La chambre régionale des comptes de La Réunion a examiné les comptes et la gestion de la chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR), donnant lieu à la publication de deux cahiers distincts. Dans le premier, il met en lumière les enjeux liés à la gouvernance et aux équilibres financiers. Enfin dans le second, la Chambre régionale rappelle à la CCIR de renforcer son rôle dans l'économie locale. Nous publions ci-dessous le communiqué de la Chambre régionale (Photo : www.imazpress.com)
La stratégie financière de la chambre a évolué en raison de la perte de la gestion de plusieurs équipements concédés (ports et aéroport). Si sa capacité d'autofinancement reste positive, son résultat net est en baisse constante, passant de 10,86 millions d'euros en 2019 à 1,47 millions d'euros en 2023. La mise en œuvre de sa stratégie immobilière prend plus de temps que prévu.
Quant au résultat d’exploitation, sa progression jusqu’en 2022 connaît un revirement en 2023, passant brutalement de 0,78 millions d'euros en 2022 à - 0,55 millions d'euros en 2023, soit une chute de près d’1,3 millions d'euros. Le déficit d’exploitation de 2023 a été heureusement compensé par les importants résultats financiers réalisés cette année-là grâce aux dividendes de la société aéroportuaire (0,884 millions d'euros).
- La CCIR n'a pas "su profiter de l’ensemble des crédits régionaux programmés -
Le pôle économique, pourtant excédentaire jusqu’en 2021, confirme en 2023 un déficit esquissé en 2022 malgré une hausse du subventionnement local. Au-delà de la question du bon ajustement des produits d’appui au développement économique du territoire qu’elle propose, la CCIR n’a pas su profiter de l’ensemble des crédits régionaux programmés, perdant une ressource importante pour équilibrer ce budget.
L'endettement et la trésorerie restent favorables, mais plusieurs incertitudes pèsent sur la chambre : l'évolution des conditions de mise à disposition de ses sites de formation par la Région, la rentabilité encore attendue de ses investissements immobiliers et les risques liés à sa participation au capital de la SEMATRA, actionnaire d'Air Austral.
- Le nombre d'apprentis en hausse à la CCIR malgré la baisse des Pec -
Les résultats du pôle formation, quant à eux, sont en hausse constante, en raison d’une forte croissance du nombre d’apprentis entre 2019 et 2022, passant de 0,43 millions d'euros en 2019 à 2,12 millions d'euros en 2023.
L’année 2023 semble néanmoins marquer le début d’une stagnation du nombre de contrats d’apprentissage, en raison de la réduction de leurs niveaux de prise en charge (NPEC) par France compétences et d’un effet de saturation lié essentiellement à la démultiplication de l’offre concurrente sur le territoire. Compte tenu de cette réduction des NPEC en 2022 et en 2023, qui a représenté une perte de 1,1 millions d'euro par an, le maintien de l’équilibre financier de la chambre va s’avérer difficilement soutenable.
Si les recettes tirées de ses activités de formation et d’appui aux entreprises peuvent encore être optimisées, elles se heurtent à une concurrence qui contraint la tarification et à un territoire essentiellement composé de petites et moyennes entreprises, peu enclines à solliciter des prestations payantes. En outre, malgré des missions d’intérêt général dont le champ s’élargit, les recettes de la taxe pour frais de chambre sont toujours en baisse.
- Un rôle clé dans l'économie locale à renforcer -
Le second cahier s'attache également à analyser l'action de la CCIR en matière de formation professionnelle et d'appui au développement économique. La chambre est très présente dans l'accompagnement à la création et à la reprise d'entreprises, mais son soutien individuel aux entrepreneurs en activité reste limité. Dans un territoire composé majoritairement de très petites entreprises (TPE), un renforcement de cet accompagnement apparaît stratégique.
En matière de formation, la CCIR propose un large panel de formations qualifiantes réparties sur cinq sites. Si l'activité de formation initiale est en progression, la formation continue est en recul, alors même qu'elle est essentielle à l'évolution des compétences des entrepreneurs.
L'initiative de création d'une école de l'entrepreneuriat constitue une réponse pertinente, mais peine à se concrétiser.
La CCIR a également joué un rôle majeur dans la gestion des crises récentes, bien que ce type d'action ne soit pas formellement intégré à ses missions. Le modèle économique fondé sur une mission d'intérêt général et des ressources publiques en baisse, soulève des interrogations sur sa soutenabilité à long terme.
La chambre régionale des comptes formule huit recommandations à l’occasion de ce contrôle.