Lors de la rencontre organisée ce vendredi 20 octobre 2023 à l'Elysée entre le président de la République et les élus ultramarins, Cyrille Melchior s'est opposé à une modification des textes constitutionnels et a souhaité "travailler à consolider la décentralisation et la déconcentration au sein d’un cadre juridique apaisé". Il a également évoqué la vie chère, l'autosuffisance alimentaire, le changement climatique et l'habitat. Le président du conseil départemental a fini par inviter le président de la République à revenir à La Réunion, cinq ans après sa dernière venue. Nous publions ci-dessous le texte de son intervention au cours de cette rencontre. (Photo cyrille Melchior photo rb.www.imazpress.com)
Monsieur le Président de la République,
Je salue votre initiative de réunir les élus ultramarins, à l’aune des mesures actées dans le cadre du CIOM. Nous nous félicitons d’ailleurs que votre Gouvernement ait repris certaines propositions du Département, avec le POSEI, les fonds LBU, les personnes vulnérables et les contrats de convergence.
Je tiens également à souligner le fait que toutes les mesures annoncées ne remettent pas en cause le statut institutionnel de La Réunion, sujet important pour tous les Réunionnais attachés à l’organisation actuelle.
Si chaque territoire d’outre-mer a le droit de choisir son positionnement sur le sujet institutionnel, pour ce qui nous concerne, nous avons pu grâce à l’article 73 mener des adaptations qui tiennent compte de nos particularités. La recentralisation du RSA intervenue en 2020 en est un exemple. Et les expérimentations nous autorisent à aller encore plus loin dans l’innovation.
Aussi, Monsieur le Président, notre Collectivité estime que ce serait une double erreur devant l’Histoire que de vouloir une fois de plus procéder à une modification des textes constitutionnels.
Le PACTE RÉPUBLICAIN qui nous lie à la Nation, doit tenir toutes ses promesses en matière d’égalité entre citoyens.
Par ailleurs, nous devons préserver et renforcer le PACTE DE CONFIANCE, socle de notre compétitivité économique et de nos avancées sociales. Plutôt que l’aventurisme institutionnel, travaillons à consolider la décentralisation et la déconcentration au sein d’un cadre juridique apaisé.
S’agissant des politiques publiques sur lesquelles nous travaillons régulièrement avec les membres du gouvernement, en particulier le ministre de l’intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin et le ministre délégué chargé des Outre-mer Philippe Vigier, je vous remettrai Monsieur le Président un document qui met en perspective les principaux enjeux d’aujourd’hui et des prochaines années.
À commencer par la vie chère, il est impératif de continuer à lutter contre la grande pauvreté, dans le cadre du futur Pacte de Solidarité. De même, il serait opportun d’élargir encore le bouclier qualité prix à davantage de produits.
En ce qui concerne France Travail, nous demandons à ce que les résultats de son expérimentation à La Réunion soient pris en compte avant qu’un régime de sanctions, inadapté, ne soit appliqué.
S’agissant de la dépendance, du handicap, et de l’accélération du vieillissement, nous devons aller plus loin, dans l’innovation et la concertation.
Les ultramarins ont notamment besoin d’équité en matière d’APA, avec dès 2024, la nécessité de modifier le seuil de déclenchement de la clause de sauvegarde, à 15 % du potentiel fiscal au lieu de 30 % actuellement.
Sur le plan économique, je vous relaie l’inquiétude des acteurs face à une éventuelle remise en cause des mesures de défiscalisation comme le Pinel Dom, la Lodeom ou sur le tourisme. Par ailleurs, la presse écrite réunionnaise, en difficulté, a besoin d’un soutien de l’État pour préserver le pluralisme et le droit à l’information.
Concernant le développement agricole, l’État doit continuer à nous accompagner sur la voie de l’autosuffisance alimentaire pour que La Réunion reste aux avants postes dans ce domaine.
Pour ce qui est de la question de l’habitat, le travail concerté lancé par le préfet doit être poursuivi afin de réviser la politique du logement et pallier l’important déficit en construction et en réhabilitation.
Je pense aussi au changement climatique, vecteur de fragilité, qui implique notamment une gestion stratégique des ressources en eau. À l’image du projet Meren, nous souhaitons que les grands aménagements hydrauliques fassent l’objet d’une contractualisation pluriannuelle.
Par ailleurs, La Réunion célèbre cette année le 360e anniversaire de son peuplement. L’histoire de La Réunion, c’est une part de l’histoire de la France. La culture réunionnaise est une part de la culture française.
À ce titre, trois projets majeurs nécessitent un soutien fort de l’État : la création d’un Musée de l’habitation et de l’esclavage à Villèle, la labélisation de nos théâtres départementaux en Scènes nationales et l’installation d’un Institut réunionnais de formation des Citoyens, des Élus et des futurs Cadres du Territoire.
Monsieur le Président, je ne crois pas que nous ayons besoin de changement institutionnel. Nous avons surtout besoin que les instances nationales changent de paradigme par rapport à nos territoires éloignés en ayant la capacité de tenir compte de nos particularités, de nos fragilités mais aussi de nos atouts dans l’adaptation de nos politiques publiques.
Avant de terminer mes propos, permettez moi Monsieur le Président de la République de formuler un vœu, celui de votre venue à La Réunion dès l’année prochaine, 5 ans après votre dernière visite.
Ce serait l’occasion d’examiner ensemble les difficultés de notre territoire mais aussi de donner une nouvelle vision de la France de l’océan Indien au travers des rencontres qui pourraient se tenir dans le cadre d’instances internationales telle que la Commission de l’océan Indien.
Le lien entre la République et La Réunion est fort. Il y a 70 ans, le Général de Gaulle s’était rendu pour la première fois à La Réunion. Ces visites constituent de formidables témoignages de notre avenir commun.
Bravo Mr MELCHIOR .
Merci de protège à nous .
Melchior la compris!! Quand ou vois comment y lé dans les autres DOM, vaut mieux nous préserve ce que nous nana!!
Oui ou n’a raison. Tien bon larg pa !
Fait pas i touch not statut.