La (gentille) terreur de Grand Bassin (atualisé)

Le mystérieux pétrel noir de Bourbon montre le bout de son bec

  • Publié le 26 octobre 2018 à 09:47

Connaissez-vous la Timize ? Un plumage noir, des pattes bicolores un cri effrayant résonnant dans les falaises de Grand Bassin... Aussi appelé pétrel noir de Bourbon, c'est un mystérieux oiseau migrateur endémique de La Réunion. Ce samedi 27 octobre, à l'approche des deux ans de découverte de la première colonie de la timize, "Life+ Pétrel" et l'association de Grand Bassin organise un événement pour petits et grands. L'occasion de découvrir cet oiseau magnifique menacé d'extinction. Il ne resterait que 10 à 50 couples...

A La Réunion, il existe deux espèces de pétrels endémiques : le pétrel de Barau qui est en danger d’extinction et le fameux pétrel noir de Bourbon pour qui la menace est critique. "Il n’existe que 10 à 50 couples de pétrel noir de Bourbon au monde, pour les pétrels de Barau, il y a environ 10.000 couples," explique Camille Payet du projet Life+ Pétrel. Si rien n’est fait pour leur sauvegarde, ils risquent de rejoindre la longue liste des 23 espèces d’oiseaux éteintes sur l’île. "Ils sont un peu le témoin du bon état de santé de notre environnement : si on laisse les espèces qui sont sur notre territoire disparaître, nous n’aurons tout simplement plus de nature, plus de biodiversité," alerte Camille Payet.

Le mystérieux pétrel noir de Bourbon

A Grand Bassin, sans le voir, on l’entendait la nuit. Des cris, mélancoliques et effrayants. Si bien que des légendes et des contes se sont construits autour de lui. La timize pouvait être une bêbête terrible, un être maléfique qui enlevait les enfants ou encore l’inquiétante Grand-mère Kan… Aujourd’hui si encore beaucoup de mystère entoure le pétrel noir de Bourbon, nous savons bien qu’il s’agit d’un oiseau migrateur.

Si le pétrel de Barau est suivi depuis une quinzaine d’années, le pétrel noir de Bourbon est longtemps resté un mystère. Les colonies n’ont été découvertes qu’en décembre 2016. "On savait qu’il existait et qu’il se reproduisait encore sur l’île parce qu’on avait eu des échouages, raconte Camelle Payet. Trouver cette espèce a relèvé d’une véritable prouesse technologique. Nous avons essayé de le chercher en mer, de le pister, puis par prospection terrestre…" Concrètement, l’équipe de Life+ Pétrels cherchait un trou d’une quinzaine de centimètre dans une montagne ou une falaise à 1.200 et 1.800 mètres d’altitude… Une aiguille dans une botte de foin. Elle a utilisé des postes enregistreurs acoustiques, de lunettes thermiques prêtées par le Parc national de Mercantour… Des années de recherches, une traque scientifique de longue haleine pour finalement réussir à identifier un terrier de pétrel noir, dans les falaises de la commune de Saint-Joseph.

Entre prédateurs et pollution lumineuse

Si ces oiseaux migrateurs sont autant menacés d’extinction c’est parce qu’ils ont de nombreux prédateurs introduits, comme les chats et les rats. Dix félins peuvent en une seule année tuer près de 900 pétrels. Et oui, il est tout à fait possible de rencontrer un chat au sommet du Piton des Neiges. Les rongeurs quant à eux peuvent se nourrir des œufs et des jeunes oisillons. " Contre ces prédateurs, les pétrels n’ont pas beaucoup de chance, " déplore Camille Payet. Ces menaces sont d’autant plus grandes que les pétrels ne pondent qu’un œuf par an, un unique et précieux œuf. " Et si la ponte n’a pas fonctionné, elle n’est renouvelé, " ajoute la communicante du projet.

Le pétrel de Barau a une autre menace qui pèse sur lui : la pollution lumineuse et en particulier l’éclairage urbain. Lors de leur premier envol, les jeunes pétrels partent des falaises pour aller se nourrir en mer. Ils se repèrent en fonction du reflet des astres dans l’eau. Problème : en traversant une île sur-éclairée, ils sont désorientés ou aveuglés et s’échouent sur terre. Leurs caractéristiques physiques font qu’ils ne peuvent pas redécoller. Ils ont besoin d’être portés ou d’être au bord d’une falaise pour pouvoir s’envoler.  " Ils sont voués à mourir s’ils ne sont pas pris en charge, " explique Camille Payet. C’est pourquoi pendant le mois d’avril la campagne " Nuits Sans Lumière " est déployée sur toute La Réunion, à l’initiative des collectivités, des associations et divers acteurs privés. Elles sont organisées en partenariat avec le Parc depuis 2009. Lorsqu’une personne voit un pétrel à terre, elle doit absolument le ramasser puis appeler la Société d'Etudes Ornithologiques de la Réunion (SEOR) qui enverra un bénévole pour s’assurer du bien être de l’oiseau. " S’il est en bonne santé, explique Camille Payet, il sera relâché après avoir été réhydraté en matinée. S’il est en mauvais état, il sera amener en centre de soins de la Séor. " Mais selon la jeune femme, la population n’a pas suffisamment sensibilisée : " j’ai encore des gens qui me disent qu’ils ont vu un pétrel mais qui l’ont laissé à terre… Il y a un énorme travail à faire, et nous ne pourrons pas les sauver tout seuls. "

Des petits gestes simples pour sauver les pétrels

Il ne suffit pas de grand chose pour agir à son échelle. Camille Payet rappelle ainsi que les chats sauvages dans les montagnes qui s’attaquent aux pétrels proviennent essentiellement des villes : " nous militons pour que les habitants stérilisent et identifient leurs animaux. " La gestion des déchets est également une des actions que peut mener chacun : "les populations de rats et de chats sont maintenues sur les aires de pique-nique parce qu’ils ont accès aux restes de nourriture. La première chose à faire est donc de ramener ses déchets à la maison après une sortie. Même s’il y a des poubelles : elles sont souvent ouvertes et pas forcément vidées. Elles attirent beaucoup les animaux."

Pour plus d'information sur le projet Life+ Pétrel voir leur site.


Programme de l’événement à Grand Bassin autour des pétrels :

17h : Accueil des giteurs

17h30-18h30 : kozé " La Timize, terreur de Grand-Bassin, se dévoile enfin ! "

20h15-22h A la rencontre de la Timize

Groupe 1
- Départ de la drop zone pour 20 minutes de marche au cœur des remparts de Garnd Bassin (vers Bras sec)
- Témoignages des expériences des habitants de Grand Bassin avec la Timize
- Ecoutes nocturnes et réappropriation du " fé nwar " : entendrons-nous crier la Timize ?

Groupe 2

- Drop zone, témoignages des habitants et animations autour des pétrels

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