Manque de matériel, de formation, de place

Contrôles des deux-roues : faux départ pour La Réunion… certains centres ne sont pas prêts

  • Publié le 22 avril 2024 à 13:53
  • Actualisé le 22 avril 2024 à 16:55

Il y a une semaine jour pour jour – le lundi 15 avril – entrait en vigueur le contrôle technique pour les deux-roues. Si l'annonce de cette loi a fait vrombir de colère les motards, en plus de l'évènement, sa mise en place est un véritable casse-tête pour les centres de contrôles techniques, dont certains ne sont tout simplement pas prêts. Pas de matériels, pas de personnels formés. À ce coup de frein s'ajoutent des motards remontés, décidé à boycotter les centres qui décortiqueraient l'état des deux-roues (Photo : rb/www.imazpress.com)

Si les centres Dekra de La Réunion sont fin prêts, tous ne proposeront pas de contrôle technique pour les deux-roues.

Toutefois, "les centres de contrôle technique qui proposent ce contrôle catégorie L (cyclomoteurs, motos, scooters, quads et voitures sans permis) sont prêts", indique la direction de Dekra France, contactée par Imaz Press.

"Les contrôleurs sont formés", nous dit-on. De plus, "la moto peut être manipulée par son propriétaire sur invitation du contrôleur, hors cyclomoteur".

Lire aussi - Le contrôle technique devient obligatoire pour les scooters, motos et voiturettes

- Certains centres ne sont pas prêts -

Si les centres Dekra sont prêts, tous ne le sont pas. Sur le terrain, la réalité n’est pas si simple. Alors que cet examen est devenu obligatoire le 15 avril dernier, de nombreux centres sont obligés de freiner des deux-roues.

Imaz Press a contacté plusieurs centres de contrôle technique pour faire le point sur la mise en œuvre de la mesure polémique. Et certains n'ont même pas enclenché la première.

Pas de matériels, pas de formation ou tout simplement par manque de places, plusieurs raisons expliquent ces difficultés.

Dans un centre du Tampon à Trois-Mares, "oui on va le faire", nous explique l'employé. "Sauf qu'on n'a pas tout le matériel", indique Philippe Muller.

Qui dit nouveaux véhicules, dit nouveaux matériels adaptés. Table élévatrice, bloque roues, crics, miroir pour regarder en-dessous, outil pour maintenir la moto pour éviter qu’elle tombe… Un équipement "à part des voitures" qu’il faut se procurer pour procéder au contrôle en toute sécurité.

"Le système de levage est différent, c'est surtout cela. Quand vous équilibrez une moto ce n'est pas la même chose qu'une voiture", explique le contrôleur, également motard. "Il faut aussi une attache spéciale pour stabiliser les motos, un banc de freinage spécial."

Un matériel que le centre espère récupérer d'ici la semaine prochaine. "Sauf qu'avec les retards de fret, on a du mal à se faire livrer en totalité"."

Les centres doivent s'équiper… mais aussi se former. À Saint-Denis, ce centre technique "n'a pas encore la possibilité de faire les motos". "On a des soucis de matériel, pas de formation pour les employés. Ce sont des demandes spécifiques", nous explique-t-on.

"Mais normalement c'est prévu d'être fait dans le courant de cette année."

Dans cet autre centre du Tampon, c'est la place qui manque. "Le centre est trop petit pour le moment. On n'a qu'une seule piste pour un véhicule. Il faut d'abord que l'on réaménage les locaux avant de faire les motos", précise un salarié.

À Sainte-Suzanne, ce contrôleur a lui fait le choix "de ne pas mettre cela en place de suite".

Une tendance étonnante, alors même que les contrôleurs et les centres de contrôle se préparent à recevoir les motards depuis de nombreux mois.

- 78 nouveaux points de contrôle -

Après dix ans de négociations et depuis le décret du 23 octobre 2023, le contrôle technique moto est donc obligatoire. Dans les faits, même si la grille des prix n’a pas été encore fixée, les tarifs pourraient osciller autour de 50 euros.

Les véhicules concernés sont les deux-roues motorisés de 50 cm³ et plus, les trois-roues, les voitures sans permis, les scooters et les quads. Dans un premier temps, le contrôle sera orienté vers la sécurité : direction, éclairage, pneumatique, suspensions et pollution.

En cas de "défaillance critique" (pneu ou disque de frein excessivement usé, notamment), le véhicule ne sera plus autorisé à circuler à partir de minuit le jour du contrôle. Le contrôle est valable trois ans. En cas de revente du véhicule, un procès-verbal de contrôle technique de moins de six mois doit également être fourni.

