Le 21 décembre 2022, l’aéroport de La Réunion présentait au public un livre retraçant son histoire, « De Gillot à Roland Garros ». Un ouvrage écrit par le journaliste indépendant Bernard Grollier, passionné d’aviation. (Photo : rb/www.imazpress.com)
« C’était la volonté de l’aéroport Roland Garros de faire cet ouvrage », explique Bernard Grollier. « Le moment était venu de préserver la mémoire et de raconter l’histoire de l’aéroport, à la fois sur le terrain de l’aviation que sur les infrastructures qui se sont développées au fil du temps », dit-il.
Si l’aéroport a fait appel à Bernard Grollier, ce n’est pas pour rien. Depuis qu’il est à La Réunion, le journaliste s’intéresse de près à la desserte aérienne de notre île. « Sur une petite île, c’est le seul moyen de voyager pour les gens et c’est un lieu stratégique pour un certain nombre de produits essentiels comme les médicaments et les produits frais », nous dit-il.
À travers cet ouvrage, on fait un bond dans le passé à la découverte de l’histoire de l’aéroport et du transport aérien. « Cet aéroport est l’infrastructure stratégique pour l’économie et ses habitants », souligne l’auteur.
- Un siècle d’histoire -
C’est en 1929 que l’histoire aéronautique de La Réunion commence. Le premier avion se pose sur l’île, piloté par Marcel Goulette. En 1946, la première piste voit le jour.
En 1951, c’est une aérogare qui est édifiée près de la mer. À l’inverse donc du positionnement que l’on connaît aujourd’hui.
Un aéroport, un lieu de passage qui a vu évoluer le transports aérien. « En 1956, le Constellation d’Air France est le premier à arriver sur la ligne Paris-Madagascar et il n’avait que 48 sièges, aujourd’hui l’avion est dix fois plus gros », souligne Bernard Grollier.
En 1965, l’État confie la gestion de l’aéroport à la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion (CCIR). C’est alors que le trafic se développe. Deux années après, en 1967, le premier Boeing 707 d’Air France se pose. « Le premier avion à réaction, le Boeing 707 arrive », indique l’auteur.
1975, nouvelle étape, l’arrivée de Boeing 747, « des géants ».
L’actuelle aérogare telle qu’on l’a connaît, voit le jour en 1976. L’aéroport étant obligé de s’adapter au développement du flux aérien.
En 1994, une deuxième piste est inaugurée. À l’occasion de son inauguration, l’aérogare est rebaptisée « Aéroport de la Réunion Roland Garros », en hommage à l’aviateur né à La Réunion.
2002, l’aérogare s’étend afin d’accueillir plus de passagers et ouvrir les liaisons à d’autres destinations comme l’Asie.
2009, l’Airbus A380 se pose dans notre île pour un vol d’essai. « On aurait pu connaître une étape supplémentaire si le projet de l’Airbus A380 avait abouti, mais il aurait fallu adapter les infrastructures », ajoute Bernard Grollier.
C’est d’ailleurs en 2019 que l’aéroport obtient l’Airport Carbon Accreditation de niveau 2, attestant d’une réduction des émissions de CO2 au cours des années précédentes.
Désormais, côté avion, « on plafonne un peu en termes de capacité. Je ne pense pas qu’on ira plus loin », dit-il.
- L'enjeu des années à venir, la décarbonation -
Si la capacité des avions ne devrait pas être revue à la hausse pour les années qui viennent, une grande étape s’ouvre à l’aéroport Roland-Garros, celle de la décarbonation. En pleine actualité énergétique et face au réchauffement climatique, « il faut contribuer à la diminution des gaz à effet de serre ». « Les constructeurs d’avions, les compagnies et l’aéroport mettent tout en œuvre pour réduire leur impact environnemental », note l’auteur.
Le principal exemple à La Réunion, l’aérogare bioclimatique en cours de construction. « Une aérogare qui ne sera pas climatisée ou très peu et ventilée naturellement pour réduire la consommation d’électricité, tout en garantissant le confort des passagers. »
Désormais, l’aéroport Roland-Garros, principale porte d’entrée et de sortie de l’île, souhaite anticiper la croissance du trafic aérien. D’ici 2025, la fréquentation pourrait passer à 3 millions de passagers.
Il grandit et se modernise pour faire de ce lien entre La Réunion et le reste du monde, un lieu de départs et de grandes retrouvailles.
- Retracer l'histoire, un travail de dur labeur -
Pour écrire cet ouvrage à l’histoire riche, Bernard Grollier a dû mettre son nez dans les archives de La Réunion, à la recherche d’images du tan lontan. Un travail de longue haleine qui n’a pas été de tout repos pour le journaliste.
« Paradoxalement, ce n’est pas la période la plus ancienne qui m’a donné le plus de mal », dit-il. « En 1929, le premier avion est arrivé à La Réunion, son histoire et ses souvenirs ont été préservés. »
« Là où ça a été plus complexe, c’est sur l’histoire de la création de l’aéroclub Roland-Garros en 1933 », indique Bernard Grollier. Une date importante pour l’aviation. « C’est le début de l’aviation locale. »
Mais après, « même si je connaissais les grandes lignes, pour la période entre 1945 et 1970 j’ai dû mener de longues recherches pour trouver des photos ». En commençant par les archives départementales de La Réunion, puis en passant par la Chambre de commerce qui a repris la main sur l’aéroport en 1965.
Au cœur de l’histoire de l’aéroport Roland-Garros, il y a des avions, mais aussi des hommes et des femmes. Tel que le tout premier directeur. « Il a vu le trafic et le nombre de passagers se multiplier », déclare Bernard Grollier.
Il évoque tout de même Gérard Éthève, ancien patron d’Air Austral, « la mémoire des lieus et PDG jusqu’en 2012 ». « Il a été l’une des personnes majeures de l’aéroport pendant toutes ces années », dit-il.
Lors de l’écriture de ce livre, pas ou peu de choses ont surpris l’auteur, déjà très au fait de l’histoire aérienne de La Réunion. « La seule chose qui m’a marqué, c’est l’extrême pauvreté dans laquelle vivait La Réunion après la guerre », dit-il. « Il y avait très peu de moyens, l’aéroport venait de naître. » Mais si peu de moyens « que les pilotes menaçaient de ne plus se poser à La Réunion tellement l’herbe repoussait sur la piste ». « L’aérogare était une case en paille, quelque chose qui tenait plus du bidonville où les gens patientaient dans des installations de fortune », ajoute Bernard Grollier. Cela, « parce qu’il n’y avait pas d’argent ».
Mais dans les années 1960 tout cela a changé avec le développement économique de l’île.
« La Réunion est très attachée à cet aéroport, beaucoup de monde est passé par là », conclut l’auteur. Un attachement que l’on ne peut que constater lorsque l’on se rend à Gillot, voir les avions aller et venir.
Un aéroport qui fait partie intégrante de l’histoire de La Réunion.
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