Football - Métropole - Augmentation des agressions sur les hommes en noir

À La Réunion on ne tire pas souvent sur l'arbitre

  • Publié le 20 juillet 2012 à 07:00

Selon l'observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 5 417 arbitres de football ont été pris pour cibles lors de matchs amateurs par des joueurs ou des supporters. Un chiffre en augmentation de 9,7% par rapport à l'année précédente. A La Réunion, les hommes en noir sont au nombre de 315. Si en règle générale, ils n'ont pas de mal à exercer leur rôle sur les pelouses, ils ne sont pas pour autant à l'abri des violences verbales. Les attaques physiques, quant à elles, sont rares, mais existent. En 2011, on dénombre ainsi trois agressions sur des arbitres, et en début de saison 2012, deux jeunes joueurs s'en sont pris à celui qui est le garant des lois du jeu.

Arbitre depuis 22 ans, Didier Ringuin est conseiller technique régional en arbitrage à la ligue réunionnaise de football. Selon lui, dans le département, les hommes en noir sont rarement pris à partie. Il reconnaît en revanche que "les arbitres sont parfois insultés", mais "les violences physiques restent rares".

Le conseiller technique ajoute que cette année, une agression sur arbitre a été recensée en début de saison. "C'était un match qui se passait chez les jeunes à La Possession. Deux joueurs ont contesté une sanction de l'arbitre et s'en sont pris à lui physiquement", explique Didier Ringuin.

Depuis 2006 et le vote de la loi Lamour, toute agression à l'encontre d'un arbitre est un délit plus sévèrement puni par la justice, puisque les hommes en noir "sont dépositaires d'une mission de service public", rappelle Irshad Abdul Munaf, président de l'UNAF (union nationale des arbitres de football) à La Réunion.

En cas d'agressions sur des arbitres, les joueurs risquent la radiation, ou une suspension de très longue durée. "Au niveau juridique, tout dépend de la gravité de l'acte", explique Irshad Abdul Munaf. "Ça peut être une amende, des travaux d'intérêt général, et ça peut aller jusqu'à l'emprisonnement", ajoute-t-il.

L'UNAF a noté trois agressions physiques sur des arbitres en 2011, et deux en 2010. "Il y a beaucoup d'insultes sur les terrains, mais c'est rare qu'on en arrive aux mains", précise Irshad Abdul Munaf. Toutefois, "depuis 2010, on observe une recrudescence de violences sur les terrains. Même si l'arbitre n'est pas systématiquement la cible, il y a des cas isolés où il est malmené", explique-t-il. "Il faut faire attention, rester vigilant", poursuit-il.

Par ailleurs, Irshad Abdul Munaf souligne que "ce sont essentiellement les jeunes qui font preuve de violence verbale à l'encontre des arbitres". Ce que confirme Didier Ringuin. Pour lui, "les joueurs de 15 à 17 ans sont les plus difficiles à contenir". "Comme dans la société en général, les adolescents ont du mal avec l'autorité et ce n'est pas toujours évident d'obtenir leur respect", explique Didier Ringuin. "Il faut savoir discuter avec eux, leur faire comprendre les lois du jeu. Souvent, les agressions viennent d'un manque de connaissance des règles", confie-t-il.

Quand on lui demande si être arbitre est un métier à risque, Didier Ringuin répond : "On est arbitre avant tout par passion. Comme tout milieu où est exercée l'autorité, les arbitres peuvent se faire insulter, attaquer, c'est difficile de se faire respecter, mais ça fait partie du jeu". Il estime qu'aujourd'hui, les violences sont "moins fréquentes" grâce à un "meilleur encadrement des joueurs".

Si les arbitres sont rarement agressés, la violence est pourtant bien présente sur les terrains. En 2011, l'UNAF a recensé 28 bousculades, 132 comportements violents, 206 échanges de coups, 318 gestes et/ou propos blessants, et 117 menaces et intimidations sur les stades de foot de l'île. De plus, ce sont 42 matchs qui ont dû être arrêtés suite à un incident.

A La Réunion, en octobre 2011, un observatoire des comportements dans le football amateur a été créé. L'objectif : faire reculer la violence dans les stades par des actions de prévention et de sensibilisation notamment.

Samia Omarjee pour
guest
0 Commentaires