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BTP: pas d'accord trouvé entre les acteurs de la filière, la concertation va se poursuivre

  • Publié le 31 mai 2024 à 19:21
  • Actualisé le 31 mai 2024 à 20:42

La réunion entre tous les acteurs de la filière du BTP ce vendredi 31 mai 2024 à la Chambre de commerce et d'industrie n'a pas débouché sur un accord. La concertation va se poursuivre. Une nouvelle réunion est prévue le vendredi 14 juin. L'intersyndicale des salariés maintient la suspension de son mot d'ordre de grève lancé le jeudi 23 mai pour alerter les pouvoirs publics sur la crise profonde secouant le secteur du BTP. (Photo rb/www.imazpress.com)

En début de réunion, le président de la CCI, Pierrick Robert, a déclaré : "la situation est préoccupante et amène à ce que l'on se rencontre de manière urgente et rapide".

"Il n'y a pas de sujet que l'on peut balayer d'un revers de la main." "En 2023, la CCIR avait dit que la situation se dégradait et en 2024 c'est l'année de tous les dangers", ajoute le président.

La Réunion a commencé vers 14h30. Regardez

Pour les syndicats, "il y a quand même des propositions faites après nous on a fait comprendre au préfet que pour la cellule de travail on est preneurs mais on n'est pas encore satisfaits car même si on a identifié des freins il n'y a rien qui dit que cela va se faire", déclare Maximin Hoarau de la CGTR.

Johnny Lagarrigue, porte-parole pour l'intersyndicale le dit : "il y a eu une prise de conscience que dans le BTP il y a un problème mais ce n'est pas suffisant pour ce soir". "La Région et le Département ont apporté des solutions pour traiter les chantiers bloqués mais on attend des bailleurs un redémarrage des chantiers."

Il l'annonce, la grève n'est pas suspendue.

Pour Anthony Lebon de la FRBTP, "c'est loin d'être fini. Le mouvement est suspendu à l'heure actuelle. Mais on est dans une situation d'urgence pour l'emploi et les entreprises". "Ce qui va être décisif c'est si les mesures se font dans un temps court pour passer ce creux d'activité." "Il faut des mesures urgentes et exceptionnelles", abonde-t-il.

"Là on nous a présenté des mesures mais maintenant on attend de voir ce que cela représente en terme de timing, d'emploi."

"La situation reste difficile mais moi je reste positif", déclare Jérôme Filippini, préfet de La Réunion. "Nous avons fait un travail énorme en quelques jours et c'est reconnu."

Toutefois, "j'aurais aimé que l'on soit sur une levée complète du conflit, on ne l'est pas puisqu'il a été souhaité qu'encore sous une quinzaine de jours, on apporte des réponses complémentaires".

"La position qui est de maintenir la pression je la trouve dur alors que l'on a proposé un comité de suivi et de sortie de crise du BTP qui se réuni chaque mois avec les organisations syndicales et employeurs."

"Ce que disent ce soir la FRBTP et les syndicats c'est ce n'est pas suffisant et on veut sous quinze jours des solutions. Moi je ne promets rien", dit-il.

"Il ne faut pas mettre la pression en disant trouvez-moi sous quinze jours des solutions qu'il n'y avait pas avant donc on va s'organiser, travailler et se voir pour signer un protocole d'accord avec un calendrier le 14 juin. Mais tout ne sera pas réglé en quinze jours."

La Région Réunion – lors de cette réunion – a annoncé "faire un pic dans les mois qui viennent des accords cadre", a déclaré Fabrice Hoarau. Des accords cadre qui permettent de raccourcir les délais.

De plus, "une proposition de modification justificative sera votée le 28 juin lors de l'Assemblée plénière pour apporter 41,6 millions d'euros d'investissement dont 27 millions pour les routes, 7 millions pour le bâtiment et le reste pour les bâtiments de la collectivité".

Une somme à ajouter aux 307 millions d'euros d'investissements votés déjà par la Région, hors NRL.

Fabrice Hoarau explique également "on a travaillé sur la mise en place de procédures simplifiées pour les marchés de moins de 100.000 euros et nous avons répertorié 48 opérations pour 3,5 millions d'euros dans la semaine qui viennent".

De son côté, le Département a annoncé débloquer 20 millions d'euros, passant de 104 à 204 commandes publiques. Cela concerne les travaux des routes, des collèges ou encore de l'agriculture.

"Il n'est pas facile de piloter ces dossiers. Nous sommes conscients des difficultés des entreprises", déclare Cyrille Melchior.

