Publication de Joëlle Ecormier chez Océan Editions

B(r)aises : un amour volcanique

  • Publié le 28 août 2012 à 08:24

Sans aller jusqu'à comparer Joëlle Ecormier à Stendhal, l'écrivaine joue Le rouge et le noir à la Réunionnaise dans son roman B(r)aises (Océan Editions, juillet 2011). La Une de couverture l'affiche : titre, nom de l'auteur, illustrations associent les deux couleurs de l'amour et de la mort. Parce qu'on est à La Réunion, le volcan apporte son décor et sa symbolique du feu qui embrase et dévore, qui purifie aussi les êtres dans une épreuve de vérité. L'île tout entière est bien née de ce jaillissement, le rouge des laves devenu roches noires.

Sur cette route des laves, encore fumante, plusieurs années après l’éruption d’avril 2007, deux amants errent dans une sorte de voyage au bout de l’amour où les failles se creusent irrémédiablement. Une Zorey, amatrice d’art et de sexe et un Kaf sentimental travaillant sur le chantier du Tremblet vivent dans leurs malentendus le " joli mythe du métissage ". En même temps, la Blanche insatiable et le Noir romantique renversent les stéréotypes habituels, ceci dit en passant, sans lourdeur démonstrative.

De même que l’auteur joue avec les couleurs, la construction du récit alterne entre interrogatoire policier à la suite d’une disparition et dialogue entre amoureux en bataille, qui ressemble aussi à un interrogatoire sans fin et sans fond ! Plus épisodiquement, surgissent les éclats d’une mémoire douloureuse qui cache son secret.

Le style aussi mêle un vocabulaire sexuel direct à une exploration fouillée de sensations et d’états d’âme, avec un jeu d’échos permanent entre l’intériorité des personnages et les braises rouges, ou les laves noires et coupantes. Vapeurs et brouillard, chaud et froid nous glacent pareillement.

Si le volcan vous fascine, c’est-à-dire vous attire et vous fait peur, si vous aimez descendre dans les gouffres sombres du cœur humain, si vous aimez ces fins de roman où tout s’éclaire, suivez Joëlle Ecormier sur son chemin de b(r)aises !

Décidément, le volcan est un thème d’écriture, en voilà un exemple de plus après la récente évocation du livre de Wilfrid Bertile sur les effets de l’éruption de 2007. On pourrait également rappeler Le Défi d’un volcan, un essai de Jean-François Samlong inspiré par la révolte du Chaudron de 1991 ou encore, dans un tout autre style, Le Volcan à l’envers  ou Madame Desbassyns le Diable et le Bondieu de Boris Gamaleya  (1983)

Brigitte Croisier

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