Au nom de la protection de l'environnement

Billets d'avion : Clément Beaune veut une taxe supplémentaire... et tant pis pour les Réunionnais

  • Publié le 23 août 2023 à 17:35
  • Actualisé le 23 août 2023 à 17:36

"Il faut que le billet d'avion soit parfois un peu plus cher pour refléter son coût environnemental." Voilà ce qu'a déclaré Clément Beaune, ministre délégué chargé des transports ce mardi 21 août 2023 sur France Info. Le ministre laissant une porte ouverte à une possible taxe supplémentaire des billets d'avion. Cette taxation se ferait au nom de la protection de l'environnement. Si cette possibilité pourrait figurer dans le budget 2024, qui trinquerait ? Une nouvelle fois les Français, y compris les Ultramarins et donc les Réunionnais. Tant pis pour eux... (Photo : rb/www.imazpress.com)

Le ministre des transports confirme des "discussions" concernant une taxe supplémentaire des billets d'avion. Une mesure qui pourrait figurer dans le budget 2024 qui sera présenté fin septembre et consacré "à la réduction de la dette et de déficit, à une politique d'emploi et de croissance et à la transition écologique", selon le ministre.

Il ajoute, "je suis favorable à l'idée de renforcer l'actuelle "éco-contribution" sur les vols et ce pas pour le principe de faire payer plus mais pour financer des investissements dans la transition écologique".

L'idée étant que ces taxations "soient différenciées en fonction du pouvoir d'achat des passagers et de la distance et donc de l'impact écologique", comparant l'exemple d'"un grand vol international en première classe" à un "petit vol qu'on fait une fois par an pour les vacances pour aller voir la famille pas trop loin".

- Taxer encore et toujours plus les Réunionnais -

Clément Beaune aurait-il omis quelques spécificités, notamment pour les Outre-mer ?

Car taxer ce qu'il appelle les longs vols internationaux, revient à mettre dans le panier les vols (Drom-Hexagone) qui durent environ 11 heures.

Comparer les grands vols au "petit vol pour aller voir sa famille pas trop loin", c'est encore une nouvelle fois oublier les Outre-mer.

Nombreux sont les Réunionnais qui prennent l'avion ou aimeraient le prendre pour aller voir leur famille dans l'Hexagone et vice versa. Ils sont nombreux à ne pas le faire, faute de moyens pour financer des billets déjà très chers.

Lire aussi - Malgré la reprise du tourisme, de nombreux Réunionnais restent sur le carreau

Et pour cause, la continuité territoriale ne peut désormais être attribuée que tous les trois ans. La décision vient du conseil régional qui n'avait pas le choix de faire autrement. L'État se désintéressant, de fait, du sort des Réunionnais en matière de mobilité.

Un récent rapport du sénat a établi que l'aide à la continuité territoriale est de 16 euros par habitant alors qu'en Corse elle est de 257 euros par habitant.

Lire aussi - Le Sénat alerte sur la "discontinuité territoriale" : 257 euros par habitant pour la Corse, 16 euros pour les Outre-mer

Clément Beaune ajoute "il faut que le billet soit parfois un peu plus cher, non pas pour dégrader le pouvoir d'achat, mais pour financer l'investissement notamment dans le ferroviaire et permettre des billets de train moins chers".

Cela est bien beau… mais à quoi cela servirait aux Réunionnais qui eux, n'ont aucune possibilité de prendre le train, sauf à supposer qu'ils prennent l'avion pour le faire...

- "Ce gouvernement affiche sa volonté à taxer les Réunionnais" -

"Une fois de plus, le gouvernement va chercher l'argent là où il y en a le moins, c'est-à-dire sur les citoyens qui payent déjà le billet d'avion très cher," s'insurge le député Frédéric Maillot.

"Et encore plus le qui est souvent contraint de se rendre sur le territoire hexagonal, pour des raisons professionnelles, familiales et malgré les aides de la continuité territoriale, le billet d'avion reste excessivement cher", ajoute le député.

Selon lui, "ce gouvernement affiche de façon délibérée sa volonté à taxer les Réunionnais plus modestes, c'est affligeant", conclut Frédéric Maillot.

"Pour Clément Beaune, le ministre délégué chargé des transports de France, le prix du billet d’avion doit refléter le coût environnemental et participer au financement des trains qui sont une solution plus écologique pour se déplacer. L’idée est intéressante. Mais il est important de rappeler que nous sommes à plus 9.600 km de l’Hexagone", note le député Philippe Naillet.

