit ĂȘtre Ă©laborĂ©e. La fondation demande par ailleurs la crĂ©ation d'un service public de l'hĂ©bergement et de l'accĂšs au logement.

La taille du parc de logements nécessaires en 2015 est estimée à 355 000 logements et à 468 000 logements en 2030. Ce parc atteint 285 100 logements au 1er janvier 2006, rappelle la Fondation Abbé Pierre.

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