Portrait

40% des habitants des Hauts de La Réunion sont pauvres

  • Publié le 8 février 2024 à 16:00
  • Actualisé le 8 février 2024 à 16:52

Ce jeudi 8 février 2024, la Région Réunion et l'Institut national de la statistique et des études économiques dresse un "portrait des Hauts de La Réunion". Combien de personnes vivent dans les Hauts ? Comment les Hauts ont évolué en l'espace de dix ans ? Habitat, pauvreté, richesse, territoires… Selon l'Insee, en 2020, 180.000 personnes résident dans les Hauts, soit un habitant sur cinq de La Réunion. Les Hauts où la pauvreté monétaire y est plus prégnante qu’ailleurs (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)

Ce jeudi 8 février, la Région Réunion, a présenté son étude commune avec l'Insee portant sur un "portrait des Hauts de La Réunion".

Une étude attendue par Huguette Bello, Présidente de la Région Réunion : "c'est important parce que nous avons un horizon en 2044 d'un million d'habitants à La Réunion. C'était important d'avoir une vue de cette cinquième micro-région qui intéressent toutes les communes de la Réunion". La Présidente de la Région a également rappelé l'importance d'avoir des infrastructures dans cette région.

"Il y a beaucoup de travaux de l'Insee, mais très peu mettent en lumière Les Hauts, le dernier date de 2017", explique Loup Wolff, Directeur interrégional de l'Insee La Réunion-Mayotte.

"En 2020, 180.000 personnes résident dans les Hauts", détaille Bruno Garoche, statisticien, soit un habitant sur cinq de La Réunion. Entre 2010 et 2020, la population des Hauts augmente un peu plus que dans le reste du département. C’est le cas notamment dans l’Ouest et le Sud, qui accueillent désormais trois habitants des Hauts sur quatre. "La commune du Tampon a le plus gros nombre d’habitants dans les Hauts", souligne Bruno Garoche. 

Dans les Hauts, plus de neuf habitants sur dix vivent dans une maison et sept ménages sur dix sont propriétaires de leur logement. La pauvreté monétaire y est plus prégnante qu’ailleurs : elle concerne 40 % des habitants. La population est aussi moins diplômée et moins bien insérée sur le marché du travail.

Toutefois, les Hauts de La Réunion ne constituent pas un territoire homogène. Huguette Bello, Présidente de la Région Réunion rappelle que "La Réunion est la plus jeune des mascareignes (La Réunion, l'île Maurice et Rodrigues)". 

Dans les Hauts des environs de Saint-Denis, de Saint-Pierre et à La Plaine-des- Palmistes, la population est un peu moins défavorisée et mieux insérée dans l’emploi. À l’inverse, d’autres territoires des Hauts sont plus pauvres, avec une population plus éloignée de l’emploi. Il s’agit d’une part de territoires en mutation situés dans les Hauts de l’Ouest et du Sud de l’île, marqués par une expansion du logement collectif. D’autre part, au sein des cirques, dans les Hauts de l’Ouest et le Sud Sauvage, se trouvent des Hauts plus isolés, où être propriétaire de sa maison reste la situation majoritaire et au sein desquels la population stagne.

- Davantage de couples avec enfant(s) dans les Hauts et un habitat individuel qui prédomine largement -

La population des Hauts est comparable à celle des Bas en termes d’âge : 30 % des habitants des Hauts ont moins de 20 ans et 12 % ont 65 ans ou plus.

Les couples avec enfant(s) sont plus fréquents dans les Hauts : ils constituent 49 % des familles y résidant, soit une part plus élevée que dans les Bas (41 %). C’est l’inverse pour les familles monoparentales, bien moins nombreuses dans les Hauts (25 % des familles contre 33 %). Les femmes seules résident également moins fréquemment dans les Hauts : elles représentent 11 % des ménages des Hauts contre 16 % dans les Bas.

L’habitat individuel domine largement dans les Hauts : 93 % des ménages vivent dans une maison, une part très supérieure à celle dans les Bas (60 %). Les ménages sont aussi bien plus souvent propriétaires de leur logement (69 % contre 46 % dans les Bas).

L’équipement automobile est légèrement supérieur dans les Hauts de la Réunion.

La part des ménages sans voiture y est plus faible (25 % contre 27 % dans les Bas) et la part des ménages avec deux voitures plus élevée (27 % contre 24 %).

