Réaliser 60 ascensions du Piton des Neiges en un an, soit 100.000 mètres de dénivelé positif en ramassant les déchets trouvés sur le parcours : c’est le défi que s’est fixé Sébastien Bilocq, un traileur-triathlète installé depuis 10 ans à La Réunion. Une manière comme une autre de combattre un des fléaux de notre île : la pollution de la nature (Photo D.R./ Sébastien Bilocq)
On connaissait le plogging, une pratique née en Suède il y a une dizaine d’années, qui combine le jogging et le ramassage de déchets. Plogging vient de la contraction de plocka upp ("ramasser" en suédois) et de jogging.
La pratique s’est ensuite diffusée un peu partout dans le monde, participant à la prise de conscience générale de la pollution des déchets, en ville et dans la nature.
Un Français, Nicolas Lemonnier, a même développé une application, Run Eco Team, pour permettre à ses pratiquants de se retrouver en groupe sur un lieu ou un parcours. Le patron de Facebook, Marc Zuckerberg, avait créé le buzz en annonçant dans ses vœux pour l’année 2018 s’engager pour cette cause...
Un Réunionnais a décidé de développer le concept et d’y ajouter du dénivelé. Lancé au début de l’année, le défi que s’est lancé Sébastien Bilocq s’appelle "100.000 à zéro".
- Gravir 60 fois le Piton des Neiges en 52 semaines -
Concrètement, il s’agit de gravir 60 fois le Piton des Neiges en 52 semaines, soit 100.000 mètre de dénivelé positif et de ramasser les déchets trouvés dans le sentier et au sommet, pour arriver idéalement à "zéro déchet".
Toutes ses sorties sont enregistrées et consultables sur Strava. La page Facebook et le compte Instagram du même nom ("100 mille à 0") ont été lancés ce lundi 3 février 2025.
Comment l’idée est venue à Sébastien Bilocq ? "Je suis monté au Piton des Neiges au moment de Noël. Il y avait 200 personnes au sommet, plein de drones, mais aussi beaucoup de déchets, des couvertures de survie qui s’envolaient dans les cirques avec le vent. Ca a été le déclic. Je me suis dit "si je fais le Piton des Neiges une fois par semaine, ça fait presque la distance de la Terre à l’espace et on rajoute un engagement pour une belle cause".
Un sacré challenge pour ce trailer-triathlète de bon niveau (Top 25 au Trail de Bourbon, 2 top 10 à la 0-3000 en triathlon et duathlon, une victoire à la Verticale des Remparts, ancien membre de la Team Raidlight…) qui sort de deux années compliquées par des opérations chirurgicales.
- Les épluchures nourrissent les souris qui nourrissent les chats errants qui tuent les oiseaux endémiques de La Réunion-
Sébastien Bilocq a déjà réalisé six ascensions au mois de janvier, dont deux fois deux ascensions en une journée. Autrement dit, il est légèrement en avance sur son programme annuel. Mais le planning de Sébastien est déjà bien rempli avec son cabinet de kinésithérapie installé à la Rivière Saint Louis (5 collaborateurs) et ses 2 grands enfants, sans compter la météo, jamais facile à prévoir au sommet de l’Océan Indien.
Le message que veut transmettre ce grand gaillard aux yeux verts et à la tignasse rousse est simple : "les Réunionnais, les touristes savent ce que le Piton des Neiges signifie comme effort, le sentiment de satisfaction qu’on a quand on arrive au sommet. Je voudrais qu’ils ressentent également la satisfaction de réaliser ce sommet proprement, c’est à dire en redescendant ses déchets. Le Piton des Neiges, c’est le sentier de tous et les déchets de chacun !".
Lors des précédentes ascensions, il a ramassé de tout : des emballages de nourriture, des bouteilles en plastique d’eau minérale, des chaussettes, même une paire de chaussures et… beaucoup d’épluchures.
