Amaury Lavernhe, champion du monde 2010 de bodyboard

"Le plus dur, c'est de rester au sommet"

  • Publié le 12 janvier 2011 à 06:00

Amaury Lavernhe est actuellement sur l'île pour se ressourcer. L'occasion pour le Réunionnais de revenir sur sa saison 2010 de bodyboard qui a été couronnée par un titre de champion du monde sur le circuit de l'IBA World Tour Bodyboarding. C'est la première fois qu'un Réunionnais et plus largement un Français montait sur la plus haute marche du podium. Pour Amaury Lavernhe, ce titre est le fruit "de beaucoup de travail tactique et physique tout au long de l'année". Actuellement, le bodyboardeur profite des vagues réunionnaises avant de reprendre la compétition, le 15 février prochain à Hawaï pour la première étape du championnat du monde. Le sportif se fixe un objectif, conserver son titre. Un objectif "difficile" de son propre aveu. "C'est bien d'arriver au top, mais le plus dur c'est de rester au sommet", confie t-il. Rencontre avec l'un des sportifs réunionnais qui a marqué l'année 2010.

* Amaury Lavernhe, vous avez remporté le titre de champion du monde de bodyboard en 2010. Racontez-nous comment vous avez vécu cette année ?

- Ce fut une longue saison. Elle a commencé en février 2010 avec la première étape à Hawaï. Elle a été déterminante pour la suite de la saison. Au début, je m'étais fixé comme objectif d'être dans le top 5, puisque j'avais terminé 6ème en 2009. Après ma victoire à Hawaï, mes objectifs ont changé et j'ai tout de suite visé la 1ère place. Ensuite les compétitions se sont enchaînées, avec l'Australie en avril, l'Amérique latine en mai où j'ai fini 2ème au Pérou et au Chili. Dès ce moment, je n'avais plus d'autre choix que de viser le titre. Du coup, je me suis mis à m'entrainer très durement, à surfer sur tous les types de vagues et j'ai fais en sorte de rester en forme jusqu'à la fin de la saison. Je suis donc arrivé en Europe en étant bien préparé.

* C'est lors de l'étape européenne, au Portugal, que vous avez remporté le titre de champion du monde. Vous vous y attendiez ?

- Je ne m'attendais pas du tout à remporter le titre au Portugal. Il s'agit d'une des étapes les plus dures du championnat avec des vagues de sable. Je ne suis pas trop un spécialiste de ce type de vague puisqu'on n'en trouve pas trop à La Réunion, sauf un peu à l'Etang-Salé. Ce fut donc une bonne surprise de gagner au Portugal et de remporter le titre par la même occasion. J'ai été officiellement sacré le 8 décembre dernier, après la dernière étape aux Canaries. Ma famille et mes amis étaient là. Ce fut un grand moment d'émotion.

* A 25 ans, vous êtes le premier Français champion du monde de bodyboard. Comment êtes-vous arrivé à ce résultat ?

- C'est beaucoup de boulot depuis que je suis tout jeune. J'ai eu la chance de vivre depuis ma plus petite enfance à La Réunion où il y a des vagues magnifiques. J'ai commencé le sport très tôt. Dès l'âge de 10 ans, je faisais du bodyboard. J'ai ensuite été encadré très tôt. A l'âge de 12 ans, je faisais ma première compétition. A 13 ans, je participais à mon 1er championnat de France et à 14 ans, je remportais mon 1er titre de champion de France. Ensuite, j'ai gravi les échelons en participant d'abord au tour européen, puis au tour mondial.

* Vous dites que pour arriver à ce niveau, c'est "beaucoup de boulot". Quel est votre rythme d'entraînement ?

- Généralement, je m'entraîne 2 fois par jour. Cela dépend des vagues évidemment. A côté, je prépare aussi mon physique. Il faut être solide physiquement pour surfer des vagues extrêmes. Je fais donc du renforcement musculaire, du stretching et du vélo. J'ai aussi commencé depuis 2 ans le jujitsu brésilien. Tout cela me permet d'avoir un bon équilibre et m'apporte beaucoup de confiance lors des compétitions. Il faut avoir un bon mental pour être au top. C'est essentiel à ce niveau.

* Vous semblez vivre constamment dans la compétition. N'est ce pas pesant à un moment ?

- C'est sûr que c'est pesant de penser tout le temps à la compétition. Entre chaque épreuve, on a généralement des pauses d'un mois. L'an dernier, je n'ai pas pu beaucoup rentrer à La Réunion pour une question de budget mais j'espère pouvoir revenir plus souvent sur l'île en 2011. En 2010, j'étais à fond dans la compétition mais j'ai bien compris qu'il faut savoir s'évader pour trouver un bon équilibre. Je mettrai cela en pratique cette saison.

* Vous évoquez la saison 2011. Comment l'abordez-vous ?

- La première étape débute le 15 février, à Hawaï mais je m'envolerai pour les Etats-Unis dès le 5 février. Hawaï, c'est l'une des compétitions les plus médiatisées au monde. Il faudra donc bien gérer mon stress. J'arrive avec le statut de champion du monde. C'est un statut à double tranchant. D'un côté, j'aurai le sentiment d'être au centre de toutes les attentions. De l'autre côté, j'aurai moins l'impression que j'ai quelque chose à prouver. Ce sera à moi de gérer aux mieux l'évènement. C'est bien d'arriver au top, mais le plus dur c'est d'y rester. Ensuite, les compétitions s'enchaineront avec l'Australie en avril, le Chili en mai, le Mexique en juillet, le Portugal en août, La Réunion en octobre et les Canaries en décembre. J'espère pouvoir revenir sur l'île entre chaque étape pour me ressourcer.

* Le championnat du monde de bodyboard revient à La Réunion en 2011. Comment accueillez-vous cette nouvelle ?

- C'est une grande satisfaction. Cela fera 10 ans en 2011 que le circuit IBA World Tour Bodyboarding ne s'était pas arrêté à La Réunion (ndlr- la dernière épreuve sur l'île remonte à 2001, à l'Etang-Salé). Cela demande beaucoup d'argent et beaucoup d'effort mais tout le monde est super motivé pour cette étape qui se droulera Saint-Pierre. De plus, elle aura lieu à la fin d'année, elle pourrait donc être décisive pour le titre.

* Quelle est l'épreuve du championnat que vous attendez le plus ?

- L'étape qui m'excite le plus est celle du Chili. La températures de l'eau est certes à 15°C mais c'est là qu'on a les meilleures vagues. Ce sont de grosses vagues de 2 à 3 mètres. C'est ce dont les bodyboardeurs ont besoin en compétition. J'attends impatiemment cette étape.

Mounice Najafaly pour
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