- Une pauvreté plus fréquente dans les Hauts -

En 2020, 40 % de la population des Hauts vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire. C’est davantage que dans les Bas (35 %)."On retiendra que c’est dans les Hauts que réside la population la plus pauvre et il faut régler cette problématique", constate Patrick Lebreton, vice-président de la Région Réunion.

Pour lutter contre cette pauvreté, Patrick Lebreton détaille le plan d'action de la Région : "on est en train de réviser le schéma d'aménagement régional. Il est essentiel de réfléchir à comment permettre aux gens de se déplacer dans les Hauts, il faut également une politique de logement social et un véritable développement économique dans les Hauts".

Les difficultés d’accès à l’emploi et la moindre qualification de la population contribuent notamment à expliquer cette plus grande pauvreté. Ainsi, en 2020, les habitants des Hauts en âge de travailler sont un peu moins en emploi que ceux des Bas (46 % des personnes de 15 à 64 ans contre 48 %). Toutefois, la part des personnes en emploi augmente un peu plus dans les Hauts depuis 2010 (+5 points contre +3 points).

La population des Hauts est aussi moins diplômée : 43 % des personnes ayant terminé leurs études initiales n’ont pas de diplôme, alors que c’est seulement le cas de 35 % des habitants des Bas. Les diplômés du supérieur sont aussi plus rares (14 % contre 23 %). En conséquence, les résidents des Hauts occupent des emplois moins qualifiés.

Les ouvriers y sont plus nombreux (28 % contre 20 % dans les Bas) et les cadres deux fois moins fréquents (5 % contre 10 %). De plus, l’agriculture reste plus présente dans les Hauts.

- Des populations pauvres plus souvent propriétaires -

Les ménages pauvres des Hauts sont en majorité propriétaires de leur logement : c’est le cas de 57 % d’entre eux, contre seulement 31 % des ménages pauvres des Bas. "Même si les gens sont propriétaires dans les hauts, certains sont condamnés a rester pauvre et il faut réfléchir à ce paradoxe", souligne Patrick Lebreton. Par ailleurs, l’accès au logement social est très limité dans les Hauts. Ainsi, seuls 6 % des ménages pauvres des Hauts de La Réunion vivent dans le parc locatif social, contre 38 % des ménages pauvres résidant dans les Bas. Dans les Hauts comme dans les Bas, les propriétaires pauvres sont dans une situation plus favorable que les autres ménages pauvres. En particulier, les locataires pauvres du privé sont dans la situation la moins favorable. Ainsi, en 2013, ces derniers disposaient de moins de ressources financières que les autres ménages pauvres, une fois les dépenses liées au logement effectuées et les aides reçues.

Loup Wolff, Directeur interrégional de l'Insee La Réunion-Mayotte, explique que "les Hauts sont des territoires, en moyenne où on a un peu plus de pauvreté, un peu moins d'emplois, et donc un peu plus de problématiques socio-économiques". Retrouvez son interview ci-dessous : 

Au contraire, les propriétaires pauvres disposaient de plus de ressources financières et surtout vivaient dans des logements moins souvent surpeuplés. Toutefois, la situation des propriétaires pauvres réunionnais est moins favorable que celle des propriétaires pauvres vivant dans l’Hexagone. À La Réunion, ils disposent de ressources plus faibles et il s’agit le plus souvent de familles avec enfant(s). Ils sont ainsi nombreux à ne pas avoir les moyens financiers d’entretenir leur logement.

Les Hauts de La Réunion ne constituent pas un territoire homogène. D’un Haut à l’autre, la situation des habitants en termes de pauvreté, d’insertion professionnelle ou de mode de vie diffère fortement. Par exemple, le taux d’emploi varie de 31 % dans le quartier de Ravine Daniel à Saint-Paul à 60 % dans les Hauts du quartier de Bois de Nèfles à Saint-Denis. Il en va de même pour la part des ménages vivant en appartement, qui va de moins de 1 % dans les quartiers de Peter Both et Palmiste Rouge à Cilaos à 20 % au Guillaume à Saint-Paul. Pour rendre compte de cette diversité, les Hauts sont classés selon trois groupes présentant des caractéristiques communes au regard de la pauvreté monétaire, de l’emploi, de l’habitat et de la structure familiale pour comprendre.

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