Les discussions continuent

Wuambushu : les liaisons entre les Comores et Mayotte pourraient bientôt reprendre

  • Publié le 10 mai 2023 à 11:37
  • Actualisé le 10 mai 2023 à 13:34

Alors que les liaisons sont interrompues entre Mayotte et les Comores depuis le 24 avril 2023, ces dernières pourraient bien reprendre prochainement. Les ministres français et comoriens de l'Intérieur et des Affaires étrangères, réunis mardi à Paris sur fond de tensions à Mayotte, ont en effet "réaffirmé leur volonté de lutter contre les trafics et contre les passeurs", selon un communiqué conjoint. Le texte fait également part de leurs efforts pour apaiser ces tensions engendrées par l'opération Wuambushu. Selon nos confrères de France Mayotte Matin, le ministre de l'Intérieur, à l'issue de cette entrevue, a annoncé la "reprise des liaisons maritimes entre la France et les Comores". Cela, sans plus de précisions, ni sur les décasages, ni sur les expulsions.

Depuis le premier jour de l'opération"Wuambushu", les liaisons étaient bloquées avec le port d'Anjouan, empêchant les reconduites à la frontière des étrangers en situation irrégulière interpellés.

Il n’est cependant pas précisé dans le communiqué si ces liaisons maritimes impliquent la reconduction des Comoriens en situation irrégulière à Mayotte. Emmanuel Macron a de son côté reçu le président comorien, Azali Assoumani, le lundi 8 mai.

Suite à la publication du communiqué, la société de gestion et de transport maritime (SGTM), principale compagnie à faire la liaison maritime, a annoncé "mobiliser toutes ses équipes pour préparer la reprise des rotations". "Néanmoins, elle reste en attente de directives précises des autorités compétentes quant aux conditions de cette réouverture" a-t-elle ajouté.

- La lutte contre l'insécurité se poursuit -

Ce communiqué intervient alors que l'opération continue difficilement dans l'île aux parfums. Après le refus des Comores d'accueillir les ressortissants expulsés de Mayotte, les autorités se sont concentrées sur l'interpellation de personnes soupçonnées de violences.

"Depuis 15 jours à Mayotte, 134 interpellations de délinquants ont eu lieu, dont de très importants chefs de bandes" a affirmé Gérald Darmanin ce mardi à l'Assemblée nationale.

 

Ce mardi 2 mai, l'antenne GIGN (gendarmerie) de Mayotte a interpellé un individu activement recherché. Défavorablement connu, il est présumé être un chef de bande soupçonné d'avoir participé à des attroupements armés, d'avoir commis des caillassages sur des particuliers ainsi que sur les forces de l'ordre et d'autres délits.

Côté police, interpellations en série sur Mamoudzou. En marge de la sécurisation des quartiers effectuée quotidiennement, les forces de l'ordre de la DTPN de Mayotte, ont procédé à plusieurs interpellations dont deux individus pour des vols dans des véhicules à Convalescence, un pour un vol par escalade à Kaweni, un autre place mariage pour des vols dans divers véhicules et un cinquième pour usage illégal de la profession de Taxi.

Autres interpellations, d'individus violents, détenteurs d'armes ou auteur de cambriolages.

En attendant la reprise des liaisons, les centres et locaux de rétention administrative sont pleins à craquer. "On maintient au CRA, hormis les personnes interceptées en mer, des gens considérés comme fauteurs de troubles à l'ordre public et des personnes sortants de prisons. Les gens qui ne sont pas placés en rétention, se voient notifié d'une obligation de quitter le territoire français avec assignation à résidence" a précisé le préfet de Mayotte, Thierry Suquet.

Les décasages, dont celui de Talu 2, restent en tout cas à l'arrêt. Défini par le préfet dans un arrêté de décembre 2022. Suspendu partiellement par le tribunal administratif le 27 février 2023, s'en sont suivi des référés. Des référés libertés portées par les habitants contre la destruction des bidonvilles, rejetés.

- Reprise du dialogue -

Outre Gérald Darmanin, Catherine Colonna et leurs homologues respectifs Mahamoud Fakridine et Dhoihir Dhoulkamal, Houmed Msaidié, ministre de l'Agriculture, de la pêche, de l'environnement, du tourisme et de l'artisanat et porte-parole du Gouvernement de l'Union des Comores, ont assisté à la réunion organisée ce mardi.

Dans leur communiqué commun, les deux gouvernements soulignent qu'ils veulent "coordonner leurs efforts communs pour la sauvegarde des vies humaines en mer et pour la gestion des flux humains entre les îles, y compris par la reprise des liaisons maritimes".

Les deux délégations réaffirment en outre "l'amitié qui lie la France et l'Union des Comores" et expriment "leur souhait d'un développement harmonieux de la région sud-ouest de l'océan Indien". De plus, elles s'engagent "à intensifier" le dialogue entre les deux gouvernements "dans la perspective d'un renforcement de la relation bilatérale et de l'apaisement des tensions".

- Emmanuel Macron reçoit Azali Assoumani -

Lundi soir, c'est le président français Emmanuel Macron qui avait reçu discrètement son homologue comorien Azali Assoumani. Cette rencontre a été confirmée mardi à l'AFP par Hamada Madi, conseiller diplomatique du chef de l'État comorien.

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a lancé une série d'opérations visant à déloger les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus des Comores voisines, des bidonvilles insalubres de Mayotte.

Sur les 350.000 habitants estimés de Mayotte, la moitié ne possède pas la nationalité française. "Wuambushu" est dénoncée comme une opération «brutale», «anti-pauvres» et violant les droits des migrants par nombre d'associations, mais elle est soutenue par les élus et de nombreux habitants de l'archipel, qui dénoncent la hausse de l'insécurité.

A La Réunion aussi, des manifestations en soutien à l'opération ont eu lieu. Ce lundi, plusieurs centaines de personnes se sont réunies dans les jardins de la préfecture pour demander au gouvernement de poursuivre ses efforts.

www.imazpress.com avec l'AFP

 

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