Durant le mois de juillet 2022, de nombreux éboulements ont eu lieu du côté du cassé de la Rivière de l'Est situé à Sainte-Rose. Le peloton de la gendarmerie de haute montagne (PGHM) a d'ailleurs effectué une reconnaissance aérienne le 25 juillet , montrant la présence d'un important cône d'éboulis au pied du cassé de la Rivière de l'Est. Des effondrements qui ne sont pas sans rappeler l'éboulement survenu en 2020. Cependant, face à ces aléas naturels, le captage d'EDF situé en contrebas reste protégé. (Photos : © SAG-PGHM)
Aline Peltier, directrice de l’observatoire volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF) , nous explique "qu’il n’est pas rare d’observer des éboulements au niveau de tous les escarpements de La Réunion". Elle ajoute, "il faut savoir que La Réunion présente un relief marqué avec des nombreux cassés et falaises instables qui subissent la force de l’érosion (pluie, vent…)". Ce qui, comme l’explique la volcanologue, "façonne en partie le relief de La Réunion".
- Le captage d’EDF pas menacé par ces risques naturels -
Deux kilomètres plus bas, se trouve le captage EDF des Orgues qui alimente la centrale hydroélectrique de Sainte-Rose. Comme le précise Marie Chaput du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), "en 2020, l’effondrement en grande masse qui s’est produit ne s’est pas propagé jusqu’au barrage". Elle ajoute, "celui-ci n’a pas été endommagé directement. En revanche, lors des crues de la rivière de l’Est qui ont suivi, des éléments (pierres, graviers, sable) ont été transportés jusqu’au barrage et des phénomènes d’engravement de l’ouvrage ont été relevés, nécessitant des travaux de curage". Elle ajoute , "des engravements similaires sont donc à attendre au niveau de l’ouvrage EDF lors des prochaines crues".
Un ouvrage qui, comme l’explique EDF, est très bien protégé et adapté à ces risques naturels. "Pour nous, cet éboulement n’est pas une situation exceptionnelle et notre ouvrage est conçu pour recevoir ces matériaux", explique Emmanuel Aubourg, chef de service production qui couvre la gestion des ouvrages hydroélectriques. Cependant, ces matériaux engendrent deux inconvénients : l’érosion des ouvrages et dans certains cas l’obstruction.
"Notre captage possède une protection métallique, un blindage rénové il y a un an et qui protège le barrage de l’agression de ces matériaux", explique-t-il. Le chef de service production explique "à l’intérieur, là où les eaux passent, il y a un mécanisme qui met en suspension les sédiments et dans le captage en sous-terrain, il y a un ouvrage de dessablage qui permet de restituer le sable au milieu naturel". En cas de chutes de galets plus important, "nous avons une vanne de passe latérale qui s’ouvre en fonction des critères de débit pour éviter l’accumulation de ces sédiments qui colmateraient et capteraient plus d’eau".
Mais face à ces éboulements, EDF reste vigilant. "Dès lors qu’on constate des zones d’érosion on essaye de venir réparer au bon moment", explique Emmanuel Aubourg, chef de service production qui couvre la gestion des ouvrages hydroélectriques. Il dit encore, "il n’y a pas de raison que le captage soit détruit. On fait de la surveillance, et on a mis en place un blindage pour le protéger". Il conclut, "depuis 2020 on vit avec ces matériaux et ça n’a pas détruit l’ouvrage".
L'ouvrage produit les deux tiers de la production hydroélectrique de l’usine de l’Est, soit 85.000 foyers. Si l’on parle en litres d’eau, ce captage produit en moyenne une dizaine de mètres cubes par seconde. Depuis sa création, ce captage n’a connu aucune coupure.
- Le cassé de la Rivière de l’Est victime de l’érosion… -
Comme le souligne Aline Peltier, directrice de l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise, "le cassé de la rivière de l’Est n’échappe pas à ces éboulements". Le cassé étant le rempart ou la falaise, précise l’OVPF.
"Le premier éboulement de grande ampleur a eu lieu en février 2020 et a emporté une bonne partie des terrains en aval du refuge", indique Aline Peltier. Elle ajoute, "s’en est suivi de nombreux autres éboulements de plus ou moins grandes ampleurs". Un large cône d'éboulis s'est d’ailleurs mis en place au pied de l'escarpement. Mais pourquoi ce secteur en particulier est soumis aux éboulements ? "C'est un secteur très instable avec des escarpements très importants et où la pluviométrie annuelle est l'une des plus importante de l'île", explique Aline Peltier.
Le mois dernier d’ailleurs, 1.178 éboulements ont été enregistrés par le réseau sismologique de l'OVPF dont certains sur la station sismologique située dans les Hauts de Saint-Denis, à plus de 40 km de distance, "ce qui montre l’intensité de ces éboulements", explique la directrice de l’OVPF.