"Pour un Réunionnais, prendre l'avion n’est pas un luxe, cela relève souvent d’une nécessité : se former, se soigner, revoir sa famille, la soutenir en cas de décès. Pour nous Réunionnais, le sujet est de maintenir un prix du billet d’avion abordable pour tous. Le prix du billet d’avion ne doit pas être non plus un frein pour l’activité touristique, le tourisme étant un secteur porteur pour l’emploi", dit encore l'élu.

D'après la députée Karine Lebon, "chaque année avec ce gouvernement, la rentrée rime avec annonces déplaisantes pour nos concitoyens. Alors que cela fait des mois qu'on nous promet que l'inflation commencera à diminuer, voici maintenant que le gouvernement lui-même décide de manière unilatérale de mettre en place une hausse des prix pour certains produits".

"Car ne soyons pas naïfs, l'éco-contribution versée par les compagnies aériennes sera évidemment répercutée sur le prix final du billet d'avion payé par le voyageur. Lorsque cette éco-contribution a été créée en 2019, on nous avait promis qu'elle ne s'appliquerait pas aux vols à destination des Outre-mer, mais cette promesse n'avait évidemment pas été respectée", ajoute l'élue.

"Le gouvernement dit se rendre compte de l'insupportable coût de la vie dans nos territoires allant même jusqu'à annoncer la création de missions pour comprendre d'où peuvent venir ces prix démesurés. Le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la vie chère en outre-mer présenté le 20 juillet dernier met en avant sur de nombreuses pages les prix excessifs pratiqués par les compagnies aériennes et l'impossibilité de se rendre en Hexagone ou de revenir au pays pour de nombreux Français d'Outre-mer. Le principe de continuité territoriale est donc rompu. Mais malgré toutes ces alertes, la décision qui est prise par le gouvernement va à l'encontre des réalités que vivent nos concitoyens", s'insurge Karine Lebon.

"La hausse de cette taxe est censée permettre le financement du réseau ferroviaire hexagonal ? La belle affaire ! Nous accepterons une telle surtaxe uniquement quand il sera possible de relier Paris et La Réunion en TGV. Nous faire participer encore plus pour à la fin ne pas bénéficier des politiques publiques financées est une aberration et je ne comprends pas comment ce gouvernement peut une nouvelle fois être autant à côté de la plaque", ajoute-t-elle.

Et pourtant, le 17 mai 2023, plusieurs députés avaient interpellé le ministre sur le sujet. Clément Beaune avait répondu "qu'il réunirait les compagnies pour trouver des solutions concrètes". Il avait même ajouté, "la question des prix des billets d'avion est extrêmement sensible et très importante".

Interrogé sur l’opportunité de taxer davantage les billets d’avion ou les sociétés d’autoroute, le coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti) Frédéric Coirier a appelé le gouvernement à éviter tout "raisonnement isolé". "C’est un sujet sur lequel il ne faut pas raisonner uniquement à l’échelle française, mais à l’échelle européenne", a-t-il estimé sur BFM Business.

Pour Jean-Pierre Sauvage, président de BAR (Board of Airlines Representatives) France, "le transport aérien est le coupable idéal". "J’avoue une certaine perplexité à l’écoute de ces propos qui semblent venir en contrepoint de ceux exprimés par Madame Borne, Première Ministre, qui affirmait il n’y a pas si longtemps que la fiscalité n’a pas fait avancer la transition écologique", ajoute-t-il.

Pour le syndicat des Compagnies aériennes autonomes (SCARA), il est important de rappeler quelques points. "le transport aérien finance, sans aucune aide, 100% de ses infrastructures aéroportuaires et de contrôle aérien pour un montant de plus de trois milliards d’euros, finance l’ensemble de la sécurité et de la sûreté en aéroport, missions régaliennes qui devraient être financés par l’État, via la Taxe Sécurité Sûreté (T2S) pour un montant annuel d'un milliard d’euros". De plus, "le transport aérien a su faire sa révolution technologique vers des avions toujours moins bruyants et moins polluants en s’autofinançant, et en finançant l’insonorisation des riverains et compense, dès 2024, 100% de ses émissions de CO2 sur ses vols domestiques en France".

Le SCARA rappelle également que "le transport aérien est taxé pour financer des missions qui ne le concernent pas directement", comme l'agence de santé mondiale UNITAID, l’agence de Financement des Infrastructures de Transport de France.

"En dépit des taxes auxquelles il est soumis, le transport aérien est un moyen de transport beaucoup moins coûteux que le transport ferroviaire qui, malgré des subventions abyssales de l’État, est un moyen de transport onéreux pour les passagers", conclut le syndicat.