À la CCIR, qui a joué un rôle de facilitateur, "il y a eu des avancées quand même parce que les échanges ont été constructifs alors que la période de crise ne date pas d'hier". "

- Une semaine de réunions -

Plusieurs réunions de concertation ont eu lieu tous au long de cette semaine entre les sydicats de salariés, les syndicats patronaux, l'Etat, les bailleurs sociaux, et les collectivités. Il s'agissait de déterminier des pistes pour empécher l'effondrement de ce secteur clé de l'économie locale "désormais à l'agonie" soulignent les syndicats de salariés.

C'est pour alerter les pouvoirs publics et les donneurs d'ordre sur cette situation que l'intersydicale s'était mobilisé le jeudi 23 mai et le vendredi 24 mai.

Soutenus par la FRBTP (syndicat patronal) qui alerte, elle également ,sur la crise agitant le secteur, les syndicalistes avaient distribués des tracts aux automobilsites sur le rond point de la caserne Lambert donannt accès à la sortie et à l'entrée de la NRL

"Depuis début de l'année, nous avons eu au moins 1.000 personnes qui ont été licenciées, qui n'ont plus de boulot. Les entreprises qui ont encore du boulot vont s'arrêter très vite, soit en fin d'année, soit en début d'année prochaine. Nous on n'a plus rien, rien, rien du tout" avait martèlé Raymond Payet, dirigeant de la CGTR BTP.

"Nous attendons un acte d'engagement pour le redémarrage du BTP" avait lancé Johnny Lagarrigue, secrétaire général de la CFDT BTP.

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"L'activité n'est pas au rendez-vous, les emplois ne font que baisser, les patrons sont inquiets", indiquait Anthony Lebon de la FRBTP . "L'urgence c'est un plan de relance, appels d'offres bloqués en termes de financement et en plus il y a la visibilité, ce que l'on n'a pas aujourd'hui, de la compétitivité renforcée' ajoutait-il.

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Le mouvement de grève avait donc été ensuite suspendue dans l'attente de la concertation de ce vendredi.

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- 94 entreprises ont fermé au 4ème trimestre 2023 -

Pour rappel, en 2023, on estime à 7.100 le nombre logements autorisés à la construction à La Réunion. Comparé à 2022, ce chiffre indique une diminution de 9%, selon les données de la Cellule économique du BTP de La Réunion (CERBTP).

Tous les logements mis en chantier sont en baisse que ce soit pour les logements individuels -kaz atèr-, (-9,3%), les logements individuels groupés (-5,1%) et les logements collectifs et en résidences (-11,6%).

Dans le social, au 4ème trimestre 2023, 391 logements sociaux ont été démarrés et 1.002 ont été livrés. Les démarrages de chantier se contractent de 30,8% en un trimestre et chutent de 54,3% en un an. Quant aux livraisons de logement sociaux, elles progressent de 14,6%.

Des logements en baisse, qui découlent d'une baisse d'activité de la filière BTP à La Réunion. "En 2008, avant la fin de la défiscalisation du logement libre, l'activité du BTP était de l'ordre de 2,1 milliards d'euros en 2008" selon la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).

"Avec la NRL, le chiffre d'affaires du BTP était de deux milliards d'euros, désormais il est de 1,2 milliard", explique Pierrick Robert, président de la chambre de commerce et d'industrie.

Conséquence, les entreprises peinent à travailler. Certaines sont obligées de mettre la clé sous la porte et de se séparer de leurs salariés.

À La Réunion, l'effectif salarié de la filière bâtiment est de 19.681 personnes selon les chiffres de la Caisse de congés payés du BTP, arrêtés en mars 2024. Une baisse de 2,2% comparée à mars 2023, alors que l'année passée, le secteur du bâtiment employait en moyenne, 20.170 salariés, selon les données de 2023 enregistrées par la CERBTP.

Ces salariés sont employés par près de 4.200 entreprises.

Selon les données de la CERBTP, 277 de ces sociétés étaient en situation de défaillance en 2023. Une hausse de plus de 61% sur un an. "Une défaillance d'entreprise qui a fortement augmenté depuis 2020, avec une accélération en 2022", précise Pierrick Robert.

Cela étant, la défaillance ne veut pas forcément dire liquidation de l'entreprise. "L'entreprise peut bien être dans une phase de redressement", explique Raymond Vaitilingom, secrétaire général de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb).

Il reste que 94 de ces entreprises en difficultés ont fermé définitivement au 4ème trimestre 2023.

Lire aussi - Peu de chantiers, matériaux chers, entreprises défaillantes, licenciements : le long chemin de croix du BTP

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2 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
4 mois

En gros, le BTP veut que nous financions leurs juteuses activités via nos impôts, par l'intermédiaire du département ou de la région.
Sinon, c'est à leur ami Macron qu'ils doivent s'adresser pour faire baisser les taux bancaires afin de relancer la construction individuelle.

Riri
Riri
4 mois

Peut être si on aurait fait le choix d’achever la NRL en digue, le BTP aurait plus de visibilité.