Comme l’indique le Bureau de recherches géologiques et minières de La Réunion (BRGM), "chaque signal d’éboulement enregistré par les stations sismologiques correspond à la chute d’un certain volume de roches. Il y a eu courant juillet de nombreux petits éboulements ponctués par des éboulements bien plus volumineux, qui ont pu être enregistrés par les stations les plus lointaines". Marie Chaput ajoute, "en février 2020, l’effondrement du Cassé de la Rivière de l’Est, estimé à environ 100.000 m3, a engendré un recul du bord du rempart de 15 mètres. D’après les photos réalisées par la SAG et le PGHM, le volume des évènements de juillet 2022 pourrait du même ordre de grandeur voire supérieur à celui de 2020". Mais comme le précise le BRGM, "toutes ces données devront faire l’objet d’analyses plus approfondies pour préciser l’ampleur générale de l’évènement.
Fort heureusement, dans ce secteur, les sentiers de randonnée à proximité ont été fermés depuis 2020. L'ONF nous indique, "nous avons fermé le sentier qui descend du gîte du volcan jusqu'au Cassé de la rivière de l'est, qui traverse la Savane Cimetière et qui s'appelle le sentier du cassé de la Rivière de l'Est, ainsi que le sentier des Citernes, qui relie le cassé de la Rivière de l'Est aux citernes de Sainte-Rose". L'office ajoute, "ce sont les deux seuls sentiers impactés par le phénomène géologique qui agit sur la rivière de l'est".
Mais alors, doit-on s’attendre à encore plus d’éboulements car plus d’érosion au fil des années ? Pour Aline Peltier, "ces éboulements étant liés aux conditions climatologiques (et principalement l'effet de l'eau), en fonction de l'évolution future des précipitations sur l'île (en lien notamment avec le changement climatique) leur nombre et leur intensité pourront évoluer".
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- … et de la pluie -
Le Bureau de recherches géologiques et minières de La Réunion (BRGM), explique que, "les remparts de La Réunion sont régulièrement soumis à ce genre d’instabilité". "Cette année, les conditions météorologiques sur La Réunion et notamment au Volcan ont été particulièrement pluvieuses : 2 cyclones et une pluviométrie exceptionnelle avec notamment : 1.598mm en 48 heures au Pas de Bellecombe-Jacob lors de Batsirai et 6.774 mm au Pas de Bellecombe-Jacob depuis le début de l’année, valeur déjà largement supérieure à la moyenne annuelle de 4.883mm", ajoute Marie Chaput, ingénieure risques naturels au BRGM.
Comme l’explique le BRGM, "la pluie est connue comme l’un des principaux facteurs déclenchants d’instabilités". "Les chutes de blocs et éboulements enregistrés au cassé de la Rivière de l’Est sont donc très certainement la conséquence de ces intempéries", souligne-t-elle. L’ingénieure précise, "d’autres phénomènes peuvent également favoriser les chutes de blocs comme les contrastes de température diurne/nocturne qui peuvent être importants, notamment pendant l’hiver austral".
Marie Chaput du BRGM, note également que l’évènement de février 2020 a fragilisé le rempart, "en emportant une masse importante de roches et en laissant la paroi à nu".
- Le refuge ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir –
Trônant en haut du cassé de la Rivière de l’Est, un petit refuge qui, jadis abritait les randonneurs de passage, est fortement menacé par l’érosion. Alors que le belvédère et les garde-corps ont été emportés par l’éboulis de 2020, l’abri reste lui comme suspendu, en sursis… mais pour combien de temps.
Aline Peltier, directrice de l’OVPF nous l’explique. "Ces séries d’éboulements continuent encore aujourd’hui (même si plus faibles en quantité et en intensité)." Elle ajoute, "les derniers éboulis n’ont pas affecté le secteur du gîte mais à terme, vu que c’est toute la zone du cassé qui est instable, le refuge risque de tomber".
Depuis 2020, l’accès à ce secteur est totalement interdit. Au même titre que l’OVPF, le BRGM indique que, "la chute de ce refuge est tout à fait possible dans un futur proche". Elle conclut, "il n’y a pas de risque spécifique à sa chute, si le public respecte l’interdiction d’accès au belvédère".
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Il faut juste se dire que toutes ces falaises doivent disparaître au fil des années même tous les cirques de l'île doivent aussi disparaître et donc bientôt Cilaos, Salazie, et Grand Bassin n'existeront plus, la Réunion va s'aplatir comme l'Île Maurice.C'est ainsi que se passe la vie d'une île volcanique.
"... L'ouvrage produit les deux tiers de la production hydroélectrique de l'usine de l'Est..."N'y aurait-il là quelque chose d'incompréhensible ' ' '