"Il faut ramener tous les déchets, y compris les épluchures" précise Sébastien, "parce que les épluchures nourrissent les souris qui nourrissent les chats errants qui tuent les oiseaux endémiques qui nichent dans les Hauts. Il y a tout un circuit derrière !".
On voit dans la vidéo un nombre incroyable de souris à 3.000 m d’altitude. Or, il n’y a rien d’autre au sommet du Piton des Neiges que les miettes des sandwichs des randonneurs et leurs épluchures de banane ou d’orange.
- "Je ne souhaite pas être le Monsieur Poubelle du trail à La Réunion" -
Qu’on ne s’y trompe pas : Sébastien n’a pas l’intention de devenir "l’éboueur du sentier du Bloc".
Il ne pèse pas le poids des déchets ramassés à chaque sortie, ne calcule pas leur volume. Il prend juste des photos. "Je constate que ce sentier très fréquenté est également très pollué. Même quand je fais deux allers-retours dans la journée, il y a encore des déchets". Ce Franco-Suisse ne veut pas comparer l’état moyen des sentiers réunionnais avec la propreté immaculée des Alpes suisses.
Mais il s’interroge sur les causes de ce fossé : "S’il y avait des poubelles fermées à l’entrée du sentier du Piton, ainsi qu’en bas du sentier du Taïbit, peut-être ce serait différent ?" s’interroge t-il.
La doctrine de l’ONF (Office National des Forêts, qui estime trop compliqué de ramasser des poubelles en montagne et donc a supprimé les rares bacs présents, en pariant sur le civisme des randonneurs) est régulièrement remise en question par des professionnels du tourisme et utilisateurs réguliers des sentiers. "Je ne veux pas être un donneur de leçon, plutôt un porteur de solution et de sensibilisation".
- Bonus-malus sur les déchets -
Au-delà du défi personnel, cet amoureux de la nature invite ainsi ses proches, ses amis, mais aussi le maximum de traileurs et randonneurs de l’île à le rejoindre pour préserver le trésor que représentent les montagnes, cirques et remparts de La Réunion.
Enfin, Sébastien Bilocq devrait rencontrer rapidement des associations comme la Srepen (la Société Réunionnaise pour l’Étude et la Protection de la Nature) et des institutions pour s’assurer de véhiculer les messages les plus adaptés.
Il conclut en nous donnant rendez-vous le 29 novembre 2025, pour la 60ème ascension lors de l’édition 2025 de la 0-3000, le triathlon qui associe natation dans le lagon de Saint Pierre, montée à Cilaos en vélo et ascension du Piton des Neiges à pied.
En attendant de voir les organisateurs de courses en montagne de La Réunion mettre en place un système de bonus-malus sur les déchets rapportés jusqu’à l’arrivée…
xl/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Abîmer le sentier n'est pas mieux. Trop de randonneurs veulent se faire remarquer. Ces endroits sont très fragiles, leur accès devrait être limité. Beaucoup, touristes et néo arrivants compris, salissent des endroits autrefois immaculés. La multiplication des courses de montagnes dans des endroits plutôt sauvages il n'y a pas si longtemps décourage les vrais marcheurs qui n'ont pas besoin de mettre leurs faits et gestes en ligne. On veut faire de la Réunion un Disney land alors que son âme est sauvage. C'est la terre des Marrons. Sa nature dans tous les sens du terme doit être respectée.
Oté ! mais comment c'est possible d'aimer la montagne et d'avoir un comportement aussi débile 🤬
si mi sali mi nétoy ... si ou sali ou nétoy
LA RÉUNION,l'île intens...ément dégueulasse,habitée par des porcs.
Bravo à lui mais c'est Sisyphe et son rocher , car il y aura toujours des porcs parmi les randonneurs et les coureurs !
Enfin un qui agit. Les autres et en premier lieu les institutions (surtout le Parc national…) ne font que parler et écrire.
Du buzz.
Mais pour les déchets, nous vivons avec des cochons…. C’est grave, il fera donc bien….