Par ailleurs, les motos d'avant 1960 et titulaires d'une carte grise "collection" seront dispensées du contrôle. En revanche, les motos de collection produites après 1960 devront être contrôlées tous les cinq ans.

Les contrevenants propriétaires d'un deux-roues, comme ceux de tous les autres véhicules motorisés soumis au contrôle technique, seront passibles d'une amende d'un montant de 135 euros en cas de non-respect de l'obligation.

- Une mise en place "bâclée" -

Pour Philippe Muller, contrôleur technique et motard, "cette mise en place n'est pas réfléchie du tout, elle a été faite à la va-vite. L'État a lancé le contrôle technique sans donner la moindre technique sur les motos. 

"Le problème c'est que nous, en tant que contrôleurs, on va passer les motos alors que certains n'ont pas forcément les données spécifiques pour", dit-il encore.

De plus, "ce que le contrôleur va faire, le motard le fait déjà."

Toutefois, si Philippe Muller comprend la colère des motards, étant lui-même un féru de Harley Davidson, il ne cautionne pas l'appel au boycott des pilotes de deux-roues.

"Le contrôleur ne le fait pas parce qu'il a envie mais parce que c'est son travail." "Si les motards boycottent peut-être qu'un jour je perdrais mon boulot", lance-t-il.

"Ce ne sont pas les gens qui contrôlent les fautifs mais ceux qui ont mis cela en place", clame le motard. "Il faut s'attaquer à l'État."

Lire aussi - Motos et scooters  : un nouveau contrôle technique contesté

- Les motards appellent à boycotter les centres qui disent "oui" -

Cristallisant les tensions, le contrôle technique des deux-roues est pris pour cible par les motards. La Fédération française des motards en colère (FFMC) a d'ailleurs lancé un site : balancetoncentre.org qui référence les centres réalisant ou non l'examen.

Une carte qui invite les membres de la communauté motards à boycotter ceux qui le proposeraient.

Sur une page Facebook de La Réunion, est également recensée la liste des centres "où ne plus aller pour le CT de ta voiture", est-il écrit.

Les motards face à cela, demandent une alternative. "Le bruit et la pollution sont déjà contrôlés en bord de route. Il faut réfléchir à des solutions alternatives, si le contrôle technique avait la moindre utilité, on l’aurait déjà mis en place nous-mêmes au sein de la FFMC."

Malgré ce léger retard à l'allumage, il n'y a pas d'inquiétude pour les motards souhaitant faire examiner leur(s) machine(s). En effet, tous les usagers ne sont pas concernés par cet examen du contrôle technique pour le moment.

Seuls ceux dont les véhicules ont été immatriculés pour la première fois avant le 1er janvier 2017 sont concernés. Plus précisément, cela concerne ceux dont la date anniversaire est avant le 15 avril.

De plus, les propriétaires de ces véhicules auront jusqu'au 14 août pour réaliser ce CT2RM. De quoi laisser le temps de passer l'examen... ou pas, pour les motards boycottant cette mesure.

Lire aussi - Saint-Denis : les motards en colère disent toujours "non" au contrôle technique obligatoire

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
5 Commentaires
Eric
Eric
6 mois

Et les trotinettes électrique ?
Tu veux contrôler tous les véhicules ben va jusqu'au bout alors
Les routes sont de pire en pire, le CT va améliorer la sécurité routière : ou comment se foutre du monde

Motard
Motard
6 mois

Manipulation par le propriétaire comme ça c'est l'assurance du propriétaire qui marche en cas de sinistre. Les concessions font déjà ces contrôles GRATUITEMENT et c'est leur assurance qui couvre. Les motards doivent payer pour l'inaction des gouvernements successifs depuis le décret européen (3 présidents concernés)

commentaire
commentaire
6 mois

C'est surtout une histoire de fric, le contrôle technique auto ne retire déjà pas les poubelles a 4 roues (ou plus) de la route... Et d'ailleurs si ils le faisaient ils pourraient dire au revoir à leurs clients...

Pierrot974
Pierrot974
6 mois

C'est "vrai" que les centres ne savaient pas que les contrôles des deux roues allait venir... Seul Dekra avait été prévenu ? Foutage de g.... de A à Z de la part des patrons proprios.
Et les vélos*, on les contrôlent quand ? Car j'en connais un paquet qui freinent nettement moins bien que les motos !
(* c'est normal que tous les véhicules soient contrôlés.)

Stean
Stean
6 mois

Juste une question de quelque mois, mais au final c’est normal que tous les véhicules soient contrôlés, surtout en cas de revente.