- Des prix 7,2% plus chers au départ de La Réunion -

Taxer encore et toujours plus les Français et les Réunionnais, alors que les prix des billets continuent de flamber. D'ailleurs, selon le dernier indice des prix du transport aérien de passagers (IPTAP) dévoilé en juillet et portant sur les tarifs de juin, le prix des billets, augmentent de 7,1 toute destination confondue.

Vers l’Outre-mer en général, la hausse des tarifs est de 12,3 % masquant une situation contrastée notamment entre des hausses les plus importantes vers les Antilles et des baisses vers la Polynésie et Mayotte. 

Au départ de l’ensemble des départements d’Outre-mer, l’augmentation des prix des billets d’avion atteint 11,1 % au mois de juin soit un niveau inférieur à celui observé dans le sens Métropole-Outre-Mer. Cette tendance reste contrastée selon les départements : élevée pour les Antilles (+15,9 % en Guadeloupe et + 16,3 % en Martinique), plus modérée pour Guyane et de La Réunion (respectivement +9,6 % et 7,2 %), en recul pour Mayotte (-2,3 %).

Plusieurs facteurs expliquent l'augmentation du prix du transport aérien. Le prix du pétrole (le carburant représentant un tiers du prix d'un billet) est souvent mis en avant par les compagnies, bien que le prix du baril reflue.

En tout cas, rien n'a encore été dévoilé concernant la mise en place possible de la taxation des billets d'avion. La Réunion sera-t-elle exemptée ? Nous avons posé la question au ministère. Mais pour l'heure… pas de réponse.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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8 Commentaires
Radama974
Radama974
1 an

Arrêtez de pleurer et agissez !!

jlr
jlr
1 an

Et les avions dans tout ça ?

Lutte ouvrière
Lutte ouvrière
1 an

Une taxe aérienne pour financer un train qui n'existe pas ?

Dernière trouvaille du gouvernement : il a décidé de mettre en place une nouvelle taxe sur les billets d'avion, dite « éco-contribution, afin de financer le transport ferroviaire ».
L'écologie a bon dos !
Les compagnies aériennes avaient déjà profité de la crise Covid pour augmenter leurs prix comme jamais. Elles vont en plus répercuter le montant de cette taxe sur le prix de leurs billets d'avion. C'est d'ailleurs ce qu'a déclaré Thomas Juin, le président des aéroports français.
Pas question pour les pollueurs capitalistes d'en être de leur poche. Ce sont les voyageurs qui devront passer à la caisse.
Cette arnaque est déjà scandaleuse en soi, mais elle l'est doublement à La Réunion... car ses habitants n'ont plus de train depuis 1976 !

HULK
HULK
1 an

Arrêtez de culpabiliser les français. 90% de la population du globe s'en fout complètement de la dégradation climatique. Par ailleurs, quand on voit comment certains habitants traitent l'île, il y a de quoi se marrer quant à la responsabilisation des gens. Essayez de faire une remarque à quelqu'un qui laisse uriner son chien dans le lagon au milieu des enfants et vous allez voir la réaction. Alors oui, c'est une catastrophe mais tout le monde s'en fout.

Dom
Dom
1 an

Alors faisons comme si l'urgence climatique n'existait pas. Ne faisons rien.
Consommons en regardant les incendies ( Espagne, Canada, Hawaï..) en regardant les sécheresses, les typhons, les canicules, la montée des eaux....
Continuons.de climatiser les boutiques portes ouvertes, laissons les publicités lumineuses, éclairons les rues la nuit, laissons tourner les.vehicules à l'arrêt.
Quand l'eau manquera, qui pourra s'en procurer?
Quand, à cause de la sécheresse ou.des inondations et des canicules la terre ne nourrira plus les hommes il sera trop tard.
Il est déjà trop tard dans certains coins de notre planète.
Voyons déjà le sud.de Madagascar....
Que fait on? : les.jeux.des îles.

Antipode
Antipode
1 an

1 billet A-R gratuit par personne tous les 8 à 10 ans, c'est le mieux que l'on puisse se permette si on espèce agir pour une planète encore vivable à court-terme d'ici 80 ans ; mais le français-moyen a les pratiques du genre "parce que je le vaux bien " alors "après moi le déluge !".

tijac
tijac
1 an

Bravo ... Ça continu mais comme personnes ne bronche pourquoi il se priverait. De plus les avions sont toujours pleins quel que soit le prix du billet.
Quant à nos élus, qui ne paient pas l'avion, ils ne vont pas aller contre puisque de toutes façons ils se fichent complètement du peuple. Et ils osent s'attaquer au problème des monopoles ? C'est nul ce comportement.

CHABAN
CHABAN
1 an

Oui ça sauvera la planète. Les idéologues en action!!!
Avec certains réunionnais il est Trankil, avion plein