Dispositif d'accueil

Chaque arrivée de migrants sri-lankais met sous pression les services de l'État

  • Publié le 9 février 2023 à 12:44

Ce mercredi 8 février 2023, un nouveau navire sri-lankais, avec à son bord 18 personnes dont trois enfants et cinq femmes, a accosté au port de la Pointe des Galets. Il s’agit du deuxième de l’année. Cette arrivée a mis une nouvelle fois en alerte l’ensemble des services de l'Etat : préfecture, forces de l’ordre, professionnels de santé... Une mobilisation qui à un coût humain. (Photo : rb/www.imazpress.com)

Policiers, gendarmes, douanes, service de santé… Mobiliser autant d’hommes et de femmes pour accueillir ces différents navires ne se prépare pas à la dernière minute.

À chaque arrivée, un même dispositif est mis en place, obligeant les forces de l’ordre notamment, à être en alerte et mobilisables dans les 24 heures. Et ce, qu’ils soient en récupération ou en jour de vacances (hormis congés annuels).

« En cas d’urgence, l’administration mobilise le plus d’effectifs possible », déclare Edwige Guesneux du syndicat Unité SGP Police FO. Cela peut être le cas lorsque les migrants arrivent, mais également en cas de manifestation ou de violences urbaines. « Chaque collègue qui n’est pas en congé peut être rappelé pour être en service », dit-elle.

« Ce sont des activités supplémentaires qui se cumulent dans le temps », note Mickaël Hoareau d’Unsa Police. « Les collègues font preuve de professionnalisme et s’organisent, c’est ça d’ailleurs le point fort de la police, mais quand même... », lance le représentant syndical.

- Une unité dédiée prochainement créée -

Ces mobilisations à répétition, dans une période où la police demande plus d’effectifs, épuisent les troupes. « Si les fonctionnaires doivent garder leurs enfants ou avaient prévus quelque chose cela pose problème. Ils ont pourtant droit à une de vie de famille », souligne Edwige Guesneux.

« On tire sur la corde », clame Mickaël Hoareau de l’Unsa Police. « Certes on est habitué à ce genre de pic d’actualité mais on ne peut pas continuer à travailler comme cela ad vitam aeternam. »

Les syndicats donnent l’alerte. « Il faut un service pérenne dédié à ces accueils», peste Unité SGP Police FO. Le syndicat souhaite également que « soit mise en place une antenne de la Police aux frontières (PAF) sur le port, ainsi qu’un service spécialisé dans ce genre d’interventions pour encadrer l’arrivée des migrants et des étrangers en situation irrégulière ». Du côté de l’Unsa Police, on demande également des moyens supplémentaires.

En plus de l’arrivée des migrants à encadrer, c’est également leur placement en zone d’attente qui mobilise les forces de l’ordre. « S’ils sont une vingtaine à la PAF, les policiers de l’aéroport peuvent les encadrer mais s’ils sont plus il faut engager d’autres effectifs », ajoute Edwige Guesneux.

Une urgence pour les syndicats, qui le savent, « il va y avoir des arrivées régulières de migrants ».

Une demande partiellement entendue puisqu’au mois de mars, « une unité au sein de la PAF va être créée pour traiter toutes les procédures d’obligation de quitter le territoire », annonce Mickaël Hoareau. Une dizaine de personnes seront dédiées à ce service.

- Un dispositif avec quelques couacs -

Dès lors que le navire étranger est repéré, la cellule opérationnelle s’active. « Les embarcations sont guidées en mer par les services de l’action de l’État en mer et la brigade nautique de la gendarmerie », précise les services de la Préfecture. « À terre, les migrants font d’abord l’objet d’un bilan de santé par les pompiers sous la supervision de l’Agence régionale de santé (ARS) qui fait également une inspection sanitaire des embarcations », précisent les services de la Préfecture.

Mobilisée également, la douane « qui assure la visite du navire à quai, la distribution d’eau et de collations et l’accueil des migrants pour les procédures de contrôle aux frontières ».

Par la suite, les migrants sont pris en charge par la police aux frontières pour leur placement en zone d’attente. L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) assure ensuite les entretiens pour statuer sur leur admission à la demande d’asile.

Si le dispositif semble bien huilé, quelques couacs sont à noter. Élodie Auzolles de la Cimade – association habilitée à assister à l’entrée des étrangers sur notre territoire – s’est vu refuser l’entrée à la zone d’attente ce mercredi 8 février au Port Ouest.

“Malgré une habilitation du ministère de l’Intérieur qui m’autorise à entrer en zone d’attente, il m’a été refusé l’entrée au motif que les associations n’étaient pas conviées à être du côté de la zone d’attente. Pourtant nous ne sommes pas qu’une association, nous avons une habilitation particulière qui nous permet d’observer la garantie des droits des personnes et que toutes les procédures soient faites”, déclare Elodie Auzolles.

Un refus fréquent, déplore la Cimade. “Pour des raisons qui m’échappent, parfois on nous autorise à entrer, comme au gymnase de Sainte-Marie”, ajoute-t-elle.

Des refus qui empêchent l’association de s’assurer du bon déroulement des procédures envers les migrants sri-lankais. Et qui l’oblige à entamer des démarches auprès du tribunal pour manquement dans les procédures.

https://www.youtube.com/watch?v=t4kcQ-eAKfk

Une arrivée qui mobilise un important dispositif mais qui, et surtout, déclenche une nouvelle fois une vague d’attaques xénophobes et des invectives en direction de ces hommes et femmes ayant traversé plus de 4.000 km depuis le Sri-Lanka.

Pour rappel, La Réunion, déserte il y a 300 ans, doit son peuplement à des femmes et des hommes arrivés eux aussi par la mer...

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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